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Alex Beaupain « Pas plus le jour que la nuit »

Alex Beaupain « Pas plus le jour que la nuit »

Alex Beaupain Pas plus le jour que la nuit Style : Chanson française Sortie : 04/10/2019

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Certes avec Alex Beaupain, on sait qu’on ne va pas passer le plus joyeux des moments mais ce mélange entre sagacité et gravité propre à l’artiste ne nous a jamais déçu alors pourquoi en serait-il autrement ?

L'Amour, toujours l'amour

Rien qu’à cette pochette, au fusain noir rehaussé d’un titre rouge (la couleur de l’Amour), on comprend que les fondamentaux beaupinesques ne sont jamais très loin… mais est-ce seulement ça ? Cela se confirme en tout cas dès les premières notes de Tout le contraire de toi, ode à la mélancolie et à la rupture où les souvenirs d’une relation s’entremêlent dans les différentes pièces de la maison.

Le bisontin, tel un Georges Perec, associe ensuite dans un schéma musical delermien (clavier/voix) des tranches de vie qui lui reviennent tels des clichés issus d’une vieille pellicule Ektachrome. Le but final étant de faire le tri pour laisser une place conséquente à l’Être aimé.

L’Amour, toujours l’Amour… et les déconvenues qui vont avec, clairement le sujet de prédilection du chanteur. Cette fois il emmène dans l’aventure l’indispensable Clara Luciani pour ce que l’on pourrait appeler un Je t’aime, moi non plus. Entre attirance, désir, impatience, une fois le but ultime atteint, chacun se demande si le jeu en valait la chandelle… on vous laisse deviner la réponse du personnage.

Le Beaupain affectif laisse une place prépondérante au Beaupain politique

Toutefois le Beaupain affectif laisse une place prépondérante au Beaupain politique. Esquissé déjà dans le célèbre Au départ, le pendant communiste apparaît avec Cours Camarade, là aussi symbole d’une lente déchéance. Les sirènes pour leur part se veulent plus alarmistes quant à l’état actuel du globe, sonnant de pays en pays pour apporter leur lot de catastrophes en tout genre.

Mais c’est surtout Orlando, poignant récit du massacre perpétré dans cette boîte de nuit qui nous fait le plus vif effet : poétiquement glacial. En quelques strophes, le sieur Beaupain sait restituer l’atmosphère de ce funeste événement sans pour autant tomber dans le pathos. En deux phrases tout est dit : « Ce sont juste des gens qui s’embrassent, mais pour certains c’est déjà trop ». A méditer.

Musicalement le bât blesse un peu

Musicalement c’est là où le bât blesse un peu. Le court album (38 minutes) manque à notre goût d’un peu plus de couleurs (forcément avec une pochette au fusain…), là où un Loin avait su varier les plaisirs sans pour autant trahir les messages de l’artiste. On trouve en effet beaucoup d’atmosphères planantes qui, bien que délivrant de subtils messages, ont du mal à nous laisser un souvenir impérissable.

Deux exceptions notables avec le titre éponyme et son riff de basse entêtant symbolisant les tumultes d’une soirée laissant quelques séquelles. Diastème ensuite évoquant lui aussi les plaisirs charnels et leurs conséquences. Au travers de ce diptyque on constate que la recette s’adapte parfaitement au ton du chanteur alors pourquoi ne pas avoir creusé cela un peu plus ? Voilà notre principal regret.

Alex Beaupain fait toujours preuve de cet indéniable talent poétique

Pour conclure, Alex Beaupain confirme nos déductions à savoir que l’homme avait des choses à dire dans cet album. Par l’entremise de Poussière Lente, ce dernier évoque le siècle finissant, la mer [vomissant] des enfants sur nos plages, les arbres, les animaux dont il faut désormais parler au passé. « Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière », telle aurait pu être l’ultime ligne de ce titre, dramatique constat d’un monde courant à sa perte et à une mort certaine si rien n’est fait.

Dans l’ensemble c’est à un Alex Beaupain toujours aussi interrogatif face aux relations humaines comme aux actions de l’Homme que nous avons eu affaire dans ce nouvel opus. Habité par ce léger spleen qui fait son charme, l’artiste fait toujours preuve de cet indéniable talent poétique, et ce pour notre plus grand plaisir. Un soupçon de folie dans les arrangements et l’on aurait assisté à une très grande production. Néanmoins pour juger de la qualité de tout cela sur scène, savoureux hasard du calendrier : rendez-vous au Splendid le 14 février prochain !

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