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The Lobster : Farrell, Weisz et Seydoux dans un film bien barré !

Synopsis : Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme sœur. Passé ce délai, elle sera transformée en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants : les Solitaires.

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Seconde affiche de The Lobster. Complémentaire de la première.

 

Critique : Vous aimez les objets filmiques non identifiés ? Les propositions cinématographiques originales ? Aller dans votre salle préférée pour découvrir du 7ème art qui sort des sentiers battus ? Le cinéma qui divertit tout autant qu’il fait réfléchir ? Vous n’avez pas l’esprit cartésien, ce « mal » typiquement français ? Alors ne cherchez plus : The Lobster est fait pour vous !

The Lobster est le troisième long-métrage de Yorgos Lanthimos, après Kinetta et Canine, film très remarqué qui a obtenu le Prix Un Certain Regard en 2009 au Festival de Cannes. Né à Athènes en 1973, Lanthimos a filmé de nombreux ballets avant de s’exprimer dans des clips, courts-métrages et même films publicitaires.

Ce qui frappe en premier lieu à la vision de The Lobster, c’est le casting dément réuni par le cinéaste. Il y a longtemps que nous n’avions vu une telle distribution dans un film européen (The Lobster est une coproduction entre l’Irlande, l’Angleterre, la Grèce, la France et les Pays-bas). Tour à tour, vous verrez se succéder Colin Farrell, Rachel Weisz, John C. Reilly, Léa Seydoux, Ben Whishaw et la petite étoile qui monte, qui monte,  Ariane Labed.

Mais qu’est-ce qui fait qu’une telle succession de talents, de stars, parmi les acteurs et actrices les plus demandés du moment, aient accepté de tourner dans ce film ? Il n’est pas bien difficile de trouver la réponse quand on l'a vu : l’univers complètement dingue que leur a proposé Yorgos Lanthimos !

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Léa Seydoux est toujours la belle. Mais en plus dangereuse que dans le film de Christophe Gans.

 

Le film est difficilement cataloguable - et cela fait bien plaisir – mais si on doit se lancer dans une tentative d’explication pour le définir et vous donner l’envie de le découvrir, on dira qu’il s’agit de croisement improbable entre le cinéma de Wes Anderson, celui des Monty Python (pour l’absurdité de certaines séquences : voir des flamants roses se baladant dans une forêt, sans aucune explication logique, on n’avait jamais vu ça), les univers de Franz Kafka et George Orwell !

Et le pire (façon de parler), c’est que de cette mixture improbable, Yorgos Lanthimos tire un monde cohérent, passionnant, foisonnant, palpitant, déconcertant et excitant !

Les fables au cinéma - car c’en est une - c’est toujours un peu casse-gueule ! Difficile de réussir en effet une œuvre cinématographique qui renvoie à notre condition d’être humain, notre société, en filmant un monde décalé, futuriste, original, qui semble à mille lieux du notre mais parle évidemment de nos petits travers, systèmes politiques, inhumanité… C’est souvent bâtard, quand ce n’est pas totalement raté. Dans The Lobster, Yorgos Lanthimos échappe à quasi tous les pièges de l’exercice. Comment réussit-il ce tour de force ? On émettra une hypothèse : il croit mordicus à l'univers qu’il a bâti, à son histoire, ce qu’il filme, ce qu’il propose aux spectateurs.

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Colin Farrell a pris 21 kilos en 8 semaines pour incarner David dans The Lobster

 

Aussi incongrues qu’elles puissent paraître, on accepte toutes les situations du film. Et ce, dès les premières minutes. Quand vous aurez vu David - brillamment incarné par un Colin Farrell bedonnant et enlaidi - désignant son chien, qui l’accompagne,  comme son frère (pas au sens métaphorique, son VRAI frère) vous aurez compris que vous ne vous trouvez pas en face d’un film lambda, et que si l’histoire commence ainsi,  vous n’êtes pas au bout de vos surprises.

Vous voilà propulsés dans un monde aussi drôle que terrifiant, une société qui entrave la vie sentimentale et sexuelle de ses citoyens, sans qu’aucun d’entre eux ne trouve réellement à y redire. Sauf quelques-uns qui ont décidé de résister, mais qui ne sont pas pour autant des super héros - c’est même tout le contraire – et surtout pas irréprochables. Pour résumer, et sans rien en dire, d’un cauchemar total et absurde, on bascule dans un autre guère plus enviable. Pour Yorgos Lanthimos, il est bien évidemment question de parler d’amour, de sentiments, de liberté, de fraternité, d’humanité, de politique, de la vie et de la mort.

Mais encore, une fois il le fait par le biais de la fable et de la dystopie qui nous propose un miroir à effet grossissant de notre monde en nous propulsant dans un univers de science-fiction totalitaire - ce qu’on retrouve dans des romans comme 1984, Le Meilleur des Mondes, des films comme Soleil Vert (lire notre article) Brazil, ou plus près de nous Hunger Games -.

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Colin Farrell et Rachel Weisz dans The Lobster: l'amour à mort !

 

Si on doit tout de même chercher la petite bête, on peut reprocher à The Lobster d’être un chouïa trop long (1 heure et 58 minutes n’étaient peut-être réellement pas nécessaires), se dire que la deuxième partie du film se déroulant dans la forêt n’est sans doute pas aussi fascinante et forte que la première. Certains trouveront le rythme de certaines séquences un peu lent (encore qu’il permette à Lanthimos d’installer ses personnages et de nous acclimater à son univers). Mais devant une  proposition de cinéma aussi originale, passionnante et intelligente, on ne peut que s’incliner.

The Lobster n’a d’ailleurs pas volé son Prix du Jury au dernier Festival de Cannes (mais il aurait tout aussi bien pu recevoir un prix du scénario ou d’interprétation collective tant les acteurs sont tous plus épatants les uns que les autres).

Si on ajoute à cela une mise en scène, une photographie et une direction artistique de tout premier ordre, une noirceur assumée courageusement jusqu’au bout du métrage, on aura compris que The Lobster est l’un des films les plus excitants du moment. Et nous lui décernons sans plus attendre la Palme du film le plus original et barré de cette fin d'année !

The Lobster
Un film de Yorgos Lanthimos Scénario Yorgos Lanthimos et Efthimis Filippou
Directeur de la photographie Thimios Bakatakis Monteur Yorgos Mavropsaridis
Avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Ariane Labed, John C. Reilly, Léa Seydoux, Ben Whishaw...
Irlande/Angleterre/France/Grèce/Pays-Bas
1h58 VOST
Sortie le 28 octobre 2015

Film-annonce, affiches et photos © Haut et Court

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