Vanessa Paradis veut bien faire les choses. Elle a toujours su s’entourer : commencer sa carrière avec Gainsbourg ce n’est pas rien. Rappelons également son électrique collaboration avec Matthieu Chédid. Cette fois, c’est au tour de Benjamin Biolay, qui a écrit et composé 8 chansons pour elle. Cinq d’entre elles ont été retenues pour son nouvel album. Elle marie donc son talent à celui des autres, mais sans perdre de vue ce qu’elle veut.
Six opus en 25 ans de carrière : Vanessa Paradis aime prendre son temps et entrecouper sa carrière musicale par d’autres activités comme le cinéma. Sorti le 13 mai 2013, « Love songs », produit par le charismatique Benjamin Biolay, comporte un double CD : 22 titres bercés par la voix douce, posée, sans artifices inutiles de la chanteuse. Sortant cette fois de la logique commerciale de l’album à 10 titres, elle ose et s’affirme dans des sonorités parfois inattendues, s’aventurant entre jazz, soul, reggae et pop. On est bien loin de l’électrique « Divine Idylle ». Alors certes, l’album parle d’amour, de joie, de désillusions, d’espoir, de séparations… Mais le tout est abordé sans naïveté. L’on ressent une certaine légèreté à l’écoute de l’album, une envie de voyage, de prendre la vie avec imprudence et délicatesse.
C’est « Au-delà » qui ouvre l’album, sur fond de guitares acoustiques, la voix de Vanessa Paradis se fait grave sur cette première ballade, composée et écrite par Mickaël Furnon (du groupe Mickey 3D). On retrouve également François Villevieille, la moitié du groupe français Eléphant, qui a écrit et composé le titre « Les Espaces et les sentiments », une ballade pop légère et entraînante qui rappelle certaines sonorités de son précédent album. Le tout est servi dans une bulle d’arrangements épurés mais efficaces : une instrumentation enchanteresse qui nous emmène souvent là où on ne s’y attend pas. C’est par exemple le cas de « Prends garde à moi », écrite et composée par Benjamin Biolay, titre pop acoustique qui surprend par ses envolées de cuivre, non sans évoquer un certain Marvin Gaye. « Tu pars comme on revient » étonne par l’éclectisme de l’instrumentation : le riff mélodique de la guitare se confond avec un violon et quelques notes de pianos, mais c’est surtout la montée en puissance et en énergie des percussions qui étonne et éclaircie cette ballade qui au final n’en est pas une.
Le deuxième CD, loin d’être celui de trop, comporte des titres mélancoliques à l’instrumentation très riche. « Le rempart » écrit et composé par Mathieu Boogaerts évoque la fin d’une relation, le tout sur une guitare classique aux allures flamencos, se fondant avec une deuxième guitare électrique et un air de violon gracieux. Impossible également de passer à côté de l’émouvante « Chanson des vieux cons », chantée presqu’entièrement en piano-voix, avec Benjamin Biolay aux chœurs. Ce titre de variété sonne comme un hymne de bilan, non sans rappeler le « Non, je ne regrette rien » de Piaf. Sur « Les Roses roses », également écrite et composée par Biolay, leurs deux voix se joignent pour une ballade délicate et apaisante qui va clore l’album. Vanessa Paradis assume l’étiquette de « variété française », loin d’en faire une musique du passé, elle la modernise et en revient à son sens premier : la variété est une musique susceptible d’intégrer toutes les sonorités.
Finalement, le premier single « Love Song » est peut être un des titres qui ressemble le moins aux autres. La pop-funky addictive, très efficace, est un choix bien judicieux pour la mise en avant de l’album, mais loin de représenter l’étendue de ce que l’on peut entendre dans les 20 autres titres.
Autant de titres que l’on aura l’occasion de découvrir sur scène, notamment le 13 décembre au Zénith de Lille.
