La RNT (Radio Numérique Terrestre) a décidément du mal à s’imposer sur les ondes. Après les revendications des organismes associatifs, ce sont les grands groupes qui s’opposent au projet de remplacement de la bande FM.
Retour en 2007… Le CSA (Conseil Supérieur de l’Audio-visuel) lance son grand projet de remplacement de toute la bande FM par la RNT. Cette « évolution technique » permettrait à un plus grand nombre de stations de diffuser, avec la possibilité d’associer des données complémentaires au son (photos, pochettes d’album, nom de l’émission…).
Depuis, les radios associatives non-commerciales (dites de « Catégorie A ») se mobilisent contre ce projet hors de leur portée. Elles dénoncent le caractère anti-démocratique de la mise en place de la RNT : les coûts d’installation de nouveaux matériels colossaux mettent quasiment toutes les « petites radios » sur la touche.
Ce qui plaçait donc les grands groupes en position de force, et pourtant… NRJ, RTL, Lagardère (Europe 1), et NextRadioTV (RMC) ont annoncé la semaine dernière qu’ils ne soutiendraient pas le projet. Selon eux, « il n’y a pas de modèle économique » autour de la RNT, et sont convaincus par ailleurs que « l’avenir de la radio numérique se fera via les réseaux IP ».
Les grands noms, les (nombreuses) petites stations, il restait d’autres acteurs à convaincre : les auditeurs. La tâche s’annonce difficile puisqu’ils devront aussi renouveler tous leurs équipements, sachant que les radios les plus populaires (Europe 1, RTL, NRJ…) ne seront pas au programme.
Schnaps, animateur sur la bande FM depuis 1984 et actuellement en poste à Radio Campus Lille et RCV s’exprime sur le passage à la RNT :
« Le passage à la RNT est une escroquerie : tout d'abord il faudra s'équiper de nouveaux appareils qui sont en cours d'élaboration, en gros rien n'est prêt. Aussi [en réponse aux données en plus du son] la radio ça s'écoute presque toujours en faisant autre chose: du ménage, la cuisine, le jardinage, le bricolage, ou alors à l'usine, au bureau... Le principe de la radio c'est qu'on peut faire autre chose tout en l'écoutant, contrairement à la télé qui nécessite une attention constante.
Alors quel est l'intérêt de moderniser le moyen de diffusion pour le rendre moins accessible, et de plus empêcher un certain nombre de radios d'émettre car le nouvel équipement coutera très cher. La radio c'est d'abord et avant tout la proximité, alors que deviendront les gens qui écoutent la radio locale quand celle-ci ne pourra plus émettre ?
Ensuite les promoteurs du projet argumentent qu'on pourra mettre en place de la vidéo avec la radio, mais on s'en fout complétement et ça existe déjà.
Donc refusons ce gadget inutile, couteux, et qui annonce la disparition de centaines de radios locales. »
