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François Long « Light years from home »

François Long « Light years from home »

François Long Light years from home Style : Pop interstellaire (Mars.) Sortie : 04/11/2016

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Alors qu'on s’apprêtait à l'écoute un peu paresseuse de son premier album, se disant que le bassiste des Rabeats avait sûrement fait un disque au son beatlesque, un de plus, François Long nous avait déjà sérieusement remis les idées en place et une claque très salutaire. Si l'album venait bien de cieux bénis, il était plutôt amené par les Spiders et depuis Mars que par Lucy, fut-elle In the sky with diamonds. On avait écrit une chronique en forme d'excuses ultra plates pour signaler ce disque impeccable et racé. Light years from home, est là, sur nos platines, prêt à en découdre et la bête, blessée et peinée, va se défendre.

Si François posait de face et qu'il a l'air ici nettement plus pensif, c'est que sans verser dans le pathos inutile, les temps ont été plutôt rudes. Quand on perd un père, une mère, un père spirituel en la personne de Bowie et un frère d'armes scénique avec Hubert Mounier, le chanteur de l'Affaire Louis Trio dont on a été le bassiste, on peut à bon droit voir l'humeur s'assombrir et les nuages noircir. Le disque n'est pas plombé, le sens de la dynamique des compositions est intact, mais quand même, des ombres douloureuses planent. Malheureusement, la vie fait ce qu'elle veut.

Quelques sanglots pudiquement retenus s'entendent, au loin dans le mix, noyés dans une peine d'une intensité poignante. Une mother dont on espère entendre un jour à nouveau un come on, son ou une très célèbre étoile, chef des Spiders from Mars, partie également brûler en étoile filante et mystifier une dernière fois la planète. Voilà qui pourrait alourdir le disque, le rendre solennel à l'excès mais François s'en sert comme d'un moteur : ce sera douloureux mais empreint d'une très belle fierté tendue, de guitares subtiles et extrêmement variées. Il a varié son angle d'approche mais sa science immense de la dynamique des titres est toujours aussi appréciable. Il a une perception aiguë de cette fraction de seconde où le morceau peut perdre en intensité et c'est toujours à la nanoseconde près qu'il installe une relance : le solo à tomber de The Damage is done par exemple, qui ne s'éternise pas, le synthé à la Baba O'Riley pour démarrer Satellites, la grande ode à David Bowie, carillon d'étoiles musicales en tissage de guitares fines, splendide. La voix d'Élise Marianne vient donner le ton, d'autant qu'elle a également écrit les paroles. Elle a raison : There's a doorway to the stars, beyond the frailty of reason, we've seen it in your eyes, when the lights were dim. La qualité technique d'un musicien n'assure jamais, parce que la musique est sans pitié, la qualité de ses compositions, mais quand même, on reste un peu songeur quand on sait que si les batteries sont de Flamm et de Simon Postel, tout le reste est... de François lui même. A l'écoute, ça pose un musicien.

On se laisse reprendre par l'introduction de Spider que ne renierait pas David Gilmour et on se dit que vraiment, on a là un magnifique deuxième disque... juste avant que de nouvelles contrées s'ouvrent dans cette constellation cosmique des adieux douloureuxDusk nous emmène ailleurs, totalement, au pays du Krautrock et c'est la voix d'Élise qui déclame ce poème spatialLight years from sorrow. On se quitte sidérés en secouant toute cette poussière d'étoile, le son des adieux déchirants à Paddy résonne, nous sommes emportés encore par la tonalité très Who de Shine no shadow sur laquelle Flamm, batteur des Rabeats, vient chatouiller Keith Moon. Faut oser. 

Décidément, François n'aime pas du tout qu'on le catalogue. On attend avec une impatience déjà intenable sa troisième claque, à des années lumière d'un simple disque maison.

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