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« Valérian et la Cité des mille planètes » : Luc Besson a-t-il réussi le pari du space-opéra ?

L’actu Ciné de Lille La Nuit se met en position orbitale avec l’évènement de la semaine : Valérian et la Cité des mille planètes. Si vous n’avez pas entendu parler du nouveau film de Luc Besson, c’est que vous avez été sans doute cryogénisé ces deux dernières années. Nanti d’un budget avoisinant les 200 millions de dollars, adapté d’une BD culte de Christin et Mézières - Besson la vénère depuis l’enfance – Valérian et la Cité des mille planètes débarque sur les écrans ! Alors, le pari de Besson est-il réussi ou pas ? Lille La Nuit vous donne son avis...

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Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson : Le rêve du cinéaste se concrétise au cinéma.

Critique : Besson est le dernier Nabab du cinéma français. Il produit de bons films (Trois enterrements de Tommy Lee Jones), de bien mauvais (la série des Taxi). Il écrit et réalise de bons films (Le dernier combat, Nikita) et d’autres totalement à côté de la plaque (qui se souvient de Malavita ?). Il possède ses propres studios, son école de cinéma. Oui, Besson est un vrai Nabab. Il a de l’ambition.

Avoir de l’ambition, c’est assez mal vu dans nos contrées. Et comme nous ne souhaitons pas participer au Besson Bashing à la mode (en premier lieu sur les réseaux sociaux), nous sommes allés voir Valérian et la Cité des mille planètes en toute objectivité et avec pas mal d’enthousiasme.

Vingt ans après Le cinquième élément, Besson revient au space-opéra. Avec Valérian et la Cité des mille planètes le réalisateur met à l’honneur une grande bande dessinée française en l’adaptant au cinéma avec des moyens pharaoniques. Sur le papier, le projet est excitant.

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Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson: Dane DeHaan est Valérian

Ce qui frappe en premier lieu, c'est que Eric Serra - compositeur attitré de Besson - ne fait pas partie de l’aventure. C’est Alexandre Desplat qui signe le score du film. Autant le dire d’emblée, on a connu le compositeur plus inspiré. Les musiques symphoniques ont de la gueule mais les parties électro font mal aux oreilles.

Deuxième constat : Besson a mis tout le budget de Valérian et la Cité des mille planètes sur l’écran. Le film est luxuriant, ne lésine pas sur la représentation de mondes originaux, de créatures en tous genres, d’effets spéciaux numériques, costumes, lumières, …

Mais pour raconter quoi ? Si Luc Besson réussit quelques scènes - les batailles dans l’espace, notamment -, s’il est généreux au niveau du spectacle, s’il se démène pour donner du rythme à son film, il n’y a rien à faire : nous nous sommes ennuyés durant Valérian et la Cité des mille planètes.

On serait bien en peine de vous raconter l’histoire du film. Grosso-modo nous y arriverions, c’est sûr. Mais le problème, c’est que d’un script qui tient sur un ticket de métro, Besson livre un film qui avoisine les 2h20.

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Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson : Mais pourquoi Rihanna est-elle dans le film?

Alors Besson dilue ses séquences pour tenir la durée du métrage. Besson s'en trouve alors à faire du remplissage (à quoi sert la séquence avec Rihanna?), offre des caméo inutiles à des personnalités en tous genres (dont Alain Chabat dans le rôle d’un pirate de l’espace). Pire, à un moment il abandonne ses personnages principaux pour nourrir son film d’intrigues parallèles inutiles.

Autre souci et de taille : L’incohérence artistique du film. Il est vrai que prises séparément certaines séquences sont réussies et impressionnent. Mais le space-opéra de Besson part dans tous les sens. On a l’impression de voir des bouts de films différents montés pour en faire un seul. En fait, le gros problème de Valérian et la Cité des mille planètes est sa direction artistique. Certes, on voit à l’écran le travail merveilleux des techniciens, maquilleurs, opérateurs 2D et 3D… Mais le film manque d’unité artistique, de cohérence pour faire cohabiter les différents univers proposés.

On est aussi parfois gêné devant une imagerie qui tient plus du kitsch que d'autre chose ! Ainsi, la planète des Pearls fait penser à une pub pour le club Med couplée à un vieux Disney des familles (sic).

Et il y a cette impression de déjà-vu ! Jamais on n’assiste à une vision originale de science-fiction dans Valérian et la Cité des mille planètes. Ce n’est pas forcément la faute de Besson, d’ailleurs. La BD de Christin et Mézières a été plagiée de nombreuses fois au cinéma. Et en premier lieu dans les Star Wars (génie de Lucas d’avoir créé un univers totalement neuf au cinéma en associant de nombreuses influences) !

Du coup, tout paraît un peu daté. Ici, une créature qui semble sortir d’Avatar. Là, une autre parait débarquer de La Menace Fantôme. Plus loin, c’est à l’attaque de l’Etoile Noire - dans Star Wars IV : A new Hope – que nous pensons.

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Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson

Parfois, on s’émerveille devant un plan, avant de désespérer devant la bêtise de certains dialogues (on cite de mémoire : « L’Amour est plus fort que la guerre ». Soit !). Et ne parlons pas de l'humour éléphantesque du film.

Besson devrait peut-être songer enfin à abandonner l’écriture scénaristique. Il peut être un technicien doué, un bon directeur d’acteurs. Mais ses scripts demeurent désespéramment plats, attendus. Et pour le coup, pas vraiment compréhensible.

Valérian et la Cité des mille planètes brasse sans doute un peu trop large. Le film a l’obligation d’être rentable (même s’il est financé à 96 % par les préventes dans le monde). Forcément, avec un tel budget Luc Besson n’a pas le droit à l’erreur: il fait travailler de nombreux artistes et techniciens, a un studio, une société, EuropaCorp, qui doivent tourner). Du coup, Valérian et la Cité des mille planètes semble manquer d’aspérités et de personnalité.

A l’image de sa distribution ! Cara Delevingne s’en sort correctement dans le rôle de Laureline. Hélas, Dane DeHaan (pourtant un bon acteur) n’a pas le charisme de Valérian. Quelle erreur de casting ! Et nous ne parlons même pas des apparitions - gênantes - de Ethan Hawke ou du musicien de jazz Herbie Hancock (pourquoi est-il dans le film, au fait ?).

Lors de sa sortie aux USA Valérian et la Cité des mille planètes a connu une sacrée déconvenue en se classant seulement cinquième au box-office avec 17 millions de dollars de recettes sur le week-end.

Franchement, nous ne nous en réjouissons pas. Lille La Nuit espère que le film trouvera son public en France, en Europe et sur l’immense marché chinois (la Chine est coproductrice du film et actionnaire de EuropaCorp). Si nous n’avons pas aimé Valérian et la Cité des mille planètes, il serait tragique que le film connaisse un bide en salles car il est un espoir pour de jeunes créateurs français de travailler dans un cinéma de genre et de science-fiction trop peu explorés dans notre hexagone.

Synopsis : Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d'agents spatio-temporels chargés de maintenir l'ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha - une métropole en constante expansion où des espèces venues de l'univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d'Alpha, une force obscure qui menace l'existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l'avenir de l'univers

Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson
Avec : Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Rihanna, Ethan Hawke, Alain Chabat...

Sortie le 26 juillet 2017

Affiche, photos, film-annonce © EuropaCorp

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