IAM aura récompensé la patience de ses fans avec brio. L'attente a été longue depuis Saison 5 qui n'avait pas fait l'unanimité mais ces six années d'absence auront permis au groupe de pondre une véritable pépite digne de L’École du Micro d'Argent qui signait en 1997 l'apogée du groupe.
Avec Arts Martiens, on retrouve leur éternelle identité marseillaise mais surtout, la finesse d'une plume et la justesse de textes rythmés par un flow précis et des instrus choisies avec adresse. Comme ils l'affirment dans « Spartiate Spirit », le premier titre de ce 6ème album studio, les maîtres du rap français sont « toujours là ».
L'empreinte marseillaise d'IAM a toujours été très présente, telle une marque de fabrique du groupe. Dans Arts Martiens, on retient évidemment « Notre Dame veille » qui condamne le goût amer que laissent certains quartiers qui ne sont plus ce qu'ils étaient. Cependant, la plupart des titres de ce nouvel opus sortent des frontières et se distinguent par une vraie dénonciation politique et de nombreux ricochets sur l'actu qui concernent tout le monde. Ces revendications sociales sont parfaitement illustrées dans « Pain au chocolat » ou « Tous les saints de la terre ».
Sans être pessimiste, cet album répond davantage à une prise de conscience d'IAM et respire la lucidité d'un groupe qui a vécu. Le recul sur l'amitié et les années qui passent, entre confiance et désillusion, est aussi l'un des grands thèmes abordés que l'on retrouve par exemple dans « Après la fête... » ou « Sombres manœuvres » qui signe le retour d'Akhenaton.
On retrouve enfin l'essence d'IAM, un combat qui ne s'arrête jamais, dont les mots sont la seule arme. « Mon encre, si amère » ou « Debout les braves » font partie des titres qui rendent hommage à la force de l'écriture et la liberté d'expression qui leur sont si chères. « Dernier coup d'éclat » s'inscrit dans la continuité de ce fil rouge et conclut cet album avec émotion et authenticité.
La richesse des références mythologiques, historiques, fantastiques et politiques ajoute de la puissance aux textes et fait d'Arts Martiens un chef d’œuvre entier qui a tout pour conquérir fans de rap français et autres adeptes de son bien maîtrisé. La pochette ne fait qu'augmenter le niveau de qualité artistique de l'album : une réalisation graphique pointue et une référence à leur fascination pour l'Asie, qu'ils considèrent comme le berceau de notre civilisation, que l'on retrouve dans leurs initiales « Imperial Asiatic Men ». Une chose est sûre : les grands sages du rap français sont de retour.
Vous l'aurez compris, ceci est une invitation plus qu'explicite à aller l'écouter, et pour ceux qui auraient besoin de le découvrir en live pour être définitivement convaincus, IAM sera au rendez-vous sur plusieurs festivals cet été : Terres du son et Dour Festival entre autres !
