Le concert d’Anita Farmine au Modjo annulé à la dernière minute
Ce mercredi 7 octobre 2015, le Modjo situé à Wazemmes avait programmé le concert d'Anita Farmine. Une fois le matériel installé, les balances allaient commencer quand la police municipale a débarqué. La chanteuse franco-iranienne n’a même pas eu le temps de commencer : les trois policiers lui annoncent qu’elle n’a pas le droit de jouer avec cette sono. Anita et son musicien proposent alors de jouer en acoustique, sans ampli, à deux voix, deux guitares. Même dans cette configuration, ils sont menacés d'être verbalisés. En concert à Lille pour la première fois, Anita fait une dernière tentative en demandant aux policiers si elle peut jouer un morceau en acoustique devant eux et leur donner un aperçu du son. « La police n’a rien voulu savoir » déplore-t-elle, « pour des raisons d’étude d’impact à effectuer ». La nouvelle s’est très vite répandue dans le quartier, Anita a donc passé la soirée avec les spectateurs ayant fait le déplacement pour rien, et des patrons de bar du quartier venus apporter leur soutien aux collègues. Outrée par le refus d’un concert acoustique alors qu’elle joue « une musique plutôt cool », elle a décidé de publier un résumé de son aventure lilloise sur Facebook. Anita avoue être « super déçue de ne pas avoir rencontré ce nouveau public » mais ne renonce pas : « On reviendra ! ». Le lendemain, ils ont joué dans un café-concert à Gand, où tout s’est bien passé.
Les patrons de bar n’ont pas dit leur dernier mot
Cette semaine, le gérant du Caf&Disquaire, rue Colbert, a publié une lettre de rupture avec la ville de Lille à la suite du passage d’une commission de sécurité. Le ras-le-bol vient de l’effet de surprise, et surtout de « l’acharnement » sur ces lieux culturels d’une grande importance pour découvrir de la musique, des expos... Anita a insisté sur le rôle de ces bars, et a ajouté : « Je n’ai pas l’impression que la Mairie travaille main dans la main avec ces patrons de bars », « pourquoi agir avec la force ? ». Pourtant les adhérents de Culture Bar-Bars avait mis en place un processus de communication avec la police, mais cette démarche ne semble plus être d’actualité à leur grande surprise. Le Modjo dénonce aussi un « acharnement », « la police nous rend visite trois fois par semaine en ce moment » explique Julien qui fait tout pour qu’on n’ait rien à lui reprocher, pas même un mégot de cigarette qui traîne devant le bar. Il confirme qu’une réunion entre patrons de bar a eu lieu hier après-midi pour discuter de cette situation car beaucoup sont touchés : l’Artgressif, le Yéti, le Macondo, le Workshop... La liste est de plus en plus longue. Des rendez-vous vont donc être pris avec les autorités, et des actions vont être menées pour mettre en lumière ces lieux qui défendent cette diversité, et réclament plus de soutien. Ces actions seront dévoilées un peu plus tard. Le festival Culture Bar-Bars n’est pas menacé, et se déroulera du 26 au 28 novembre 2015.
Visuel : Culture Bar-Bars 2014
