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Marillion, F.E.A.R.

Marillion, F.E.A.R.

Marillion F.E.A.R Style : Rock progressif Sortie : 23/11/2016

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Le dossier du rock que l'on dit progressif (par opposition au rock régressif sur trois accords ?) est l'un des plus amusants de l'histoire du rock. Une fois les scènes envahies de triples synthétiseurs et de concerts de quatre heures en volutes envapées interminables, il n'est pas impensable de se dire que le punk est venu balayer tout ça de manière assez salutaire, même si on ne savait pas jouer et que ce n'était pas très grave. On apprendrait. Il ne fallait plus, du tout, jamais, mais alors non, vraiment, écouter un album de rock progressif, même si on a fini par ne plus très bien savoir ce que ça pouvait être, à force de... ne pas en écouter. 

Et Marillion alors ? Écrasé sous les qualificatifs négatifs les plus lourds, taxé de Genesis du pauvre pour faire court... Aucune chance dans le landerneau critique. Dossier classé, donc, c'est pas in, c'est pas hype. A moins qu'on se dise qu'on peut aussi écouter l'album, celui-là par exemple, F*** everyone and run, tenter de poser le problème uniquement musicalement, se rappeler aussi que des gens aussi brillants que Steven Wilson, Tim Fromont-Placenti, François Long se réclament du prog et en assument pleinement l'héritage. Voilà ce qu'on devrait se contenter de faire, toujours : poser le disque sur la platine, l'écouter sérieusement, mettre ses préjugés dans sa poche, monter un peu le son et se dire comme aux plus belles heures de la série lors des arrivées d'acteurs tartinés d'hémoglobine factice aux Urgences de Doug Ross et de Peter Benton :  Qu'est-ce-qu'on a ?

On a au fond, un bon disque de rock... progressif, qui peut tout à fait ravir d'autres oreilles que les passionnés du genre : plutôt planant, plutôt floydien, plutôt soft, dont le son, les textures, les strates, sont incroyablement travaillées. La musique ne devrait jamais être faite pour le casque, il lui faut de l'air et des respirations, c'est un souffle porté, mais il faut avouer qu'avant d'avoir épuisé la richesse sonore du disque et pouvoir en nommer toutes les composantes, il faudra creuser. C'est ce qui rend le disque foisonnant et passionnant. Rivières rêveuses et profondes, impression tenace de survoler en drone des vallées verdoyantes, plongées psyché en eaux bleues sidérées de Stratocaster limpide en torpilles sous-marines et voyages sensoriels garantis. Chant posé et textes acides, à propos des New Kings, le monde de la haute finance, ceux qui escroquent tout le monde et se barrent.

Pas de gros son, pas de barouf dévastateur, une série de progressions totalement orchestrées et maîtrisées qui viennent éclater en points d'orgue harmoniques, sans jamais noyer le travail de précision dans le bruit. Même les explosions restent claires comme des nuits de pleine lune.Il faut, absolument, se laisser porter par ces avancées, ces lenteurs posées, ces reculs subtils, savoir scruter dans l'ombre le musicien qui ne joue pas et qui attend très patiemment son chorus, persuadé de l'intérêt du non-joué, en suspension dans l'air, with angels that come when all is lost, In golden light at dead of night, ce type d'ambiance. Tout à fait réussi en fonction des codes du genre. A donner vraiment envie de les voir à l'Aéronef le 9 décembre d'autant qu'avec les vidéos de Simon Ward, ça devrait envoyer du lourd. C'est pas hype? f*** everyone and run.

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