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« The Happy Prince » : l’hommage poignant et irrévérencieux du comédien Rupert Everett à Oscar Wilde

L’Actu Ciné de la semaine pour Lille La Nuit est The Happy Prince, le premier long-métrage du comédien Rupert Everett. Porté par une distribution royale - Rupert Everett, Colin Firth, Emily Watson -, The Happy Prince relate sans une once de démagogie les derniers instants de vie du génial auteur Oscar Wilde...

The Happy Prince de Rupert Everett : l'acteur livre un premier film à son image. Libre et audacieux.

Critique de The Happy Prince

Rupert Everett est un acteur de génie. Le mot n’est pas trop fort. Autant à l’aise dans le cinéma fantastique (Dellamorte Dellamore) que dans la comédie romantique (Le mariage de mon meilleur ami), il a également été l’interprète de films adaptés du grand écrivain et dramaturge irlandais Oscar Wilde. (Un mari idéal, L’importance d’être constant) et l’a même incarné au théâtre. Il est somme toute logique que pour cette première réalisation Everett s’attaque à l'auteur, qu’il connaît bien.

The Happy Prince de Rupert Everett : la superbe direction artistique redonne vie au XIXème siècle.

Un projet de longue haleine

Everett ne s’est pas lancé à l’aveuglette dans ce projet, qu’il a porté durant une dizaine d’années, refusant même des rôles pour donner naissance à ce premier long-métrage. Bien lui en prit puisqu’il fait des choix de mise en scène et d’écriture affirmés.

The Happy Prince n’est pas un biopic académique. Au contraire, voilà une œuvre cinématographique qui ne choisit pas la facilité. Au lieu de s’intéresser à la période faste de l’existence d’Oscar Wilde, auteur célèbre, reconnu, adulé, Everett opte pour la fin de sa vie. Lorsque Wilde est abandonné de presque tous, divaguant de Dieppe à Naples, sans argent, malade, en peine déchéance, voulant reconquérir sa femme et retrouver ses enfants.

Naviguant entre présent et passé, par le biais de flash-backs bien équilibrés, The Happy Prince n’est pas un film lumineux. Le portrait que livre Everett de Wilde est nostalgique, mélancolique, dur, morbide (on note des allusions à Mort à Venise de Visconti), refuse la complaisance. Si Oscar Wilde est un artiste de génie, il n’en est pas moins homme. On découvre un personnage aussi touchant qu’agaçant et pathétique. C’est ce qui fait la force de The Happy Prince. Si le film avait gommé toutes les aspérités d'Oscar Wilde, il serait passé complètement à côté de son sujet.

The Happy Prince de Rupert Everett : on pense, lors de quelques scènes, au Mort à Venise de Visconti.

un biopic refusant l'Hagiographie

Wilde se drogue, a recours à la prostitution, s’avilit, fait l’aumône. La mise en scène épouse le sujet : si elle est légèrement chaotique ou baroque (on pense au cinéaste anglais Ken Russell), elle est en osmose avec l’histoire d’un homme en perdition, se dissimulant sous une fausse identité, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Cet artiste qui fut courtisé, star vénérée de son époque, fut condamné en 1895 pour homosexualité par toute une société bien-pensante (le film apprend que Wilde, comme 75.000 autres personnes, ne fut réhabilité qu’en 2017 pour son « crime »).

Rupert Everett filme The Happy Prince tel un chemin de croix mais, pour autant, n’oublie pas la légèreté, l’humour, la grandiloquence, l'extravagance, la joie de vivre d'Oscar Wilde. La direction artistique (décors, costumes, la photographie, superbe, de John Conroy) redonne vie au XIXème siècle avec éclat.

Si l'hommage du dandy Rupert Everett est vibrant et sincère, il est tout aussi irrévérencieux. En somme, le réalisateur et comédien livre un film à son image : libre et audacieux. Comme le fut Oscar Wilde lui-même. L’auteur du Portrait de Dorian Gray aurait certainement apprécié.

Synopsis : À la fin du XIXe siècle, le dandy et écrivain de génie Oscar Wilde, intelligent et scandaleux brille au sein de la société londonienne. Son homosexualité est toutefois trop affichée pour son époque et il est envoyé en prison. Ruiné et malade lorsqu’il en sort, il part s’exiler à Paris. Dans sa chambre d'hôtel miteuse, au soir de sa vie, les souvenirs l'envahissent… Est-ce bien lui celui qui, un jour, a été l'homme le plus célèbre de Londres ? L'artiste conspué par une société qui autrefois l'adulait ? L'amant qui, confronté à la mort, repense à sa tentative avortée de renouer avec sa femme Constance, à son histoire d'amour tourmentée avec Lord Alfred Douglas et à Robbie Ross, ami dévoué et généreux, qui a tenté en vain de le protéger contre ses pires excès ? De Dieppe à Naples, en passant par Paris, Oscar n'est plus qu'un vagabond désargenté, passant son temps à fuir. Il est néanmoins vénéré par une bande étrange de marginaux et de gamins des rues qu’il fascine avec ses récits poétiques. Car son esprit est toujours aussi vif et acéré. Il conservera d’ailleurs son charme et son humour jusqu’à la fin : « Soit c’est le papier peint qui disparaît, soit c’est moi… »

The Happy Prince écrit et réalisé par Rupert Everett
Avec Rupert Everett, Colin Firth, Colin Morgan, Edwin Thomas, Emily Watson, Tom Wilkinson, Béatrice Dalle, ...
Musique de Gabriel Yared

Durée : 1h45
Sortie le 19 décembre 2018

Affiche, photos, film-annonce Océan Films Distribution

 

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