La famille, malgré toutes les idées reçues, ce n’est pas toujours une histoire simple. Claus Drexel a bien saisi cette alternative à la vie de famille tranquille. Pour son premier long-métrage, (Sortie prévue le 4 juin), le réalisateur a choisi d’adapter une histoire plutôt simple à la base d’une façon totalement originale.
En effet, l’histoire est simple : Lors d’un match important de football, tout l’argent de la soirée est volé et caché dans un cabanon appartenant à la maison avoisinante au stade. Le Cabanon brûle. Générique.
« Une Affaire de Famille » se met petit à petit en place entre le père (André Dussolier), la mère (Miou-Miou) et leur fille (Hande Kodja). Un policier mène l’enquête (Eric Caracava) autour de l’incendie. La vraie touche d’originalité du film se retrouve dans la réalisation et plus encore, dans le montage du film.
Le film est découpé en plusieurs chapitres qui montrent tour à tour la vision de chacun des personnages. Dans un premier chapitre, Laure Guignebont (Miou-Miou), gérante d’une boutique-souvenirs, nous montre sa vision de l’événement. L’incendie, le comportement étrange de son mari à la suite de celui-ci, son ressenti face aux réactions de sa fille ; elle est le personnage principale de ce chapitre jusqu’au moment où… Ecran noir.
Chapitre 2. A ce moment du film, on commence à comprendre la logique du film. Nous voilà replonger au début de l’action, avant même l’incendie, lorsque Jean Guignebont (André Dussolier) rentre chez lui. Tous les éléments de l’histoire entrevus dans le chapitre précédent sont repris dans celui-ci, Miou-Miou est perçue d’un autre point de vue. Des éléments nouveaux s’ajoutent à la trame de départ.
Ce (ou ceux !) que n’a pas vu Laure, a peut-être été vu par d’autres.
D’autres chapitres dévoilent ainsi les visions de Marine Guignebont (Hande Kodja), de l’inspecteur Vivant (Eric Caracava) et de Samy (Julien Courbey).
Voilà l’idée du film, découvrir petit à petit ce qui c’est réellement passé pendant ces deux trois jours vus et revus au fur et à mesure du film pour finir sur un dénouement choral où pour une fois, le spectateur a une vision objective de la scène et donc tous les éléments en main pour reconstituer l’histoire dans son ensemble.
« Une affaire de famille » tourne autour de ces 5 personnages clés. A dire vrai, il n’y a quasiment pas de personnages annexes (ou alors on les oublie vite !). Tout repose donc sur le scénario et le jeu des acteurs. Pour ce qui est du scénario, la preuve en est qu’il a été récompensé par les trophées du premier scénario. L’histoire, d’apparence banale et déjà vue, est travaillée de sorte à ce qu’elle apparaisse sous un nouveau jour à chaque point de vue.
Du côté du casting, on retrouve le couple Dussolier - Miou-Miou (déjà formé dans Montparnasse Pondichery il y a 14 ans) qui fonctionne plutôt bien. A l’inverse d’un Dussolier en pleine forme, on regrette la performance un peu effacée de l’actrice. Eric Caravaca incarne parfaitement son rôle d’inspecteur ambigu et complexe. Quant à Julien Courbey, il retrouve un des rôles qui lui collent à la peau, la petite frappe sympa.
L’option révélation a été choisie par Hande Kodja qui se révèle dans ce rôle d’adolescente naïve éprise d’un des voleurs. (Récemment, Hande Kodja a joué dans Capitaine Achab de Philippe Ramos ou encore dans Meurtrières de Patrick Grandperret)
« Une Affaire de Famille » est un premier long-métrage dans la lignée de la « nouvelle vague » du cinéma français. Des réalisations complexes, un scénario bien ficelé et des acteurs de qualité au service de jeunes réalisateurs en mal de changement de style. On attend de voir la suite des films de l’année.
**Avis aux amateurs de montages déstructurés** : Memento de Christopher Nolan (le personnage principal est amnésique et le film n’est qu’un retour en arrière scène par scène) ou encore The Hole de Nick Hamm (deux visions d’un même événement)
