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« Mirror for Heroes » de Lena Deluxe

« Mirror for Heroes » de Lena Deluxe

Lena Deluxe Mirror for Heroes Style : Pop and soul Sortie : 18/05/2015

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Dès l’abord de ce disque "Mirror for Heroes" de velours et de braise, on perçoit la douceur ouatée et la force de cette voix, désireuse de venir nous chercher par la main, sans forcer, sans hurler, au son d’un accord répété qui prendra peu à  peu de l’ampleur et de la rondeur avec l’arrivée d’une basse souple. On a travaillé sur le mode analogique pour obtenir ce résultat chaleureux avec l'ingénieur du son de Kravitz et Jagger, Henry Hirsch, mais on ne fait jamais un bon disque avec ce seul atout. Un producteur peut magnifier l’œuvre mais il n’écrit pas souvent les chansons. On comprend qu’on mette ce nom en avant parce qu’on l’imagine mal perdre son temps, mais quand même, qu’on laisse donc à Lena Deluxe son mérite. Seule. 

On est immédiatement emmenés par sa voix extrêmement sûre, capable de nuances très subtiles, pleine et habitée. Qualité superbe, le disque ne  laisse jamais le propos s’éterniser. Si elle aime les sixties et qu’elle le concède volontiers, elle en a aussi gardé le très salutaire sens de la concision. Quand tout est dit, on ne se répète pas, même dans un anglais absolument impeccable. On n’est jamais dans la saturation des effets, le disque  laisse de la place à son auditeur : ligne claire pour les guitares, parfaitement mixées et aérées, de l’espace, des réverbérations magnifiques, une soul impeccable. Classe. Un vrai songwriting.

On imagine ce que ce disque vaut pour elle. On n’en rajoute pas mais on ne peut que songer au prix payé, coincée à NYC par la mononucléose, sans la moindre force, soignée par la femme du producteur. Il faut de la foi et de l’âme, une soul que l’on retrouve, voix doublée sur le refrain, dans le magnifique Kill the king, dansant comme un stomper de club de Detroit. Orgue groovy, touche d’écho, basses rebondies, le disque est extrêmement soigné quant à la ligne qu’il suit, un son organique et naturel, humain. Tout respire le sens aigu du placement, de ce qu’il faut jouer, de ce qu’il faut laisser, comme dans le splendide In the Rainbow, où un piano crépusculaire et solennel vient accompagner la voix seule dont l’intensité ne cesse de monter, bientôt rejoints par la basse et les cordes, qui emmènent le morceau à des hauteurs extrêmement émouvantes. Sublime et dépouillé.

Les sixties ne sont pas un paravent commode, une époque calquée dont on suit les contours en reliant les points : nous ne sommes pas dans le pastiche, c’est l’écrin au sein duquel elle a choisi de s’exprimer parce que ce sont ses lettres, ses références, Like the Beatles in 1961, c'est une ligne dans le texte, on emprunte certes au Velvet underground, mais ça s’arrête là.

Ecoutons le disque et ses nuances, sa profondeur et ses échos, ses intentions et ses silences, les scansions répétées de Ladybird, par exemple, que ne renierait pas David Byrne, les guitares giflées de Nowhere to go, les chœurs de sirène qui s’entrecroisent avec la voix et le violoncelle de D DayÉcoutons-le en une fois, sans bouger, droit dans les yeux, religieusement, puisqu’il a été enregistré dans une église désaffectée. Il le mérite. 

Toutes les dates de concert à venir sont sur le site officiel.

 

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