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Cannibale « No Mercy For Love »

Cannibale « No Mercy For Love »

Cannibale No Mercy For Love Style : Afro Beat & Garage Normand. Sortie : 03/03/2017

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Un album délicieusement inclassable, c'est toujours jubilatoire, quand tant de disques se logent aisément dans les systèmes de classement que nous avons tous inventé un jour pour les ranger. Enfin,  avant que le numérique s'en mêle et qu'il n'y ait plus aucun obstacle entre notre pensée et notre écoute. Avec l'album de Cannibale, on risque de rester extrêmement longtemps devant l'étagère sans pouvoir se décider. Tout le bonheur de ce disque est là. Il est partout, il est nulle part, Africain, Garage, Psyché, Normand, Américain, Sixties et futuriste. Tout ça dans la même phrase, on assume. Et tout ça bientôt dans la même salle, pour le Grand Mix hors ses murs en reconstruction totale, avec Concrete Knives en super bonus.

Quand la musique commence, on se dit carrément qu'on est chez Fela et que c'est Tony Allen qui ouvre sa charleston tant le drumming semble sortir d'un disque de l'un ou de l'autre. Mais quand même, signés chez Born Bad, vingt ans de carrière dans 43 groupes au moins, habitants d'un hameau de trois cents âmes, ça fait léger pour penser au Nigéria de Lagos, non ?

Au détour de ces débuts façon Afro beat survient une voix complètement détonnante et distanciée, presque proche d'une forme de dandysme, immédiatement relayée par des chœurs. On se régale de cette déroute permanente, de toutes ces fausses pistes, mélodiques et rythmiques. On reproche assez souvent à la musique de tourner en rond, en 4/4 et en couplets ponts refrains, pour ne pas saluer cette sortie permanente des sentiers battus. Installés quelques minutes dans un mix de funk caribbéen, on se fait presqu'immédiatement bousculer par un orgue qui semble tenu par le Ray Manzarek des Doors ou le Dave Greenfield des Stranglers. Dès qu'on a enfin l'impression de se trouver dans une petite zone de certitude, les cannibales normands prennent un plaisir carnassier, et teinté de dérision, à nous emmener ailleurs au gré de magnifiques contretemps et de basses rondes et chaloupées. Ils parlent eux-mêmes de parenté assumée avec la Cumbia autant qu'avec le rock garage. Avouons que la section "Rock Garage Cumbia" de notre discothèque ne comporte pas beaucoup de volumes. La Yegros qui jamme avec les Seeds ? Un groupe de jeunes nourris de toutes ces cultures ? « Sortir notre album à plus de quarante balais, ça nous fait bien marrer. Evidemment qu’on y croit toujours, on fait que ça, ça nous maintient en vie ».

On n'a en tout cas jamais rencontré un aussi sympathique anthropophage, dont la musique est justement extrêmement charnelle et incarnée, vivante et plurielle. C'est totalement ingérable et les écoutes multiples ne vous sauveront pas. Laissez-vous porter et débranchez toutes les zones trop cérébrales de votre cortex, elle ne sont d'aucun secours. Filez au concert à Tourcoing, LA double affiche du 29 mars : entre les couteaux et le cannibale, ça risque d'être aussi tranchant que mordant. 

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