Fermé pour rénovation en 2006, le « Lille métropole musée d’art moderne d’art contemporain et d’art brut » rouvre ses portes le 25 septembre à Villeneuve-d’Ascq… Plus court : bienvenu au LaM ! Un sigle efficace façon MOMA (New York) ou autre MOCA (Los Angeles) à vocation internationale.
Ici le M veut autant dire « musée » que « moderne » ou « métropole ». Car c’est la communauté urbaine de Lille-Métropole (LMCU) qui a financé à hauteur de 85% les 30 millions d’euros pour quatre années de travaux. « Tout compris, extension, modernisation, parc paysager », précise l’administrateur général Olivier Donat. « Le conseil général du Nord, l’Etat, et l’Europe, ont payé 5% chacun. » La campagne du lancement, pour un coût de 500 000 euros, a été réglée à part égale par LMCU et le LaM.
Si les autres musées du Nord appartiennent tantôt aux villes, tantôt au département, LMCU s’était montrée pionnière en créant un musée au cœur de la ville nouvelle, en 1983. D’autant que LMCU ne détient pas la compétence culturelle. Mais l’enjeu, pour une métropole qui se veut carrefour de l’Europe du Nord, est une nouvelle vitrine. « Près de 90% de visiteurs de l’ancien musée venaient de la région, remarque Sophie Lévy, directrice-conservatrice du LaM : notre progression viendra de l’étranger ! »
« Lors de son ouverture, en novembre-décembre 1983, le Musée d’art moderne (MAM) avait attiré 30 000 personnes en deux mois », rappelle le sociologue et maire honoraire Jean-Michel Stiévenard (PS), qui publie un livre (L’Art moderne à Villeneuve d’Ascq, Ravet-Anceau). En 1986, l’exposition Miro doublait cette fréquentation. « Puis on a atteint 100 000 visiteurs en 1989, avec l’expo Fernand Léger, et les entrées se sont stabilisées à ce niveau », poursuit l’ancien vice-président chargé de la culture à LMCU. Son successeur à LMCU Olivier Henno (Modem) avait 22 ans lors de l’exposition Miro. « J’étais étudiant en droit et je ne connaissais rien à l’art contemporain : j’ai tout découvert ici. »
100 000 visiteurs, ce n’était pas à la hauteur des collections offertes par la famille Masurel. Le musée est superbement ancré dans un écrin de verdure près du lac du Héron, mais loin du métro, dans un environnement cossu. Sophie Lévy fixe le cap du LaM à 200 000 visiteurs annuels, soit le chiffre atteint par le MAM une seule fois, en 2004 pour l’expo France-Mexique qui avait enfin touché les étrangers.
Depuis 2004, le Palais des Beaux-Arts de Lille oscille lui entre 200 000 et 250 000 visiteurs par an. A elle seule, l’exposition « Passage du temps » de la collection Pinault a attiré 100 000 personnes en trois mois au Tri Postal. Côté gratuité, à la gare Saint-Sauveur, « Dancing machine », ouvert le 1er juillet, cumule déjà 80 000 âmes.
Mais Saint-Sauveur, convivial et limite brouillon, est une vraie ouverture au quartier populaire voisin de Moulins. Cela sera plus difficile d’attirer toutes les classes sociales au LaM, même si le parc voisin draine les familles les jours fériés. Et même si les Villeneuvois s’en étaient rapidement approprié le cadre, la ville nouvelle y organisant ses bals du 14 juillet. « Dans le parc, l’œuvre monumentale de Richard Deacon a été coulée par des ouvriers de Fives Cail qui revenaient ensuite régulièrement au musée », narre M. Stiévenard.
Ce qui tire les affluences des musées locaux est aussi la « forte politique avec les écoles et les centres sociaux » selon Martine Aubry, la première secrétaire du PS, présidente de LMCU. « Nous agirons au LaM comme pour la collection d'art contemporain de la Saatchi Gallery de Londres, présentée du 20 octobre au 16 janvier prochains au Tri Postal, pour laquelle les instituteurs préparent déjà les enfants. Je refuse de penser que l’on ne peut pas attirer les plus modestes. »
Ce sont parfois ces enfants qui ramènent ensuite leurs parents. « Au MAM, nous voyions de jeunes parents revenir en famille car ils avaient découvert le musée eux-mêmes enfants grâce aux ateliers », raconte M. Donat.
