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West Kirby County Primary de Bill Ryder Jones

West Kirby County Primary de Bill Ryder Jones

Bill Ryder-Jones West Kirby County Primary Style : Folk Sonique et Pop Bruitiste Sortie : 06/11/2015

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Le disque de Bill Ryder Jones commence sur un ton un peu las, presque traînant, par quelques accords grattés négligemment. Ça soulève à l'abord pas mal de questions quant à la capacité à nous retenir le temps d'une écoute intégrale. Mais on sait que Bill Ryder Jones a tendance à s'évader facilement quand ça ne lui convient pas, de The Coral par exemple, quand le mode de vie et de pensée du groupe le lasse, on cherche donc par quelle fenêtre il va filer. Et il file vite. A peine sommes nous habitués à ces accords un peu blasés que Ryder-Jones quitte la douceur alanguie pour proposer un titre infiniment plus tendu, beaucoup plus appuyé, teinté d'une légère saturation.

Tout est là dans ce disque, c'est un subtil équilibre qui ne cesse de se jouer, entre le fragile et le gracile, l'épuré et le précaire, le puissant et le chuchoté : il ne choisit jamais tout à fait parce que justement c'est comme ça qu'il entend sa musique, c'est l'alternance de ces séquences qui fait tenir l'ensemble, finalement pop et ciselé sur les rives de la Mersey, pour le rattacher à une grande famille. On frôle pourtant le shoegazing le temps de quelques mesures sur Let's get away avant qu'un chuintement de cymbale ne vienne arrêter le tir et qu'une voix douce et complice susurre à peine sur le titre suivant alors que la guitare égrène de beaux arpèges très liverpuldien. Les grands ne sont pas loin, les Coral eux mêmes, les Beatles, presque fatalement, les Pale Fountains, ce genre de gang. L'ombre de Johnny Marr plane parfois dans le jeu sur You can't hide a light with the dark. Voix très gracieusement éraillée, sans forcer, extrêmement naturelle, comme s'il n'acceptait ce rôle de chanteur que contraint alors que la voix gorgée d'humanité séduit réellement. Vibrante et chaude, elle laisse filtrer tout ce que les paroles ne laissent pas immédiatement passer, au feeling.

Le tracklisting est rusé, intelligent, les titres semblent de plus en plus accrocheurs quand on entend les parties de Slide de Wild roses à moins que nous n'entrions tout simplement de plus en plus dans le très bel univers des compositions du jeune homme. Un monde de demi-teintes filtrées, d'ombres ténues et découpées, au fil d'un jour qui s'atténue au son des claviers de Satellites par exemple, d'angoisses retenues et parfois noyées dans quelques mesures bruitistes vite reprises par des chœurs aériens. Ryder-Jones ne choisit pas entre tensions et arpèges à peine touchés, il colore son disque en distribuant les nuances claires ou rageuses de cette palette très personnelle. Le splendide et cristallin Seabirds vient clore le disque, conduit par une énergie douce et ferme, comme les compositions de... Bill Callahan auquel il voue une admiration réelle : The people I love, like Bill Callahan, just keep making their records, doing their thing... Étonnant trio au carrefour d'influences communes puisqu'on écrivait récemment que Callahan avait influencé le travail de Bertrand Belin. C'est d'autant plus étrange que le cousinage avec Richard Hawley ne semble pas non plus dénué de pertinence ici. Des gens qui viennent à nous en empruntant le plus sûr chemin pour qu'un disque soit grand : le leur, uniquement le leur. Recommandé.

En concert samedi 12 décembre à la Péniche avec East India Youth.

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