Antoine Singh Paul est d’abord connu comme l’initiateur du groupe les Enfants 2la basse qui prépare actuellement son deuxième album. Ne parler d’Antoine qu’à travers cette formation serait toutefois réducteur. Véritable touche à tout, il s’est formé dans plusieurs écoles d’art, mais aussi de façon autodidacte et au gré de rencontres. Son actualité est aujourd’hui marquée par la mise en ligne de son récit autobiographique. C’est dans un livre musical agrémenté de photos qu’il a choisi de se raconter.
Découvrez ce livre musical : Brussels Nrj
En savoir plus sur son auteur : Antoine Singh Paul
Et sur Enfants 2la basse…
Un concept original, le livre musical
L’idée d’Antoine Singh Paul : mettre en ligne un livre musical et illustré de photos, dans lequel il raconte un épisode marquant de sa vie.
Brussels nrj est un livre dont on défile les pages plutôt que de les tourner. Un livre illustré de photos et de musiques.
Un livre musical
Pour raconter sa rencontre amoureuse avec Angie qui l’a tant marquée, Antoine Singh Paul a inséré dans son texte les chansons qu’il avait composées au moment des faits. Parce que la musique tient une place importante dans vie, elle en prend également dans son récit autobiographique. Les chansons traduisent les sentiments que l’auteur ressentait alors et lui épargne donc un travail d’introspection difficile à mener sur une époque vieille de dix ans.
Les musiques font partie intégrante, tant de l’histoire que de la démarche d’Antoine Singh Paul qui a eu recours aux mots pour se défaire de cette histoire.
Les photos
En utilisant des photos, Antoine Singh Paul s’est évité tout travail descriptif. Et si Victor Hugo avait tronqué par une photo ses trente pages à décrire une salle, en ouverture de Notre Dame de Paris ? La description n’est pas un exercice inutile pour embarquer le lecteur au plus près de l’histoire. Sauf qu’ici, l’auteur nous propose Son histoire, et ne nous invite donc pas forcément à nous reconnaître dans tel ou tel personnage.
Ce recours aux photos eût été une idée audacieuse si elles apportaient vraiment des précisions à l’histoire. Certes, on peut voir les lieux fréquentés par l’auteur. Cependant, le fait qu’elles soient si nombreuses nuance leur impact. Au fur et à mesure, le lecteur n’y prête plus réellement attention, malgré une esthétique travaillée. On reconnaît ainsi une influence cubiste dans certaines photos, notamment dans Ma rue, Ma maison.
Peut-être que le lecteur passera également à côté de la symbolique de ces photos. La plupart d’entre elles montrent un carrefour, un point entre deux rues. Deux chemins pour deux possibilités. S’obstiner dans cette direction ou prendre un autre chemin ? Un sentiment que l’auteur semble ressentir tout au long de cet épisode vécu.
On peut d’autant plus s’interroger sur le statut de ces photos dans ce livre puisque le concept lui-même de livre musical réduit les photos à un simple rôle d’illustrations
Je ne sais si l’auteur a lu Nadja d’André Breton, un récit illustré également de photos et autres iconographies pour une rencontre des plus surréaliste. Chez Breton, les iconographies participent de la narration, avec notamment des renvois dans le texte.
Un format éclaté
Ce livre est aussi différent par la présentation de l’écrit, son découpage. Pas de pages numérotées, encore moins de chapitre. Un non respect des formes du paragraphe pour mettre en valeur certains passages. Seules quatre lettres servent de transition. «Bref » pour passer à l’idée suivante. « Bref », pour passer à autre chose.
Un récit autobiographique
Antoine Singh Paul relate dans ce livre une rencontre amoureuse vécue dix ans avant la rédaction. Une histoire qui l’a profondément tourmenté.
Passer à autre chose est ce à quoi il aspire tout au long de cette histoire. La publication de ce récit autobiographique est sans doute la preuve matérielle que la page est à présent tournée.
Antoine revient donc sur cette histoire qui l’a tant bouleversé et comme souvent, construit. Il se sert des mots, tant dans le récit que dans les paroles de chansons, comme catharsis. Il propose ainsi à la lecture de tous, et des principaux concernés ce récit, à défaut de n’avoir pu avoir d’explication avec l’intéressée. Un livre comme ultime étape vers la guérison.
Sa démarche est donc bien avant tout personnelle. Il publie ce livre pour se libérer bien plus que pour être reconnu comme auteur. Le style de l’écriture est ainsi vif, plutôt simple, parfois brutal, avec ci et là des maladresses qui côtoient des tournures plus élégantes. Il ne recherche pas la prose, juste à évacuer cette détresse. De ce fait, le lecteur ne sait trop comment se placer au fur et à mesure que les pages défilent. Chose fréquente pour une autobiographie, il ne se sent pas réellement impliqué dans l’histoire, reste en surface.
Ce livre est donc à découvrir avant tout pour son concept. Une idée audacieuse qui mériterait d’être plus précise dans un travail narratif autre. Ce projet est à considéré avant tout pour l’objectif suivi par l’auteur. L’initiative n’en reste pas moins originale et courageuse. Et souhaitons qu’elle remplisse pour son auteur son objectif.
