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Savages de Oliver Stone

Savages de Oliver Stone

Oliver Stone est vraiment un cas à part dans le cinéma américain. Voilà, en effet, un type qui a un parcours quelque peu atypique. Stone s’engage volontairement pour le Vietnam. Il en revient bardé de décorations, avant de faire des études de cinéma. On connaît la suite : le bonhomme devient un scénariste réputé, très demandé à Hollywood (les scripts de « Midnight Express » de Alan Parker, « Conan le Barbare » de John Milius, du « Scarface » de Brian De Palma ou encore de « L’Année du Dragon » de Michael Cimino, c’est lui) avant de passer à la mise en scène avec quelques films rentrés aujourd’hui dans la légende du cinéma américain (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, d’ailleurs) et dont certains firent vraiment polémique.
Jugez plutôt : « Salvador », « Platoon » (quatre Oscar tout de même), « Wall Street », « Talk Radio », « Né un 4 Juillet », « JFK », « Tueurs Nés », « L’Enfer du Dimanche », … pour ne citer que quelques titres.

Mais il semble que depuis le début des années 2000, Oliver Stone ait perdu beaucoup de sa verve, qu’il ne cherche plus qu’à choquer le bourgeois (et encore qui peut se sentir provoqué par un film aussi ridicule que « W. » ?). Il tourne en rond et rate régulièrement ses films. Le pompon fut atteint par le pathétique « Wall Street 2 ». On rêvait d’une suite subversive sur les milieux de la finance à l’heure des subprimes. On eut droit à « Wall Street chez les Schtroumpfs ». Bref, Oliver Stone, l’ancien agent provocateur, le poil à gratter de la bonne conscience américaine s’est-il embourgeoisé ? Est-il tout simplement devenu un très mauvais cinéaste ?

Il semble aujourd’hui, qu’avec la sortie de « Savages », on puisse encore nourrir quelques espoirs au sujet d’Oliver Stone.
« Savages », adapté d’un roman de Don Winslow, retrace l’odyssée (de la Californie au Mexique) de deux jeunes cultivateurs de marijuana pour délivrer «O», leur petite amie (hé oui, un couple à trois !) des griffes d’un puissant cartel de la drogue mené par la terrifiante mais néanmoins sexy Elena.

Et c’est parti pour 2h10 d’une bonne série noire qui utilise les vieux codes du genre (voix off, violence graphique, etc…, etc… ) avec délectation. Et ce, pour le plus grand plaisir du spectateur. « Savages » est donc une bonne surprise d’autant plus que, Oliver Stone, a décidé de mettre la pédale douce sur les effets de mise en scène clinquants et putassiers à la « Tueurs Nés ». Non, ici, il met en scène de manière plutôt classique (c’est un compliment), prend son temps pour mener son récit, fait monter progressivement la tension, crescendo, avant de terminer par une belle explosion de violence très cinématographique. Bref, Stone est en forme. Il s’amuse, ne se moque pas du spectateur et lui en donne pour son argent. Comme beaucoup de petits maitres de la série B américaine auxquels il semble rendre hommage (on pense à Don Siegel, notamment).

Mais la grande idée de « Savages » c’est son casting ! Outre de jeunes acteurs très prometteurs (Taylor Kitsch, Aaron Johnson, Blake Lively), Oliver Stone a convoqué de vraies stars pour incarner de beaux seconds rôles, des personnages qui semblent empruntés au cinéma de Sam Peckinpah. John Travolta rappelle ici qu’il est un excellent acteur (on semblait l’oublier), Benicio Del Toro est malsain à souhait et Salma Hayek, épatante dans son rôle de Baronne de la drogue, vous donnerait presque envie d’aller vous faire volontairement séquestrer. Les garçons me comprendront.
Si on ajoute à cela une belle photographie de Daniel Mindo (qui a travaillé avec le regretté Tony Scott) et un montage éblouissant de Joe Hutshing (« JFK »), vous comprendrez que « Savages » est un film plus que recommandable.
« Savages » nous rappelle donc au bon souvenir d’un cinéma de divertissement populaire, carré et efficace. Un cinéma du samedi soir. Cela ne fait peut-être pas tout à fait les chefs-d’œuvre. Mais de bons films. Alors, pourquoi bouder son plaisir ?

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