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Cœur Kaiju : un monstre au cœur tendre débarque en clip

Chez LillelaNuit, on aime les artistes qui sortent du cadre, qui bricolent des mondes à la frontière du réel et du rêve. C’est peu dire qu’on suit Cœur Kaiju de très près : leur univers hybride, sensible et audacieux nous régale depuis leurs débuts. Le 11 mars 2025, le groupe nous a agréablement surpris avec un clip pour leur chanson éponyme, co-réalisé par Tim, compositeur du groupe, et c’est une petite claque esthétique. Ce projet visuel ambitieux a vu le jour grâce au soutien du fonds Émergence de Pictanovo, et le résultat mérite largement le détour.

Un kaiju pas comme les autres

Entre stop-motion, maquettes, VFX maison et art vidéo, le clip de Cœur Kaiju surprend par sa richesse et sa douceur. Pas de technologies génératives ici : tout est fait main, avec soin, passion… et zéro I.A.

Synopsis :
Un volcan se réveille. La Terre tremble. Une mégalopole est victime de la promenade dévastatrice d’un kaiju… en forme de cœur. Dans ce chaos orchestré, un journaliste, un chauffeur de tuk-tuk et un passant ensommeillé croisent leurs destins. L’union fait-elle vraiment la force ? Le kaiju serait-il… mélomane ?

Cœur Kaiju nous raconte les coulisses du clip

On a posé quelques questions à Tim et Thomas, disponibles pour nous parler du clip et de la direction artistique du groupe.

LillelaNuit : Ce nouveau clip est une vraie expérience visuelle. Quelle a été votre intention artistique en mélangeant autant de techniques (stop-motion, maquettes, VFX…) ?

Tim : Hello et merci beaucoup pour cet article et les jolis mots concernant notre nouveau clip ! L'intention artistique est la même intention que celle de la musique : on voulait tout simplement faire quelque chose qui nous plaît. D'abord on écrit une histoire, puis ensuite on se demande comment on peut faire pour la traduire à l'image, avec la même jubilation que lorsqu'on l'a écrite. Tant que ça reste excitant, c'est que ça va dans la bonne direction. Ici ça a été assez instinctif de traduire à l'image, puisqu'on est quand même dans un hommage appuyé aux films de « Kaijū eiga », qui sont ces films japonais de créatures géantes initiés notamment par le premier Godzilla de 1954. Du coup cette hybridation des techniques, elle vient directement de la direction artistique de ces films là, entre les années 50 et les années 90 je dirais. La base du film de Kaiju, c'est costume et maquettes. Et ensuite, au delà du choix artistique, il y a aussi l'envie de se faire plaisir. Être sur un tournage au milieu des maquettes, c'est un rêve de gosse, vraiment ! Tu joues avec des figurines avec tes ami.e.s, c'est juste merveilleux !

Pourquoi avoir choisi de réaliser ce clip sans recourir à l’intelligence artificielle ? Était-ce une décision éthique, esthétique… ou les deux ?

Tim : Merci de demander, on a effectivement le besoin de revendiquer ça dès le générique de fin du clip, et honnêtement, je pensais pas que j'aurais à écrire ça lorsqu'on a commencé à bosser sur le scénario il y a un peu plus d'un an, mais les proportions prises par son utilisation en roue libre et la place qu'a prise l'IA dans le dialogue autour de « la création », c'est juste catastrophique. On pourrait en parler longtemps !

Mais ici choix esthétique et éthique, clairement. Oui, l'utilisation de l'IA sera top pour des vrais « besoins » de l'humanité mais pas pour des envies de caprices ou des raccourcis artistiques qu'on fera passer pour de la création. Et je suis vraiment pour désacraliser l'acte de création, je fais beaucoup d'actions culturelles en partenariat avec des salles de concert et c'est la base de mon mantra : tout le monde peut faire de la musique. Mais faire de la musique ou des films, ce n'est pas générer de la musique ou des films. La génération par IA est non seulement très moche dans 86% des cas (là c'est subjectif comme avis, bien sûr) mais tu as surtout la garantie absolue de n'avoir pas le moindre espoir d'être original dans ta proposition puisque toute image / musique générée est nourrie par ce qui existe DEJA. Alors bien sûr que tout.e artiste est influencé.e par d'autres artistes à la base... On est clairement la somme de nos inspirations, mais cependant exprimé par notre prisme personnel : notre âme. L'IA utilisée artistiquement, c'est une sorte de brocante gargantuesque de références recraché par un prisme complètement anonyme. Après, en tant que fan de SF... On en reparle peut-être dans 400 ans, si jamais l'IA donne naissance à des androïdes capables de peindre des tableaux beaux à pleurer basé sur leur propre vécu au milieu de l'humanité, je ne tiendrai peut-être pas le même discours. Mais en attendant, c'est juste pas très beau et sacrément sacrilège : le désastre écologique provoqué par la génération par ChatGPT d'images inspirées des studios Ghibli, c'est pas un peu paradoxal compte tenu des messages des films d' Hayao Miyazaki ?

THOMAS : La tentation de l'IA est forte, surtout avec les réseaux sociaux, les « trends ». Il y a tout un système en place qui favorise son l'utilisation et qui donne la sensation d'être à la page, de gagner en visibilité, que c'est cool, et que l'on va avoir une œuvre sans ratures, sans défauts. On ne recherche pas uniquement le résultat, mais aussi toute l'aventure qui va nous y mener : les questionnements, les changements de cap, nos intentions dans ce projet etc... c'est cela qui donne la personnalité à nos chansons et nos clips. Et pas besoin d'IA pour ça, mais du temps ensemble, de la concentration, du fun aussi, et de l'implication.

On ne recherche pas uniquement le résultat, mais aussi toute l'aventure qui va nous y mener : les questionnements, les changements de cap, nos intentions dans ce projet etc... c'est cela qui donne la personnalité à nos chansons et nos clips. Et pas besoin d'IA pour ça, mais du temps ensemble, de la concentration, du fun aussi, et de l'implication.

Le titre du clip est éponyme. Qu’est-ce que le Cœur Kaiju représente pour vous ? Un alter ego du groupe ? Une métaphore ?

Tim : Un peu de tout ça encore une fois !« Kaijū » est un terme japonais pour désigner des « créatures mystérieuses », et la notion de « monstre » est différente de celle véhiculée généralement, un kaijū est plutôt vu comme une force de la nature devant laquelle l'humanité est impuissante, et avec laquelle elle se doit de coexister. En résumé, notre cœur est à la fois capable de détruire des villes (comme Godzilla), mais il est aussi une entité que l'on doit accepter, dans toute son imprévisibilité sauvage, pour commencer à l'apprivoiser.

L'idée du clip est toute simple en fait, on va juste prendre cette image poétisée du "Coeur Kaiju" et l'illustrer de façon littérale !

On sent un vrai tournant dans votre musique : vous passez au chant en français. Pourquoi ce revirement, après vos précédents titres en anglais ? Est-ce une envie d’atteindre un autre niveau d'expression ?

Tim : J'avais déjà écris en français par le passé dans le cadre d'autres groupes, mais c'est vrai que les dix dernières années, c'était clairement en anglais. J'ai recommencé à écrire de la poésie, et l'envie de voir ce que pouvait donner ces sonorités et ces images sur notre musique a beaucoup plu à chacun dans le groupe. En fait, quand on a commencé à répéter avec le nouveau répertoire en français, c'est à ce moment là qu'on s'est trouvé : notre musique trouve sa pertinence et sa vibration en français. Mélanger une pop douce-amère et un base bien groove avec des paroles en français, on trouve ça plus atypique en français, donc plus stimulant, plus singulier. On va quand même sortir quelques titres en anglais mais qui sont des titres déjà écrits, la suite et bel et bien en français ! « Atteindre un autre niveau d'expression », c'est probablement très vrai aussi comme formulation, ça touche autrement, ça se chante autrement... Et le public chante aussi les paroles maintenant, c'est assez fou ça.

Ce projet a bénéficié du soutien de Pictanovo. Qu’est-ce que ce coup de pouce a changé pour vous, en tant qu’artistes émergents ?

Tim : Ça change tout ! C'est bien plus qu'un coup de pouce, c'est littéralement le feu vert à la réalisation du clip que tu as en tête. On fait des clips à plus petits budgets bien sûr mais la garantie de pouvoir payer une équipe plus grande permet de se donner les moyens d'aller au bout d'une vision, c'est un vrai luxe aujourd'hui. C'est aussi l'occasion pour nous d'évoquer une époque où "l'objet clip" n'était pas qu'un support promotionnel au format vertical destiné aux réseaux sociaux (et il y en a de très chouettes hein!), mais la vidéo avait aussi une véritable vocation artistique (comme chez Kate Bush, David Bowie, Eurythmics, Peter gabriel...). Après, le dossier à déposer pour le fond Emergence est un vrai boulot en soi et demande un vrai investissement.

Quels sont les projets à venir pour Cœur Kaiju ? Un album, des dates, des performances live à venir ?

Tim : On a dans l'idée de sortir un single inédit pour l'été, des versions acoustiques à la rentrée, mais on est aussi en effet dans l'écriture et la mise en place d'une entité d'album, avec toujours dans l'idée de sortir des singles régulièrement. Pour l'instant on profite vraiment de la sortie du clip et de sa promotion après l'expérience épique de sa réalisation !

J'en profite aussi pour mentionner toute l'équipe de celui-ci, qui n'a gravement pas compté ses heures :

Eric Bézy : Réalisation || Animation Stop-Motion || Ecriture
Tim Placenti : Réalisation || Écriture || Production || Bruitages
Mathilde Gaillard : Direction de la photographie || Étalonnage
Églantine Bacro : Costumes || Montage
Julien Aillet : Décors
Rémi Soyez : Post-prod VFX
Régie et jeu : Thomas Berthelot , Jérémy Cuvelier

Figuration : Bruce, Ahmed Badaoui, Lucille Braconnier, Eddy Del Degan, Alice Delebecque, Pierre Denjean, Tiphaine Fatou & Annabelle, Caterina Fromont-Placenti, Zelie & Anouk Lemenu Verbeke, Léonie Liefooghe, Alain Plaisant, Dimitri Toebat

Et nos prochaines dates :

18/04/25 (Acoustic) : Soirée écoféministe de Soutien aux militantes de La Brigade Du Respect et aux ecureuil.les || Cooperative Baraka || Roubaix
26/04/25 : Pôle E.c.l.a.t || Willems

14/06/25 : La Pâture | Le Quesnoy
26/06/25 : Ile Aux Fruits || Amiens

21/09/25 (Acoustic) : Journées Du Patrimoine ||Villeneuve d'Ascq

10/10/25 : Théâtre de Denain
18/10/25 : Médiathèque de Nomain

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