Aujourd’hui24 événements

Avec « Saint-Clair », Benjamin Biolay touche le divin du doigt

Avec « Saint-Clair », Benjamin Biolay touche le divin du doigt

Benjamin Biolay Saint-Clair Style : Chanson Française Sortie : 09/09/2022

Site Web

On avait quitté Benjamin Biolay il y a à peine 2 ans au volant d'un Grand Prix ayant emporté avec lui bien des foules et une tournée quasi sold out que le voilà déjà de retour dans un tout autre registre. Point de moteur pétaradant cette fois mais des souvenirs comme essence, et c'est tout aussi intéressant.

SAINT-CLAIR, ENTRE REMINISCENCES DE JEUNESSE ET FRAGMENTS AMOUREUX

"Saint-Clair", à la connotation a priori religieuse, nous invite à ressentir toute la mystique de ce mont sétois et plus généralement d'un Sud si cher à ce pourtant Lyonnais pur jus. Sète, pour Benjamin Biolay, c'est avant tout des réminiscences de jeunesse ("L'eau salée de la Camargue, la plage de la Baleine" dans (Un) Ravel) mais également des fragments amoureux, thème définitivement ancré chez l'artiste.

Car c'est bien l'Amour le véritable fil conducteur d'un album aussi riche en sonorités rock que l'impose la puissance de ce sentiment. Idylles déchues avec un Rends L'amour ! des plus équivoques ou Pieds nus sur le sable et son flow que n'aurait pas renié Marc Cerrone. Séduction ardente avec Les joues roses et "Ta gueule d'amour, ton corps de sainte". "Premières rencontres [mais aussi] mauvaises personnes" sous Les lumières de la ville. Autant d'éléments qui font le sel de la Passion, l'ensemble étant d'ailleurs sublimé par des vagues synthétiques exécutées sans jamais la moindre faute de goût.

Plus de doute, la période argentine de BB semble plus que jamais rangée dans les tiroirs, seul perdure le caractère latin, entre pudeur et excès mais toujours de manière tranchée. Et ce n'est pas cette voix de plus en plus rauque, parfois outrancière, qui dénuera l'album de cette fascination planant sur l'intégralité de cette production.

UN ALBUM A NOUS POUSSER JUSQU'A LA DEVOTION

Du mont Saint-Clair à la montagne Sainte-Victoire il n'y a qu'un pas que le maestro franchit allègrement en invitant l'incontournable Clara Luciani pour un duo au sommet. Amour toujours (comme dirait cette dernière) il en est une nouvelle fois question autour d'une histoire sur le point de vaciller, rendant l'harmonie des voix du Saint Biolay et de la Santa Clara voluptueuse à souhait. Un grand moment.

Mais arrêtons-nous un instant aussi bien sur la pochette que sur la tracklist. Sans affirmer que l'artiste a puisé son inspiration dans le secret des dieux, celui-ci nous offre néanmoins un quatuor de saints : Clara déjà évoqué, Rita et ses causes perdues, Germain ou le symbole de la fugacité, Clair en clôture pour une ultime dédicace sudiste. De quoi élever encore un peu plus un album qui pourrait nous pousser jusqu'à la dévotion, tant il respire le talent.

JEU, SETE ET MATCH POUR BENJAMIN BIOLAY

Mais cette atmosphère empreinte de spiritualité n'empêche pas de s'étourdir épisodiquement lors de moments que l'on se remémore avec un plaisir diablement coupable. Preuve en est avec ces Numéros magiques et leur leitmotiv des plus crus à base de "Sexe, drogues, rock, b*te, transe électronique". Un titre sulfureux mais un véritable bijou classé X.

Même si la fin de l'album s'essouffle un peu avec des titres ayant le doute pour dénominateur commun, on relèvera tout de même le "Curesque" Forever et surtout le titre éponyme où l'électro-rock en atteint ici son paroxysme. C'est désormais la fin d'un voyage qui se termine aux premières lueurs du jour et que l'on pourrait résumer en un "Jeu, Sète et Match" tant le brassage lyonno-sétois fonctionne divinement.

Nous vient alors cette interrogation : Mais où s'arrêtera Benjamin Biolay ? Tant son ascension au plus haut des charts semble inéluctable. Une chose est sûre, voilà encore un album qui tutoiera les étoiles. Mais avant de s'envoler, restons sur la terre ferme pour aller applaudir l'artiste dans une homélie rock'n'roll qu'il nous tarde de découvrir au Zénith de Lille lundi 4 décembre 2023.

Revenir au Mag Chroniques
À lire aussi
218 queries in 0,203 seconds.