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Poelvoorde, Merad et Testot affrontent « Le Grand Méchant Loup » !

Synopsis : Il était une fois trois frères qui vivaient heureux. Du moins le pensaient-ils. Un jour leur maman eut un accident. Alors Henri, Philippe et Louis se mirent à se questionner sur le sens de leur vie. Une grande vague de doutes pour ces quarantenaires versaillais sans histoires, qui suffit à leur faire entrouvrir la porte à l’inédit, à l’interdit, à l’Aventure... au Grand Méchant Loup ! De maison de paille en maison de bois, le loup aussi sexy soit-il délogera-t-il nos 3 frères ? Et l’hôtel particulier en pierre-de-taille de l’aîné, est-il vraiment si solide ? Et si au bout du compte la vie d’adulte n’était pas complètement un conte pour enfant ?

© Mars Distribution

Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas. A Lille La Nuit, pour notre critique ciné précédente, le choix s’est porté sur « World War Z » plutôt que sur « Les Reines du Ring », que nous aurions eu beaucoup de mal à défendre tant le film s’avère décevant.

A vrai dire, elle souffre depuis un petit bout de temps, la comédie française. Combien de consternants « Les Seigneurs », « Stars 80 », « L’Amour dure trois ans», « Boule et Bill », … pour quelques « Gamins », « 12 ans d’Âge » ou « Amitiés Sincères » réussis ? Il y a parfois de quoi désespérer d’un genre qui a pourtant fait les belles heures du cinéma français.

Cela dit, il arrive qu’un petit miracle ait lieu. Et le petit miracle du moment s’intitule « Le Grand Méchant Loup ». En général, votre serviteur fait tout pour échapper aux bandes-annonces. Elles sont tellement ennuyeuses, prévisibles, formatées. C’en est exaspérant. Alors, on les évite comme la peste et les dix plaies d’Egypte réunies.

Mais parfois, c’est juste impossible. Et c’est comme ça, qu’en allant au cinéma, on tombe sur la bande annonce du dernier film de Nicolas (Charlet) et Bruno (Lavaine). Alors on se dit que tout ça a l’air bien sympa mais qu’on assiste une nouvelle fois à une bande-annonce qui montre le meilleur du film. Grave erreur !

© Mars Distribution

Il y a une quinzaine de jours, lors d’une visions-presse matinale, une poignée de critiques découvrent « Le Grand Méchant Loup ». On n’attend rien du film. Mais on se dit que ça ne peut pas être pire qu’autre chose…
Le générique commence et dès les premières minutes du métrage, on sait que c’est gagné !

Assez librement inspiré du film québécois de Patrick Huard, « Les Trois Petits Cochons », « Le Grand Méchant Loup » est drôle, original, émouvant. Le film est porté par la belle interprétation d’un Benoit Poelvoorde survolté mais dirigé, d’un Kad Merad d’une grande justesse (son meilleur rôle ?), d’un Fred Testot sensible et enfin convaincant au cinéma.

Et nous avons autant de compliments à faire aux actrices du film : Valérie Donzelli, Charlotte Le Bon, Zabou Breitman, Marie-Christine Barrault, Cristiana Reali, Léa Drucker, Linh Dan Pham. Elles sont toutes épatantes de finesse, d’humour, troublantes aussi, face à ces trois loustics en proie au « redoutable » démon de midi.

© Mars Distribution

A vrai dire, il ne pouvait en être autrement. Nicolas et Bruno ont tricoté un beau scénario sur l’adultère, aussi précis et rigoureux que de l’horlogerie suisse. Il y a un sacré bail qu’on n’avait vue une telle maitrise dans l’écriture d’une comédie française.

Le récit, sous influence des contes de notre enfance, nous fait découvrir l’histoire des trois protagonistes principaux en voix off (très bien fichues, les voix off).
On se dit que Nicolas et Bruno ont bossé leur scénario comme des malades tant le film est maîtrisé (vérification faîte, Ils ont lu et relu « Psychanalyse des contes de Fées » de Bruno Bettelheim).

« Le Grand Méchant Loup » est très drôle, c’est vrai. Mais il y a LE petit plus qui fait toute la différence : notre époque y est finement « sentie ». Le film pose les bonnes questions. Comment se « contenter » des femmes (merveilleuses) qu’on a à la maison, dans une société qui considère de plus en plus l’être humain comme une marchandise ? Comment résister aux appels de superbes sirènes dans une époque qui pousse à la consommation ? Qu’est-ce qu’être adulte ? Peut-on aimer deux femmes à la fois ? Qu’est-ce qu’être un homme en 2013 ?

En voyant « Le Grand Méchant Loup », on ne peut s’empêcher de penser à une version moderne de certaines comédies cultes écrites par Yves Robert et Jean-Loup Dabadie dans les années 70.
Des films comme « Un Éléphant, ça Trompe Énormément » et sa suite « Nous Irons Tous au Paradis » sont clairement revendiqués comme références par Nicolas et Bruno (influences également citées par François Prévôt-Leygonie et Stéphan Archinard dans le très réussi « Amitiés Sincères »). Ces gens-là ont bon goût.

Ce qui étonne aussi dans « Le Grand Méchant Loup », c’est l’excellente qualité de la mise en scène et de la photographie.
On a un peu trop tendance en France à se contenter d’un bon scénario de comédie et d’excellents comédiens. La forme est souvent sacrifiée. « 12 Ans d’Âge », toujours à l’affiche et que nous aimons à Lille La Nuit, ne déroge pas à la règle. Le film est bon. Mais la mise en scène est un peu trop lisse, trop sage (il s’agit sans doute aussi d’une question de budget).

© Mars Distribution

Dans « Le Grand Méchant Loup » (qui bénéficie tout de même d’un budget confortable de 10,4 millions d’euros), Nicolas et Bruno n’ont pas oublié de faire du « cinéma ». Chouette réalisation, superbe lumière (toutes les scènes se déroulant au Château de Versailles sont magnifiquement éclairées), beaux décors, utilisation du format Scope, montage chiadé. On est heureux de voir des réalisateurs français traiter la comédie avec autant de respect. Ces dernières années, pour voir des films du genre soignés d’un point de vue esthétique, il fallait se contenter de productions américaines (chez Appatow, les Peter et Bobby Farrelly, Ben Stiller, Will Ferrell et même, Adam Sandler).

Avec « Le Grand Méchant Loup », la France tient enfin sa revanche !
Nicolas et Bruno, auteur des désopilants « Messages à Caractère Informatif » et d’un premier film assez désarçonnant, « La Personne aux Deux Personnes » (avec Chabat et Auteuil), ont le sens du rythme, des dialogues, du détail qui « tue ».

Voilà de bons auteurs de comédies populaires ! Allez faire un petit tour dans les salles obscures : leur « Grand Méchant Loup » n’attend plus que vous !

Affiche et film-annonce © Mars Distribution

Les autres sorties de la semaine.

Le programme de Plan-Séquence au Majestic de Lille.

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