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« Répulsion » : Le thriller horrifique de Polanski avec Deneuve ressort en salles

Cette semaine trois films de jeunesse du cinéaste Roman Polanski ressortent en salles : Le couteau dans l’eau, Répulsion et Cul-de-sac. A l’occasion de ces reprises du cinéaste de Rosemary’s Baby, Le Bal des Vampires, Chinatown ou encore Le Pianiste, Lille La Nuit se penche sur Répulsion : thriller horrifique que le cinéaste - à la double nationalité franco-polonaise - signe au Royaume-Uni en 1965. Incarné par une Catherine Deneuve impressionnante, Répulsion n’a pas pris une ride. Retour sur un classique qui marqua de nombreux spectateurs.

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Répulsion de Roman Polanski : étude clinique et effrayante, d’une jeune femme névrosée.

Critique : Après un premier long-métrage remarqué, qu’il réalise en Pologne - Le couteau dans l’eau - (Oscar du meilleur film étranger en 1964), le jeune Roman Polanski, rescapé du terrible ghetto de Cracovie et élève brillant de la fameuse école de cinéma de Łódź, réalise au Royaume-Uni son second long-métrage : Répulsion.

Âgé seulement de trente-deux ans, Polanski est considéré comme un prodige. Il a cumulé les récompenses avec son premier long et a déjà signé pas moins de onze courts-métrages.

En quittant la Pologne, il inaugure une longue série de succès et chefs-d’œuvre qui lui vaudront une reconnaissance internationale et feront de lui l’un des plus célèbres cinéastes au monde.

Il est vrai que ces dernières années on parle davantage de Polanski pour ses déboires avec la justice (sur lesquels nous ne revenons pas puisque tout le monde les connaît).

En 1965, Roman Polanski réalise avec Répulsion : étude clinique, effrayante, d’une jeune femme névrosée, dont le parcours va la mener jusqu’à la folie et au meurtre.

En racontant Répulsion de cette façon, on peut se dire que tout le film a été dévoilé. C’est à la fois complètement vrai et totalement faux. Car l’intérêt du film n’est pas l’histoire que Polanski raconte (bien que son script soit passionnant) mais la façon dont il va le faire.

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Répulsion de Roman Polanski : Habitée, Deneuve passe tour à tour de la femme enfant à la Femme Fatale du film noir, en passant par la prédatrice de nombreux films d’épouvante.

Coscénarisé avec son complice Gérard Brach, Répulsion est un film qui fait monter l’angoisse en crescendo. Le film pourrait n’être que l’étude d’un cas pathologique. Il est bien davantage. A l’image de Hitchcock, c’est la mise en scène de Polanski qui fait sens. L’important ce sont les impressions, les émotions, la tension que fait naître le cinéaste chez les spectateurs.

Ainsi, il va suivre au plus près le quotidien de Nicol, jeune belge expatriée à Londres pour y exercer le métier de manucure. La caméra est souvent à l’épaule façon documentaire et suit au plus près Catherine Deneuve - Remarquable ! Carol est l’un de ses plus grands rôles -. Elle est timidement maladive, introvertie, repousse les hommes qui la courtisent. Elle en a peur.

Les personnages masculins, pour la plupart, sont loin d’être exemplaires. On peut considérer qu’ils voient avant tout Carol comme une proie sexuelle. Ce qui ne peut qu’interroger aujourd’hui (forcément) quand on connaît le passé de Roman Polanski et ses histoires de mœurs.

Le noir et blanc apporte au film un aspect mortifère qui contribue à piéger le spectateur dans l’univers mental de la jeune femme.

On a rarement vu cinéaste maîtriser à ce point les huis-clos. Polanski est LE cinéaste de l’enfermement. Bien sûr, il y en a d’autres. Mais l’auteur de The Ghost Writer n’a pas son pareil pour faire naître la terreur d’un détail incongru (une dent dissimulée dans le mur de l’appartement du Locataire), d’un mouvement de caméra, d’une image déformée grâce à un objectif judicieusement choisi. A plusieurs reprises on pense à Hitchcock bien sûr, mais aussi à Clouzot (pour les scènes de salle de bain qui renvoient aux Diaboliques - 1955 -) et même Cocteau (les bras sortant des murs. Une allusion à La Belle et la Bête - 1946 -).

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Répulsion de Roman Polanski : ces bras qui sortent des murs évoquent La Belle et la Bête de Jean Cocteau.

Les scènes où Carol bascule dans la folie sont d’une grande précision dans la mise en scène. La plupart se déroulent dans l’appartement de la sœur de Carol. Et Polanski y va à fond pour nous faire basculer avec son héroïne. Changement de focales, angles de caméras originaux, travail sur le design sonore, les décors… Mais aussi direction très précise qui permet à Catherine Deneuve de se « lâcher », s’abandonner à son metteur en scène. Habitée, la comédienne passe tour à tour de la femme enfant à la Femme Fatale du film noir, en passant par la prédatrice de nombreux films d’horreur et d’épouvante. Les archétypes féminins sont déclinés sans pour autant (tour de force) que le regard de Polanski sur Carol paraisse misogyne.

Nous sommes constamment en empathie avec le personnage de Carol. Peu importe qu’elle soit une meurtrière. Notre cœur bat pour elle. Polanski clôt d’ailleurs Répulsion par une fin cocasse et réjouissante que nous ne dévoilerons pas.

Répulsion inaugure une série de films de Polanski qu’on appelle communément la trilogie des appartements diaboliques. Dans Répulsion, Rosemary’s Baby (1968), et le méconnu (et pourtant incontournable) Le Locataire (1976) - que Polanski incarne lui-même - les protagonistes plongent dans une folie sans issue, ni retour. Les décors d’appartement offrent à Polanski la possibilité d’immerger le spectateur dans des huis-clos étouffants. La frontière entre la folie et l’intervention de puissances maléfiques est souvent floue.

On ne peut d’ailleurs regarder ces œuvres de manière neutre lorsqu’on sait que Sharon Tate (femme du cinéaste), enceinte de huit mois, fut assassinée à leur domicile de Los Angeles le 20 janvier 1968 par des fanatiques du gourou Charles Manson.

Répulsion est dans les salles dès cette semaine. Ne ratez pas cette pierre angulaire de l'une des filmographies parmi les plus passionnantes de l’Histoire du cinéma.

Répulsion est présenté en version originale sous-titrée en français.
Synopsis : Carol travaille et vit à Londres avec sa sœur Helen. Carol, introvertie, éprouve des problèmes relationnels avec les hommes. Elle repousse Colin, qui la courtise et n’apprécie pas Michael, l’amant de sa sœur. Quand celle-ci part avec Michael, Carol s’isole et sombre progressivement dans la névrose et la schizophrénie…

Répulsion de Roman POLANSKI
Scénario : Roman POLANSKI et Gérard BRACH
Avec : Catherine DENEUVE, Yvonne FURNEAUX, Ian HENDRY et John FRASER
Musique : Chico HAMILTON
Directeur de la photographie : Gilbert TAYLOR
Producteur : Gene GUTOWSKI
Drame | Royaume-Uni | 1965 | 105mn | N&B | 1.66

Interdit aux moins de 16 ans

Reprise de Le couteau dans l’eau (1962) et Cul-de sac (1966) le 24 mai également

Affiche, photos, film-annonce © Carlotta - Tous droits réservés

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