Après un album décevant, et vu l'évolution musicale que semblait prendre le groupe, on pourrait s'attendre à un résultat moyen pour "Alphabet Prison". Pleymo prend pourtant tout le monde à contre-pied en sortant un album de qualité sur tout les plans. Fans de néo-métal, soyez au rendez-vous !
Pleymo ! L’emblème du néo métal français pour certains, l’incarnation-même du groupe commercial pour d’autres … sûrement un peu des deux en fait. A l’origine de ce succès ? Un gros coup de bol à la base, sans doute, mais de l’acharnement aussi, de la volonté, de la nouveauté, et du talent ! Car qu’on n’adhère ou pas, les ptits frenchies de pleymo ont du talent, c’est incontestable ! Le reste n’est qu’une question de goût.
Pour en revenir à nos moutons, c’est en rentrant chez moi après une journée de boulot fatigante que je découvre l’enveloppe marquée « Talent sorcier »… enfin, pleymo ! Fan inconditionnel dès leurs débuts, je n’avais pas compris leur évolution avec « rock », album que je trouvais décevant … pleymo influencé par kyo ? Une basse absente, une batterie trop discrète, des guitares insipides malgré quelques riffs vaguement accrocheurs et surtout, plus de chant à la pleymo… de la soupe en gros … allaient-ils oser remettre ça avec « Alphabet Prison » ?
J’ouvre le cd, la première chose qui me saute aux yeux est une pub pour leur tournée et la vente de T-shirts … j’avoue que je suis inquiet … les maitres du néo-métal comme deftones, rage against the machine et j’en passe auraient-ils fait ça ? j’en doute … Kyo par contre l’aurait fait …
Je glisse timidement « Alphabet prison » dans le lecteur, appuie sur play et c’est parti. Les premières secondes filent et je suis surpris … en bien. Une bonne batterie, des bons samples derrière, suivis par un bon riff de gratte … ça commence bien. Voilà Mark et son flow, pas aussi bon qu’aux premiers jours certes, mais tout de même agréable. Rien à voir avec de la pop-rock, ça fait plaisir ! L’ambiance de « Vanité » est travaillée, bien lourde et sombre, ça ressemble déjà plus à du métal qu’à de la chanson française. Au bout de 2 minutes ça se calme avec un excellent break. Guitares saturées qui trainent, relayées par un duo basse-batterie solide, sur lequel viennent se greffer les grattes et le chant. « J’rentrerai jamais dans votre cage, j’rentrerai jamais dans votre cage !!! », premier titre convaincant.
Le deuxième démarre sur une guitare bien accrocheuse, appuyée par une basse et une batterie convaincantes … ça fait plaisir de les retrouver ces deux là !! Les samples sont discrets mais efficaces, c’est se qu’on leur demande. Ca s’énerve doucement avec un bon gros riff qui se lance doucement, accompagné d’une guitare mélodique en second plan agréable qui finit seule avec le chant pour un break reposant … le calme avant la tempête ! Le refrain est dynamique, bon rien à voir avec des « tank club », des «nawak » et des « siliclone liquid » mais quand même, ça pète bien. Une voix mélodique entrecroisée avec du bon bourrin pour reprendre sur un couplet saturé et strident … autre break comme le premier et ça y est, c’est reparti pour un deuxième refrain. Ca passe vraiment bien. Troisième break plus long que les deux précédents, plus complet, une bonne reprise et la chanson s’achève sur du bon son.
Le troisième titre commence sur deux bons riffs qui s’enchainent bien pour se calmer d’un coup sec … les changements comme on les aime, du moment que ça s’énerve après ! Musicalement c’est le cas, le chant reste un peu plat mais le riff de départ rattrape l’affaire … faut dire que le chant du couplet est assez sympa, même si ça ressemble plus à du pseudo-rock pour ados qu’à du métal.
C’est sur le quatrième titre, « sept », que le duo basse-batterie prend véritablement toute son ampleur. Après une bonne intro guitare (qui rappelle légèrement «9 teen 90 nine » de limp bizkit) et un gros riff, le couplet de ce titre nous ramène en arrière, du temps de « keçkispasse ? » et « Episode 2 : medecine cake ». Idem pour le refrain, énervé aussi bien pour le chant que pour les instruments. Dommage qu’un court passage de quelques secondes vienne gâcher l’enchainement couplet-refrain.
Je vais m’arrêter là pour la description de chaque chanson, j’en ai pour la nuit sinon. Ces quatre premiers titres sont assez représentatifs de l’album de toute façon. Pas aussi percutant que les deux bombes pondues en 1999 et 2002 mais rien à voir avec « Rock ». On retrouve ici un pleymo sur le chemin de la rédemption (voir carrément de la renaissance ?). Fini les refrains sans énergie, pleymo a ressorti les pédales de distorsion et la hargne de ses débuts, même si la rage s’est un peu estompée au fil du temps, sans doute la maturité qui veut ça. Quelques très bons titres sur ce cd, comme « blockout » avec son refrain des plus tumultueux, « sept » et sa basse slappée, « le nouveau monde » et son riff bien dynamique, son excellent couplet qui monte en tension au fur et à mesure, avec toujours ce duo basse-batterie qui revient décidemment en force, et son refrain bien dans le style de pleymo. L’album trouve son apogée bourrine avec « zephyr », titre incisif et enragé. Enfin, mention spéciale à « vanité » qui aurait pu sans problème être sur les deux premiers albums.
Vous l’aurez compris, Pleymo s’est appliqué pour sortir ce cd, peut-être pour rattraper un « rock » vraiment limite … Mais peu importe leurs motivations, les six français ont assurés et c’est le principal. Les refrains mouvementés sont de retour, l’inspiration aussi. Si vous êtes fan de néo-métal ou plus particulièrement de Pleymo, vous pouvez aller vous procurer « Alphabet prison », vous ne serez pas déçu. Certes, rien de révolutionnaire, mais la musique passe bien et c’est tant mieux. Encore un petit peu trop rock à mon goût mais bon, Pleymo avance vers son passé et ça ça le fait. Il n’y a plus qu’à savoir jusqu’où il iront … Pourquoi pas envisager un petit « Episode 3 : We’re come back » ?
