Si « Run » est le premier album de Talisco, le jeune parisien n’en est pourtant pas à son premier coup d’essai. Jérôme Amandi avait déjà fait parler de lui avec son premier EP « My Home », sorti en 2013 et distribué gratuitement par la styliste Raphaëlle Cavalli dans ses boutiques.
Prodige de la musique depuis son plus jeune âge, le musicien façonne les sons, comme dans un atelier de bricolage. C’est d’ailleurs dans son home studio parisien qu’il a composé les titres de « Run » pour créer un album électro-folk aux sonorités mi parisiennes mi californiennes. Les morceaux s’enchaînent et s’entremêlent de guitares acoustiques en guitares électriques, entrecoupés de sons électroniques.
Comme une invitation au voyage, l’album s’ouvre sur le très positif « your wish », premier single de l’opus. Le morceau « The Keys » entraîne efficacement l’auditeur mais annonce déjà une couleur plus sombre. La voix quasi aérienne de Talisco assume des envolés lyriques sobres mais maîtrisées. « Follow me » mêle une nouvelle fois l’efficacité de sons électroniques et la sensibilité mélodique. A la limite de l’expérimentation, les notes jonglent, instables, dans une parfaite harmonie.
La combinaison des accords de la Fender Telecaster et de la voix du chanteur s’accordent à merveille aux sons tantôt pop tantôt folk du premier album de Talisco. « Sorrow » laisse détoner les guitares et provoque une tension libératrice au refrain. S’en suit le très doux « So old », véritable balade folk, que l’on imagine volontiers chanté au coin d’un feu. « Bring me back », peut-être le titre le plus british de l’album, bien que résolument pop, maintient le cap de l’expérimentation.
« Run », c’est un peu une course vers l’inconnu. Talisco ne tombe pas dans le déjà entendu et ne semble pas vouloir rentrer dans une case. Pourtant, il y a bien un son « Talisco », identifiable dans chacun des titres. Avec la mélancolie de Jeff Buckley dans la voix et des influences folk certaines, « Run » est une invitation au voyage. Les titres « Sorrow », « Follow me » et « My Home » ont d’ailleurs été présentés sur le site Internet de Talisco, en BO d’un court métrage de 10 minutes. Preuve des inspirations californiennes de l’artiste, il est possible de rentrer dans l’univers de Talisco, en images.
Quoi qu’il en soit, Taliso nous entraîne vers des paysages inconnus, entre rêve et désillusion, difficile d’y voir clair et de savoir où l’on va. Le meilleure moyen est encore d’écouter à l’aveugle, d’apprécier les riches sonorités que nous proposent les 10 titres de « Run ». A coup sûr, il faudra compter sur la sensibilité et l’efficacité de Talisco dans le paysage français. La magie opère-t-elle également sur scène ? Réponse le 4 octobre à Oignies, au Métaphone.
