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Luke de retour avec « Porcelaine »

Luke de retour avec « Porcelaine »

Luke Porcelaine Style : Pop Rock Sortie : 15/03/2019

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Il faut bien l’avouer, Luke sonne pour nous aujourd’hui comme une redécouverte tant nous avions perdu la trace de ce pourtant prometteur combo bordelais. Formation ayant trusté les charts dans les années 2000 avec des hits comme Soledad, La Sentinelle ou Stella, cette dernière n’a jamais cessé de produire et de se renouveler. En atteste le tournant pris en 2015 avec Pornographie qui voit arriver une équipe entièrement remaniée autour de son frontman Thomas Boulard. Album très différent, peut-être moins accessible mais offensif et avec moult choses à dire, voilà qui esquissait un net retour aux affaires des frenchies. C’est dire s’il nous tardait d’observer si le virage entrepris quatre ans plus tôt allait se confirmer aujourd’hui avec Porcelaine.

Un album RADICALEment tourné vers le pop rock

Ce qui saute tout d’abord aux yeux ou plutôt aux oreilles c’est la volonté musicale d’un album radicalement tourné vers le pop rock, un pop rock non commercial mais bien ancré dans son temps. Entendons par là des notes électroniques rappelant par fines touches les récentes productions de Muse à l’image du riff d’entrée de Sauvage et Fugitive ou la nappe synthétique de Flèche. Le titre éponyme est quant à lui des plus efficaces, vous entrant dans la tête pour ne plus la quitter. Un titre qui mériterait davantage d’exposition qu’actuellement.

Côté textes le sieur Boulard avance toujours autant de doutes envers la société actuelle : « En surface la vie est belle mais rien n’est moins sûr » (Porcelaine) « Dis-moi pourquoi le ciel nous brûle, pourquoi tout est ridicule » (Dis-moi). Toutefois, la plume semble moins trempée dans le vitriol que dans le précédent opus et ce n’est pas forcément déplaisant afin d’éviter les sempiternels regards vers Saez.

Basse lourde et arpèges de guitares bluesy, On est pas des machines nous fait d’entrée forte impression, faisant resurgir le Luke des débuts et son rock sombre qui en avait séduit plus d’un. L’album n’est, vous l’aurez compris, cependant pas dans cette optique, Luke ayant choisi d’affirmer une proposition pop-rock et ne s’en cache pas. Dommage diront certains, d’autres préféreront au contraire souligner cette remise en question et ce désir de renouvellement.

Un constat peu reluisant de notre époque

Avec Dis-moi, on a le sentiment que Thomas Boulard s’est un temps métamorphosé en Ours (le fils Souchon, pas la bête) tant la mélodie sur les couplets nous rappelle étrangement le titre Orange. Perturbant mais pas désagréable.

Saluez les ombres fait à nouveau un clin d’œil au Luke old school avec son tempo accrocheur sublimé par la guitare sèche (très peu d'électrique sur cet album). C’est encore une fois à un constat peu reluisant de notre époque auquel nous assistons à travers la plume de Thomas Boulard. « On regarde nos montres sans amour et sans joie » résume assez bien cette course perpétuelle contre le temps dictée par le monde qui nous entoure… au détriment de ceux qui nous entourent, relégués au rang de fantômes.

A l’écoute des premières notes de la piste suivante, nous défions quiconque de ne pas fredonner l’Original Sin d’INXS. Fruit de notre imagination ? Hommage déguisé ? Dans tous les cas C’est immense. Mélodie efficace et hymne au lâcher prise, ce n’est peut-être pas la pièce maîtresse de cette galette mais on a affaire là à un élégant morceau.

Un pari osé et plutôt réussi pour Luke

Loin du cliché mille fois ressassé rapprochant Luke de Noir Désir, difficile toutefois de faire impasse à cette référence lorsque l’on entend les textes et le phrasé du chanteur sur un titre comme On rêve. On se met alors à fantasmer une collaboration entre les deux leaders qui aboutirait certainement à une œuvre des plus explosives.

Mais restons sur terre, Libre comme l’est la dernière plage de cet opus. Et quoi de mieux pour conclure qu’un hommage à celle qui est notre Avenir comme le disait Aragon, à savoir la gente féminine. Preuve s’il en était besoin que la fibre poétique de Luke reste tout à fait compatible avec son esprit revendicatif.

Bref l’on ressort de ces 37 minutes avec un sentiment similaire à celui ressenti à l’entrée, celui d’avoir redécouvert le groupe. Alors certes cet album est par endroits inégal et frustre assez notre appétit rockeur, mais force est de constater que cette prise de risque ne fonctionne pas si mal. Si l'on se positionne bien dans l'optique d'un album à dominante plus pop que rock alors l'on peut affirmer que ce pari osé est plutôt réussi. Tâchons de dissiper nos ultimes réserves lors du passage de Luke le 29 mars prochain à Santes dans le cadre du festival Deci-Delà. C’est très certainement à cet instant que l’on voudra encore davantage rattraper le temps perdu, affaire à suivre donc.

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