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Tokyo Fiancée : Pauline Etienne, actrice pétillante, dans une adaptation de Nothomb !

Synopsis : La tête pleine de rêves, Amélie, 20 ans, revient dans le Japon de son enfance. Pour gagner sa vie, elle propose des cours particuliers de français et rencontre Rinri, son premier et unique élève, un jeune Japonais avec lequel elle noue une relation intime. Entre surprises, bonheurs et déboires d’un choc culturel à la fois amusant et poétique, elle découvre un Japon qu’elle ne connaissait pas....

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Rinri tombe-t-il amoureux d'Amélie ou de la langue française ? Amélie tombe-t-elle amoureuse de Rinri ou du Japon ?

 

Critique : Douze ans après Stupeur et Tremblements du regretté Alain Corneau, sort sur nos écrans une nouvelle transposition cinématographique d’un roman d’Amélie Nothomb, Tokyo Fiancée, adapté de Ni D’Eve, Ni d‘Adam. A vrai dire, les deux films sont complémentaires, tout comme l’étaient les deux livres originaux de Nothomb.

L’histoire se situe exactement à la même période, au Japon, où l’on retrouve Amélie. Dans Stupeur, Amélie Nothomb décrivait le monde du travail et de l’entreprise au pays du Soleil-Levant (bien qu’il s’agisse surtout d’un miroir grossissant de notre condition d’occidental au travail). Dans Tokyo Fiancée, la romancière nous raconte son histoire d’amour pour Rinri, jeune japonais issu d’une famille aisée et auquel elle doit donner des cours de français.

Tokyo Fiancée, réalisé par le cinéaste belge Stefan Liberski (un point commun avec Nothomb) démarre plutôt mal. On retrouve comme dans le film de Corneau la voix intérieure d’Amélie -voix off-. Alors que Sylvie Testud excellait dans l’exercice, Pauline Etienne donne au départ une impression de « fausseté » qui gêne aux entournures et pose un véritable problème pour s’immerger dans l’univers qui nous est proposé -la faute peut-être à une voix off pas toujours heureuse-. Mais l’actrice, talentueuse, va largement se rattraper dans le reste du film (nous y reviendrons).

Le petit plus par rapport au film de Corneau, c’est que Tokyo Fiancée est quasi intégralement tourné au Japon (à part une dizaine de jours de studio à Bruxelles). Corneau, était parti filmer une semaine à Tokyo mais le reste du métrage était entièrement tourné dans des bureaux à la Défense -ce qui est compréhensible : les différences entre open spaces parisiens et japonais ne sautant pas forcément aux yeux-.

Il en résulte de belles images de Tokyo, souvent filmées sans autorisation de tournage (elle ne sont pas difficiles à obtenir, mais peuvent prendre un an avant d’être délivrées).

Si le film est clairement trop long, on retrouve tout de même ce qu’apprécient les amateurs de Nothomb et de son style. Son humour – belge, bien sûr- est bien présent et on a l’impression de retrouver ces petites « formules » qui font tout le sel de ses écrits.

Le film s’intéresse aux mêmes questions que le roman : Amélie tombe-t-elle en amour pour ce garçon ou du Japon ? A travers Amélie, Rinri ne tombe-t-il pas amoureux quant à lui davantage de la langue française ?

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Pauline Etienne démontre l'étendue de sa fantaisie et de ses talents d'actrice dans Tokyo Fiancée

 

S’ensuivent des scènes plutôt cocasses sur les différences culturelles entre l’Asie et l’Occident. On découvre également des scènes amusantes où Amélie fait une fixette sur son fiancé nippon et ses parents : De quelle société secrète fait partie Rinri ? Le père est-il un Yakuza ? On voit que les clichés sur le Japon ont la vie dure.

Mais cette comédie (puisque c’en est une) est surtout une comédie romantique et une initiation sentimentale -dans ses meilleurs moments, Amélie peut être vue comme une version féminine de l'Antoine Doinel de Truffaut-. Les émois amoureux sont bien retranscrits par Liberski. Notamment lors d’une scène où Amélie interprète une version réécrite du tube nanardesque de la chanteuse belge Sandra Kim, J’aime La Vie (Grand Prix Eurovision pour la Belgique en 1986 ; ceux qui se souviennent de la chanson en tremblent encore) mais avec un texte adapté au Japon. Amélie danse, se contorsionne, saute partout comme un petit Diable. Et, hommage aux mangas les plus sucrés, se retrouve entourée de petits cœurs virevoltants. C’est clairement la scène la plus fun et déjantée du film.

Mais ce petit plaisir de cinéma, on le doit avant tout à la délicieuse Pauline Etienne. Jusqu’à présent, on l’avait essentiellement vue dans des films au ton tragique (La Religieuse version Nicloux, Eden, …). Elle n’avait pu déployer son talent comique -car elle en possède bel et bien un-. Si Pauline Etienne se montre également émouvante dans le film, elle est surtout drôle, vive, inventive, cocasse, délirante, lunaire…

Tokyo Fiancée m’a permis de découvrir le Japon, de me découvrir moi-même.

Pauline ETIENNE

Lille La Nuit a d’ailleurs demandé à Pauline Etienne lors de la rencontre organisée par Le Métropole si elle avait une approche différente de son métier d’actrice quand elle jouait une comédie ou un film plus grave :

« Pas du tout ! C’est la même exigence. Je suis exigeante avec moi-même. J’ai besoin de travailler, j’ai besoin de connaître le texte. De pouvoir poser des choses. Je mets la même intensité, le même cœur, la même âme à faire les films. Après, chaque film a un réalisateur différent. C’est à chaque fois une technique différente. C’est à chaque fois une nouvelle rencontre donc il faut s’adapter à la personne qui nous dirige. J’aime ce métier parce qu’il permet de pouvoir vivre mille vies ! Vivre dans toutes les époques, de pouvoir participer à tous les combats de la terre (NDR : dit sur un ton humoristique). C’est très riche et, personnellement, ça permet de réfléchir sur soi-même, c’est une thérapie à chaque fois. Je me sens très bien dans ce métier. Ça me correspond car je me pose beaucoup de questions. Je fais beaucoup de recherches sur moi-même (rires). Tokyo Fiancée m’a permis de découvrir le Japon, de me découvrir moi-même. Tout comme La Religieuse, m’a permis de découvrir la force que je pouvais avoir. »

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Qu'il est difficile pour Amélie (Pauline Etienne) de devenir une vraie japonaise...

 

N’oublions pas de saluer la composition du jeune interprète de Rinri : Taichi Inoue. Il n’était pas acteur au départ et Tokyo Fiancée est son premier film. Les jeunes femmes (ou jeunes hommes) le trouveront charmant. Il « assure » face à une actrice plus confirmée comme Pauline Etienne.

Si Tokyo Fiancée est un film bien moins fort que Stupeur et Tremblements d’un point de vue des enjeux dramatiques, de l’écriture et de la mise en scène (mais comparaison n’est pas raison), il faut apporter au crédit de Stefan Liberski d’avoir intégré à son récit les évènements dramatiques survenus au Japon : Le tsunami et la catastrophe de Fukushima, postérieurs au roman de Nothomb. Il faut savoir que ces tragédies arrivèrent au moment du tournage du film, l’interrompant quelques temps (nombreuses vidéos du tournage sur la chaîne YouTube du film). Liberski ne se voyait pas ne pas les inclure dans son film. Il a eu raison : ce sont clairement les scènes les plus fortes de Tokyo Fiancée. Celles qui font que ce film -gentiment anecdotique- acquiert une dimension plus profonde.

Rester fidèle mais prendre quelques libertés avec le roman de Nothomb, c’était sans doute la bonne solution pour faire de Tokyo Fiancée, non pas une œuvre impérissable mais un divertissement sympathique et dénué de la moindre vulgarité. Par ces temps de comédies souvent grasses, ce n’est déjà pas si mal.

Tokyo Fiancée Un film de Stefan Liberski  Image : Hichame Alaouié, Musique : Casimir Liberski Distribution : Pauline Etienne : Amélie, Taichi Inoue : Rinri, Julie Le Breton : Christine, Alice de Lencquesaing : Yasmine, Akimi Ota : Hara, Tokio Yokoi : Le père de Rinri, Hiromi Asai : La mère de Rinri - Durée: 100 minutes. Sortie le 4 mars 2015

Photos, affiche et film-annonce  © Eurozoom

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