Alors qu’une frange du Rap français s’entête à continuer dans le bling-bling commercial, Rapsodie marche à contre-courant, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Alliant le Rap et la musique classique, les jeunes Lillois lient aussi les paroles aux actes. Balata, leur dernière création, vient tout droit de Palestine. Plus précisément du centre culturel de Yafa, au cœur du camp de réfugiés de Naplouse, qu’on appelle justement « Balata ». Alors que le Proche-Orient vit actuellement ses heures les plus sombres depuis très longtemps, Rapsodie y apporte un message de paix, espérant sûrement qu’il soit entendu.
Ce projet de collaboration musicale a vu le jour grâce à l’initiative d'une jeune étudiante en 3ème année de Sciences Po, Sarah Melloul, en stage au sein de l'association « Al Kamandjati ». L’objectif de celle-ci est de mettre sur pied des écoles de musique pour les enfants les plus démunis de Palestine, en premier lieu ceux des camps de réfugiés. Sarah, fervente admiratrice des Rapsodie, propose alors à Sofiane (pianiste et compositeur de l'équipe) d'organiser une tournée au Proche-Orient, avec plusieurs dates à Ramallah, Jérusalem, et Naplouse. La ville de Lille, jumelée avec cette dernière se joint au projet en payant les billets d'avion des quatre jeunes rappeurs, l'association se chargeant de l'hébergement et des déplacements sur place. Après dix jours de tournée du 17 au 27 juin, le voyage se termine par une rencontre musicale au camp de réfugiés de Balata. Sofiane explique : « Il fallait œuvrer avec l'instant présent, saisir tous les matériaux disponibles et volontaires ! Tous souhaitaient s'exprimer. Chacun à sa manière : le professeur de musique qui écrit le refrain, les enfants, le joueur de oud, de derbouka, de bendir, les 2 MCs Abood et Ali, les 2 solistes Israa et Mohammed… ». C'est ainsi que naît le clip ci-dessous.
Comme ces Lillois aiment à le répéter : « la musique n'a pas de frontières ». On retrouve donc dans cette vidéo un mélange des genres avec des chants en français et en arabe, sur une magnifique mélodie orientale à base de derboukas, ouds et violons. Bercés par cette musique si particulière, les images le sont tout autant : une vie quotidienne paisible, des enfants qui jouent au football, font de la musique, s'amusent... Rapsodie nous montre un autre visage de cette région du monde, qu'on a plutôt l'habitude de voir constamment en guerre aux journaux télévisés.
Malheureusement, quelques jours seulement après le départ des rappeurs lillois, la zone s'embrasait à nouveau. Ainsi, même si la musique ne règle pas les conflits humains les plus complexes, on ne peut que s'incliner devant tant d'engagement de la part de Rapsodie, d'avoir apporté du bonheur à la population locale, et surtout des sourires sur les visages des enfants, à l'honneur dans Balata.
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Prelude - Premier EP des Rapsodie
