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« Wild Men » : un « Fargo » norvégien drôle, rock’n’roll, émouvant, engagé !

« Wild Men » : un « Fargo » norvégien drôle, rock’n’roll, émouvant, engagé !

Pour son Actu Ciné de la rentrée, LillelaNuit fait le choix d’un objet cinématographique singulier, barré, émouvant, humaniste et profond : Wild Men ! Soutenu par des comédiens brillants, ce film norvégien, proche de l’univers des frères Coen, réalisé par Thomas Daneskov, ne peut laisser indifférent. Étonnant et détonnant !

Sous influence de Chute Libre et Fargo

Il existe un mot désignant un film au succès inattendu, que personne n'a vu venir : un sleeper. C’est tout le mal que l’on souhaite au dernier long-métrage de Thomas Daneskov (auteur d'un premier film, The Elite, en 2015), tant Wild Men affiche une santé, une insolence (sans s’abîmer dans le cynisme), et un humanisme revigorants. On y découvre Martin, un grand type costaud, mal à l’aise, qui tente de chasser, vainement, dans la forêt. Perdu, affamé, il s’approche d’une superette pour y trouver quelques victuailles. Mais dans un monde consumériste, où l’argent est roi, notre homme, sans espèces, ni carte de crédit, ne peut disposer des quelques produits qui lui assureraient une fin de journée réconfortante, après des heures passées en enfer. La situation tourne mal… Si Wild Men commence un peu comme Chute Libre (1992) de Joel Schumacher avec Michael Douglas, il se poursuit comme une comédie noire, proche de l’univers des frères Coen, et plus particulièrement de l'inoubliable Fargo (1995).

Notre impitoyable société de consommation.

Un Beau personnage de cinéma

Martin, qui a quitté femme et enfants (qu'il aime pourtant follement), n’en peut plus de sa vie de soumis à un système qui le répugne. Sur sa route, il croise Musa (excellent Zaki Youssef), fugitif blessé (poursuivi par ses complices et la police), mais, aussi, les propriétaires d'un village viking de pacotille, où l’argent et le business sont les valeurs cardinales. Si rien ne va pour Martin, l’homme avance sans se retourner, refuse de vivre tel un esclave, vomit les règles d’une société inhumaine. Forcément, on ne peut qu'avoir de l’empathie devant ce personnage au courage et à la probité qui forcent le respect. Brillamment interprété par Rasmus Bjerg, Martin est l’un des plus beaux personnages qu’il nous ait été donné de voir ces derniers temps sur un écran de cinéma. Autour de lui, tous les personnages (et comédiens) sont à l’avenant. Qu'ils soient gentils ou méchants, ils sont nourris d'une vraie densité. Chacun, selon ses actions, bonnes ou mauvaises, à des raisons qui le poussent à agir. On sait que Musa n’est pas un homme parfait, que ses complices sont capables d’une violence inouïe (une scène pourra impressionner les plus sensibles), mais Thomas Daneskov ne les méprise en aucune manière, ne les juge pas. Certains opportunistes, aux sourires de façade, semblent finalement plus dangereux que ces marginaux.

Superbe Rasmus Bjerg !

D'un genre à l'autre

Naviguant d’un genre à un autre - fable sociale, film noir, polar, mélodrame, cinéma d’aventures, survival, cartoon… - avec équilibre, Wild Men délivre un humour corrosif suscitant autant effroi qu'éclats de rire. Quel plaisir de découvrir ce film libre, généreux dans le spectacle (les décors naturels sont somptueux, l’action est mise en scène avec efficacité), refusant la bienséance sans jouer de la provocation gratuite. Wild Men est la révélation d’un cinéaste talentueux, engagé, à la personnalité affirmée. On aime !

Les infos sur Wild Men

Synopsis : Martin, en route pour un séminaire, décide dans un moment de folie de tout quitter et d’aller vivre comme ses ancêtres il y a des milliers d’années, avant que les supermarchés et smartphones ne viennent tout gâcher. Sa route croise celle de Musa, un fugitif blessé, recherché par les autorités mais aussi par ses anciens complices. Leur odyssée les mène aux confins de la forêt norvégienne, à la rencontre de policiers désœuvrés, de vikings, d’un lapin épris de liberté, et de truands éclopés.

Wild Men de Thomas Daneskov
Avec Rasmus Bjerg, Zaki Youssef, Bjørn Sundquist, Sofie Gråbøl

Durée : 102 minutes
Sortie le 24 août 2022

Film-annonce et affiche : Starinvest Films
Photos : Rasmus Weng Karlsen

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