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Un suspense vintage pour Viggo Mortensen et Kirsten Dunst

Synopsis : 1962. Un couple de touristes américains très élégants, le charismatique Chester MacFarland et sa jeune épouse Colette, arrive à Athènes. À l'Acropole, ils rencontrent Rydal, jeune guide américain parlant grec, arnaqueur de touristes à l'occasion.
Séduit par la beauté de Colette et impressionné par la fortune de Chester, Rydal accepte sans hésiter leur invitation à dîner. Les MacFarland se révèlent moins lisses qu'il n'y paraît : le luxe et leur raffinement cachent bien mal leur part d'ombre.

 © StudioCanal

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Critique :
On se la joue vintage cette semaine dans la chronique ciné de Lille La Nuit avec la sortie de The Two Faces of January. Ecrit et réalisé par Hossein Amini, scénariste de films importants comme Drive, The Two Faces of January est l’adaptation cinématographique d’un roman à suspense de la grande Patricia Highsmith. Cette auteure a déjà inspiré des cinéastes comme Alfred Hitchcock avec L’Inconnu du Nord-Express ou encore René Clément, grand metteur en scène honteusement sous-estimé, qui signa en 1960 l’un de ses chefs-d’œuvre, Plein Soleil.

The Two Faces of January lorgne clairement du côté du classique de Clément et lui rend un hommage non dissimulé: même ambiance, histoire réunissant trois personnages (un couple et un jeune homme mystérieux) sous un soleil de plomb.

C’est à ce cinéma-là, celui des années 50 et 60, que se réfère Hossein Amini. Sa mise en scène est d’un classicisme tout ce qu’il y a de plus élégant. Elle prend son temps lorsque l’intrigue le demande, s’accélère quand cela est nécessaire. Ces variations de rythme permettent à Hossein Amini de jouer habilement avec nos nerfs.
Au passage, The Two Faces of January offre la possibilité de se rappeler qu’il n’est point nécessaire d’appuyer constamment sur le champignon pour maintenir l’intérêt des spectateurs. Un film avec un scénario bien écrit et construit, une réalisation soignée, des acteurs convaincants et un montage qui joue sur des temporalités différentes peut se montrer tout autant, voire plus efficace.

Du côté des acteurs, justement, c’est un sans-faute. On a plaisir à retrouver Viggo Mortensen dans un rôle tout en ambiguïté. On se surprend à trouver son personnage aussi émouvant que pathétique, voire détestable. Belle performance d’un acteur qui se montre un peu trop discret ces derniers temps. Kirsten Dunst se hisse à la hauteur de ces actrices hitchcockiennes des fifties, un peu oubliées aujourd’hui, mais qui participaient au charme des belles et grandes productions de l’époque. Ainsi, plus qu’à Grace Kelly ou Kim Novak, on pense davantage à Doris Day (l’actrice de la deuxième version de L’Homme qui en savait trop) devant la prestation réussie de l’actrice. Chapeau Bas !

 © StudioCanal

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Enfin, Oscar Isaac (révélé dans Inside Llewin Davis de Ethan et Joel Coen et qu’on verra dans Star Wars Epidode 7) est remarquable. Avec son petit côté « dangereux », sa mèche rebelle, la précision de son jeu, il a un petit quelque chose du Pacino des années 70. Celui qui tenait la dragée haute à Marlon Brando dans le cultissime film de Francis Ford Coppola, Le Parrain. Sûr qu’Oscar Isaac fera chavirer bien des cœurs.

Dans The Two Faces of January, on retrouve également ce qui faisait tout le charme de certaines grandes productions de l’âge d’or de Hollywood. Des années 30 à 60, la valeur sûre des réalisations à grand spectacle, la plus-value, ce qui faisait se déplacer les foules, c’était souvent l’exotisme. Voir un film hollywoodien dans une grande salle de cinéma était pour le spectateur la promesse de voyager pour quelques dollars.

Grâce à la superbe photographie du chef-opérateur Marcel Zyskind, aux paysages et aux décors qu’il a filmés, on se sent quasi écrasés par la chaleur comme les protagonistes du film, alors que nous sommes bien tranquillement assis dans une salle de cinéma un peu trop climatisée. C’est aussi cela la magie du cinéma !

Signalons également la qualité de la musique signée de Alberto Iglesias, le compositeur attitré de Pedro Almodóvar. Iglesias rend lui aussi un bel hommage aux grands classiques du cinéma de suspense, sans pour autant tomber dans le piège de la caricature ou de la citation facile.

 © StudioCanal

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A noter que The Two Faces of January est coproduit par Max Minghella, qui n’est autre que le fils du regretté Anthony Minghella, réalisateur du magnifique Le Patient Anglais et d’une belle adaptation de Patricia Highsmith, Le Talentueux M. Ripley. Roman qui avait déjà inspiré René Clément pour Plein Soleil.

Sans un être une œuvre exceptionnelle (The Two Faces of January échoue à retrouver l’émotion de ses glorieux aînés) le film de Hossein Amini est cependant de la belle ouvrage. A l’heure où les distributeurs peinent à sortir en salles des productions intéressantes (la faute à la coupe du monde ?), on ne boudera pas son plaisir devant cette petite madeleine de Proust, qui devrait ravir les cinéphiles ou plus simplement, tout amateur de bon cinéma.

Film-annonce The Two Faces of January.

The Two Faces of January
Un film de Hossein Amini
Avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac, …
Durée : 1 h 37 min
Sortie en France : 18/06/2014
Année de production : 2013

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