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« Sucker Punch » : du Zack Snyder en mode mineur.

Pour les cinéphiles, un film réalisé par Zack Snyder, c’est avant tout la garantie d’une grosse claque visuelle. Ce réalisateur est soucieux de nous exploser les mirettes, que l’on peut classer dans une orientation bien spécifique du cinéma hollywoodien, à savoir les films d’action contemplatifs (un peu à la manière de la saga « Matrix »). Après le très musclé « 300 » et l’épique « Watchmen », Zack Snyder nous propose un film avec un scénario original. Il s’agit de « Sucker Punch ».

L’histoire se centre sur une jeune fille, interprétée par Emily Browning, qui, malmenée par son beau-père, se retrouve placée dans un asile psychiatrique digne de nos pires cauchemars. Tentant de se préserver de la folie, cette jeune demoiselle parvient à s’évader dans un monde imaginaire dans lequel elle devient Baby Doll, une combattante qui se bat pour obtenir sa liberté. Elle se retrouve à la tête d’un groupe uniquement composé de filles qui, comme elle, n’ont pas eu la vie facile. Ses comparses se nomment Sweet Pea (Abbie Cornish), Blondie (Vanessa Hudgens), Rocket (Jena Malone) et Amber (Jamie Chung). Elles ont toutes des courbes affriolantes, mises en valeur tantôt par des tenues de cabaret, tantôt par des combinaisons façon Lara Croft. En gros, elles dégainent aussi bien qu’elles balancent des hanches. Là où certains voient l’argument principal du film (de jeunes nanas sexy qui affrontent les méchants robots dans un monde apocalyptique), d’autres font l’éloge du parti pris féministe de Zack Snyder.

 

Et c’est là que réside le souci principal du film. Ce débat est sans doute l’une des causes de lacunes dans le scénario. Regorgeant de bonnes idées, ce dernier est cependant mis à mal par les mimiques insipides des jeunes actrices. Les personnages manquent de relief, non esthétiquement parlant, mais bel et bien au niveau des identités propres à chacune. On les affuble de pseudos sympathiques qui, à l’écran, ne connaissent pas d’incarnation. En clair, pour le public, il n’y a aucun attachement à un personnage en particulier. Le spectateur est clairement invité à regarder, mais ne se sent pas concerné. Et c’est là que la critique se divise : le style contemplatif de Snyder plaît ou agace. De plus, les scènes s’enchaînent, avec pour seul fil conducteur une quête, que les filles doivent accomplir en franchissant plusieurs étapes (différents objets à voler à l’ennemi). Résultat, le film traîne parfois, un peu trop souvent, et quelques longueurs s’installent.

La véritable beauté du film réside au niveau de l’image. Les effets spéciaux sont saisissants, et nous sommes bluffés par le résultat, très fluide. Les scènes de combats sont très agréables à suivre. Et, le petit plus qui colle parfaitement à cette esthétique léchée et finement travaillée, c’est la bande originale. Dès le début du film, un « Sweet Dreams » inquiétant résonne dans nos oreilles, idéal pour illustrer le cadre de vie bancal du personnage principal Baby Doll. Et c’est ça tout le long du film : la musique cadre parfaitement avec les scènes et les différentes ambiances. Peut-être même plus que les personnages, c’est pour dire. Cette bande originale renferme quelques perles, qu’il faut découvrir ! A noter que l’actrice principale Emily Browning a posé sa délicate voix sur plusieurs titres.

« Sucker Punch », c’est donc un style rétro malsain (l’action se déroule dans les années 50), une atmosphère manga assumée (le cinéaste avoue avoir été inspiré par la pop culture : clips, jeux vidéos compris), une bande originale à intégrer d’urgence dans sa playlist (une superbe reprise des Pixies, un « Sweet Dreams » délicieusement revisité, « Army of Me » de Bjork revue et corrigée pour coller à l’ambiance onirique du film, du Queen en prime) et du grand spectacle sur grand écran.

Une cadence inégale donc, sauvée par l’atmosphère générale. La qualité des images et les musiques contribuent à nous laisser une bonne impression générale.

« Sucker Punch » de Zack Snyder

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