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Sorties du 25 avril : Très bien, merci

Sorties du  25 avril : Très bien, merci

Bonne surprise cette semaine avec le 2eme long métrage d'Emmanuelle Cuau, "Très bien, merci", qui nous parle de nôtre société.

Très bien, merci
Réalisé par Emmanuelle Cuau
Avec Gilbert Melki, Sandrine Kiberlain, Olivier Cruveiller

Alex, comptable, et Béatrice, chauffeur de taxi, forment un couple sans histoires. Mais un soir, Alex se mêle au travail de la police lors d'un contrôle d'identité. Un engrenage implacable et absurde se met alors en marche : il se retrouve au poste, au chômage, et en clinique psychiatrique. Sauf que les fous, ici, ne sont pas ceux qu'on croit...

Avec « Très bien, merci », Emmanuelle Cuau a peut-être trouvé le chaînon manquant entre « 1984 » et notre société actuelle. Son intrigue fait peur, très peur même, non par sa démesure mais au contraire par son aspect si réaliste, simple, évident qui rend cette absurdité Kafkaïenne si crédible. Car Alex, enfermé en cellule puis en hôpital psychiatrique, n’est pas sans rappeler le Joseph K. du « Procès » qui cherche à comprendre de quoi on l’accuse. On retrouve l’aspect buté de l’administration, son impossibilité d’adapter un schéma trop général pour l’appliquer à l’individu : « Si votre mari est à l’hôpital, c’est qu’il a besoin de soin. Il n’a pas atterri ici par hasard ». Le personnage de Béatrice sert alors de bouée pour nous raccrocher à la réalité. Sa présence, ses questions, son incrédulité nous prouve que ce à quoi nous assistons est bien absurde mais réel.

La part de rébellion que l’on a tous en nous est mise à nu pendant le film. On se retrouve, impuissant, face à un pouvoir qui nous impose des règles absurdes, que l’on refuse. Cette impuissance crée un sentiment de frustration et d’enfermement, concrétisé par la cellule du poste ou l’hôpital. La colère survient ensuite, et l’on s’identifie facilement à l’obstination d’Alex à faire valoir ses droits, sujet important du film. Le droit de chaque citoyen de vivre libre et par exemple d’assister s’il le désir à un contrôle de papier, et celui de la police d’arrêter ces citoyens de façon arbitraire, selon leur appréciation.

Le film s’inscrit clairement dans l’actualité avec l’augmentation du nombre de policiers dans les rues et des contrôles d’identité. Les ombres de Chirac et Sarkozi semblent d’ailleurs planer sur le récit même s’ils ne sont jamais évoqués. Emmanuelle Cuau nous montre la France qui fait peur mais sans utiliser le conditionnel. Nous ne sommes pas ici dans l’anticipation de Georges Orwell ou l’imagination de Kafka, mais dans une réalité tout aussi inquiétante.

Gilbert Melki et Sandrine Kiberlain incarnent parfaitement ce couple classique, monsieur et madame tout le monde, rappelant la performance de Vincent Lindon dans La moustache où le coté ordinaire donne toute sa force au film et permet une grande identification aux personnages. Ils rendent leurs personnages humains, parfois drôles malgré eux, nous réservant quelques scènes pleines d’humour tel que la répétition en anglais de l’entretient d’embauche.

Emmanuelle Cuau dit à propos d’Alex et de la police : « Quand chacun est dans son droit, que se passe-t-il ? Je n’ai pas de réponse, mais je trouve la question très inquiétante ». Le film nous poursuit longtemps après être sorti de la salle, et la question reste en suspend.


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