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sorties du 9 mai : Lucky You

Lucky You
Réalisé par Curtis Hanson
Avec Eric Bana, Drew Barrymore, Robert Duvall
Durée : 2h02


Dans les salons de Las Vegas où s'affrontent les meilleurs joueurs de poker du monde, Huck Cheever est connu comme un risque-tout. Mais, dans sa vie privée, ce flambeur acharné est un homme d'une prudence extrême, qui refuse tout investissement émotionnel, toute relation durable.
Lorsque Huck se présente au Tournoi International de Poker 2003, avec la ferme intention de remporter le titre en même temps que les faveurs de la chanteuse Billie Offer, un obstacle inattendu se dresse sur sa route : son père, L.C. Cheever, joueur légendaire, qui abandonna jadis la mère de Huck. Une lutte sans merci, attisée par des années de ressentiment, oppose d'emblée les deux hommes pour la conquête du titre. A l'approche du duel final, Huck comprend que, pour rafler la mise à la table de poker et au jeu de la vie, il va devoir changer de tactique...

Cette comédie romantique sur fond de poker se compose de trois éléments principaux, plus ou moins bien liés : Le poker, une relation amoureuse et une relation père-fils. Seul le premier se démarque du lot, même si le reste n’est pas dénué de qualités.
Lucky You joue sur la dichotomie entre le monde du Poker et celui de la vie sociale. Huck (interprété par Eric Bana) est un flambeur au Poker mais très réservé dans sa vie privée. Les deux mondes ne sont pas forcément très conciliables, les qualités d’un bon joueur de Poker n’étant pas trop recommandées pour une relation personnelle : bluff, tromperie, individualisme contre honnêteté, confiance, empathie.
Avec 8 Mile, Curtis Hanson nous avait plongés dans le monde du rap et des duels tout en développant des personnages profonds et captivants au sein d’une intrigue humaine des plus intéressante. Pour Lucky you, le mélange ne fonctionne pas vraiment, et si l’univers du Poker est parfaitement restitué, les personnages manquent de relief et d’intérêt.

Depuis son nouvel engouement dans le monde entier, Lucky You est le premier film hollywoodien à sortir sur le Poker. Il se situe pendant les World Series of Poker 2003, tournant important puisque c’est cette année là qu’un inconnu, Chris Moneymaker, a remporté le tournoi alors qu’il n’avait joué jusque là que sur Internet. Le poker gagnait alors une nouvelle part de rêve.
Le film s’ouvre sur une très bonne scène qui ne parle pas de Poker directement, mais de son principe, de l’esprit même du jeu. Pour réussir à revendre un appareil photo, Huck analyse les données, observe l’adversaire, bluff et prend des risques. Tout est dit : Le poker n’est pas qu’un simple jeu de hasard, mais nécessite un certain nombre de qualités que le héros semble posséder. Pour ceux qui ne connaissent pas encore les règles, une autre scène avec Drew Barrimore nous rappelle rapidement les principaux aspects techniques du jeu à connaître pour apprécier la suite du film.
Ensuite, l’ambiance est très bien restituée. Beaucoup de grandes stars du poker* se sont prêtées au jeu et ont interprété leurs propres rôles. Les salles ont été reconstituées à l’identique et certaines légendes tel que Doyle ‘Texas Dolly’ Brunson ont servi de conseiller technique pour le jeu. Nous sommes loin ici de Casino Royal et de ses improbables coups où tout le monde a en même temps des mains excellentes, avec une révélation en crescendo.

En dehors de cette reconstitution du monde du Poker, le film n’arrive pas réellement à nous toucher. La partie Comédie romantique suit les grandes lignes du genre sans jamais chercher à se démarquer. On a donc beaucoup de mal à réellement se passionner pour leur idylle naissante malgré une très bonne performance de Drew Barrimore en provinciale naïve et un peu niaise, encombrée de valeurs qui n’ont pas cours à Las Vegas.
La relation entre Huck est son père, qui a le mérite d’être interprétée par le toujours très bon Robert Duval, navigue sur le même flot, sans vague ni même petits clapotis, ressassant l’éternel complexe d’œdipe déjà vu mille fois et beaucoup mieux travaillé.

Lucky You n’est donc pas un mauvais film en soit, mais déçoit de la part de l’auteur de 8 miles et L.A. Confidential. Surfant sur l’engouement à travers le monde pour le Poker, et fort d’une reconstitution fidèle en tout point, le film attirera à juste titre les amateurs du jeu, mais aussi les autres qui devront alors se contenter du minimum syndical en dehors du tapis vert.

* Jack Binion, Johnny Chan, Hoyt Corkins, Antonio Esfandiari, Sam Farha, Chris Ferguson, Tef Forrest, Phil Hellmuth, Chau Giang, Barry Greenstein, Dan Harrington, Karina Jett, John Juanda, Erick Lindgren, Minh Ly, Mike Matusow, Daniel Negreanu, Erik Seidel, Mimi Tran, Cyndy Violette, Marsha Waggoner et Robert Williamson III.

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