Les éditions Light Motiv
Quand des photographes maîtrisent la chaine du livre
Parmi la quarantaine d’éditeurs que compte le Nord-Pas-de-Calais, Light Motiv est l’un des plus jeunes. Derrière ce nom prétexte, se cache aussi, ou plutôt se dévoile, une agence d'auteurs photographes du Nord de la France. Light Motiv travaille pour les principaux magazines et quotidiens nationaux, du Monde à Télérama, en passant par l’Express, le Point, le Nouvel Obs, le Figaro Mag ou le Moniteur… Mais Eric Lebrun et Jean-Pierre Duplan, fondateurs en 1986 de ce collectif du déclic, ont également pour clients les architectes, les institutions et les entreprises. « Une thématique forte de l'agence a trait aux transformations urbaines », expliquent-ils.
Photographe autodidacte, Eric Lebrun fut d’abord ingénieur en urbanisme et sociologue. « Quand nous avons créé cette agence, se souvient-il, nous nous sommes heurtés à la concurrence de la capitale : les journaux parisiens préféraient envoyer leurs photographes qui revenaient ensuite avec leurs clichés. Si nous envoyions nos documents par la poste, nous étions grillés. Tout a changé avec le virage internet. L’agence a pu réellement se développer. »
Les deux amis ont toujours privilégié le reportage, « sur des secteurs où les autres n’allaient pas, telle l’architecture industrielle. » L’aventure s’accéléra en 2004, quand l’agence fut choisie par Lille 2004. Eric et Jean-Pierre (un ancien prof d’anglais) avaient déjà participé à des livres mais ils ont eu « l’envie d’aller jusqu’au bout ». C’est à dire reprendre en main l’ensemble de la production de l’objet livre. Le résultat est brillant, les ouvrages de Light motiv sont sans doute les plus « léchés » dans la catégorie « beau livre », au nord de Paris.
Parution
« Euralille : 59777 » : la dernière parution des éditions Light Motiv a choisi des chiffres et des lettres pour son titre. Le superbe graphisme de la couverture donne une idée du contenu. La promenade des quatre photographes de l’agence au cœur de la turbine tertiaire n’est guère conventionnelle. Au commencement… il y avait Jean-Pierre et le reporter-écrivain Hervé Leroy jouant de l’œil et de la plume parmi les tours d’Euralille. Déambulation aux reflets métalliques, aux lumières électriques et néanmoins aux touches végétales - un tantinet anachroniques. Vinrent alors les habitants, car il y en a, campés par Richard Baron, troisième larron photographe. Humains, trop humains ?
Car Yves Mortfouace ouvre à son tour le viseur : lui voit « dans l’espace urbain des figures inédites ». Des non-lieux, dit-il. L’humain y sombre presque, absent ou furtif.
Reste à tirer un trait, et même un coup de feu, dans le roman photo, film sans parole, qu’invente Eric Lebrun, l’homme des volutes qui partent en fumée, comme dit la chanson. De quoi donner des idées à un futur cinéaste ?
128 pages, 30€
- La collection « Passage en ville » (toujours 30€) comprenait déjà trois titres : Roubaix (2005), Arras (2006) et Tourcoing (2007). Les textes-portraits d’Hervé Leroy y donnent une parfaite réplique aux photos.
- La collection « Long cours », riche du titre Docker(23€) signée Yves Morfouace, reportage dans les « intervalles » du port de Dunkerque, s’enrichira prochainement d’un livre de photographies signées Nadège Fagoo, parmi les marins remorqueurs et lamaneurs dunkerquois : « Abords ».
