Aujourd’hui27 événements

Parvana, Une Enfance en Afghanistan : Un film d’animation qui aborde le fondamentalisme religieux à travers le regard d’une petite fille

Coup de cœur cette semaine dans l’Actu Ciné de Lille La Nuit pour Parvana, Une Enfance en Afghanistan de Nora Twomey ! Ce film d’animation produit par Angelina Jolie retrace le combat d’une petite fille pour gagner sa liberté. Adapté d’un roman de Deborah Ellis, Parvana est une fable réaliste qui aborde l’intolérance, le fondamentalisme religieux, la condition de la femme, en s’adressant à tous les publics. Nommé aux Oscars, le film a reçu à la fois les Prix du Public et de la Critique (chose rare !) au Festival du Film d’Animation de Annecy. Critique de Parvana par Lille La Nuit.

Parvana, Une Enfance en Afghanistan de Nora Twomey : Golshifteh Farahani prête sa voix à Parvana.

Critique de Parvana, Une Enfance en Afghanistan

Avec Parvana, Une Enfance en Afghanistan, Nora Twomey signe son premier long-métrage d’animation en solo. Elle avait notamment coréalisé Brendan et le Secret de Kells (2009) et Le Chant de la Mer (2014).

Parvana, Une Enfance en Afghanistan de Nora Twomey : le fondamentalisme religieux dans un film d'animation.

Avec Parvana, la réalisatrice s’attaque à un sacré défi : traiter par le biais de l’animation de sujets graves : sociaux, religieux, politiques. Il est déjà difficile d’aborder dans une fiction classique en prises de vues réelles des thèmes comme l’enfance meurtrie, l’intolérance, le fanatisme religieux, l’intégrisme, … Alors imaginez dans un film d’animation, qui s’adresse à tous publics !

Une adaptation du livre de Deborah Ellis

Pour cela, Nora Twomey adapte le livre de Deborah Ellis. Bien sûr, le spectre du cinéma d’animation est large, ne se résume pas aux films de pur divertissement. On a vu des films d’animations japonais d’une grande force dramatique (Le Tombeau des Lucioles). On se souvient aussi de deux films autobiographiques : Valse avec Bachir (2009) de l’israélien Ari Folman et Persepolis (2007) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, auquel Parvana fait un peu penser.

On retrouve dans Parvana des thématiques similaires à Persepolis. Le souci de raconter avec émotion et  pas mal d'humour, le quotidien d’une petite fille confrontée à évènements tragiques.

Parvana, Une Enfance en Afghanistan de Nora Twomey : une esthétique d'une grande beauté.

Un conte sur la population afghane basé sur des faits avérés

La comparaison s’arrête ici tant Parvana possède sa propre identité. L’esthétique est très différente et d’une grande beauté. Si Persepolis proposait de superbes tons monochromes, Parvana éclate de couleurs chaudes, propose un graphisme chaleureux, une animation toute en délicatesse. On a l’impression que Nora Twomey nous dévoile un conte. Sauf que tout ce qu’elle raconte est basé sur des faits avérés.

Parvana n’élude pas la violence que font subir les talibans sur la population afghane, mais le fait sans jamais prendre en otage, choquer le spectateur. Par ailleurs, le film refuse toute forme de schématisme. Il n’y a pas d’un côté le « Bien » (les femmes) et de l’autre, le « Mal » (les hommes). On découvre des afghans lettrés, ouverts, refusant l’oppression que font subir à la population des talibans souhaitant imposer leur « dieu ».

Parvana, Une Enfance en Afghanistan de Nora Twomey : en refusant toute forme de manichéisme, le film atteint une dimension universelle.

Par ailleurs, le film ne stigmatise en aucune façon la religion musulmane. Il s'attaque bien à l'extrémisme religieux. Si Parvana évoque une situation précise, il atteint une dimension universelle. Après tout, le fondamentalisme religieux est une folie qui sévit absolument partout. Souvenez-vous de ce Bouddhisme violent présent en Birmanie et qu’évoque Barbet Schroeder dans son remarquable documentaire Le Vénérable W.

Le personnage de Parvana

Autre qualité du film : le personnage de Parvana, à laquelle Golshifteh Farahani prête sa voix ! Voilà une petite fille comme on en voit trop rarement au cinéma : courageuse, intelligente, maline, agaçante parfois. Crédible !

Parvana, Une Enfance en Afghanistan de Nora Twomey : dans un pays où les droits des femmes sont bafoués, Parvana doit se déguiser en petit garçon.

La caractérisation du personnage est remarquable. Durant un peu plus de 1h30, on vit avec cette petite fille. Elle n’a pas des rêves de Princesse. Elle veut pour son peuple la liberté qu'il est en droit de revendiquer. Parvana, Une Enfance en Afghanistan est un modèle de cinéma d’animation. Les enfants adoreront. Les adultes tout autant.

Synopsis : En Afghanistan, sous le régime taliban, Parvana, onze ans, grandit à Kaboul ravagée par la guerre. Elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, lecteur et écrivain public. Mais un jour, il est arrêté et la vie de Parvana bascule à jamais. Car sans être accompagnée d’un homme, on ne peut plus travailler, ramener de l'argent ni même acheter de la nourriture. Parvana décide alors de se couper les cheveux et de se travestir en garçon afin de venir en aide à sa famille. Risquant à tout moment d'être démasquée, elle reste déterminée à trouver un moyen de sauver son père. Parvana est un conte merveilleux sur l'émancipation des femmes et l'imagination face à l'oppression.

Parvana, Une Enfance en Afghanistan de Nora Twomey
Avec les voix de Golshifteh Farahani, Soma Bhatia, Ali Kazmi, Laara Sadiq, Ali Rizvi Badshah

Durée : 1h33
Sortie le 27 juin 2018

Affiche, photos et film-annonce © Le Pacte

Revenir aux Actus
À lire aussi
231 queries in 0,200 seconds.