De la musique à l’écriture, il n’y a qu’un pas. Jeancristophe, musicien de formation, l’a bien compris. Il explore de nouveaux univers, dont celui de la littérature, en sortant son premier livre « Dos au mur » en 2007.
L’ouvrage fait partie de la sélection officielle du Prix du Marais 2008. Ce prix s’attache au choix de 8 livres à travers le monde, la récompense étant l’exposition de l’ouvrage en bibliothèque. C’est à cette occasion qu’il rencontre sa future éditrice Romy Lopss. Leur collaboration aboutit à la sortie de son deuxième livre en janvier 2010.
L’ouvrage, intitulé « I IL II L, onze petites tragédies en forme de contes et leur épilogue », est également le fruit d’une autre rencontre, celle avec le peintre Thibault Descamps, qui signe les illustrations. La rencontre de deux artistes et de deux univers qui se concrétise par la mise en abîme des personnages de IL et de L avec les mots de Jeancristophe et les illustrations de Thibault. Une complicité qui s’affiche au fil des pages : le lien se tisse et cristallise les sensibilités des deux artistes. Le dessin vient s’imbriquer dans le texte, ce qui lui donne un sens nouveau ou supplémentaire. Un éclairage audacieux qui sollicite le lecteur et l’invite à découvrir un univers original.
Jeancristophe, qui cherche à « trouver sa voie grâce à la création », s’adresse à l’enfant qui sommeille en nous, ou plus exactement à l’état d’émerveillement perpétuel qui caractérise le plus jeune âge. Celui pour qui « l’enfance est la source de son travail » prend par la main le lecteur et l’emmène au fil des pages dans un monde où l’imaginaire et la pureté se côtoient.
Le titre du livre est d’ailleurs en soi un jeu. L’énigme réside dans le fait que le titre se lit comme une table des matières, le sous-titre permettant de compléter le décryptage. Cette approche problématique n’est pourtant pas le parti pris du livre : le personnage IL mis en scène ne revêt aucun trait caractéristique. Sans aucune attache, IL vit, survit, erre et se heurte immanquablement à ces mots qui closent chaque nouvelle « Il décida donc de mourir ».
L’éphémère qui caractérise ces nouvelles est souligné par les dessins de Thibault Descamps, dessins où les positions des corps suggèrent un flottement perpétuel des personnages dans l’espace. Cet ouvrage ressemble en cela à une poésie : tout en détachant le lecteur de son existence propre, l’histoire l’amène à découvrir un univers inédit. Une vaste exploration de l’ordre de l’intime, un voyage au cœur d’un monde parallèle, qui permettent au lecteur de mettre entre parenthèse le temps de la lecture le monde réel. Une expérience à faire partager aux plus curieux.
