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Debout sur le Zinc

Debout sur le Zinc

Debout sur le zinc Eldorado(s) Style : Chanson française Date de l’événement : 11/12/2015

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Depuis près de 20 ans, Debout sur le Zinc a enregistré pas moins de neuf albums et quatre projets parallèles. Le groupe cherche toujours à se réinventer et à explorer de nouveaux univers musicaux. Eldorado(s) leur neuvième album est sorti début 2015. Un peu plus rock et électo, il contient aussi des textes qui résonnent avec l'actualité, à l'image de la chanson Lampedusa. Simon, le chanteur nous dévoile un peu plus cet album et revient aussi sur une carrière riche en émotion et sur l'évolution du groupe et de sa musique. Le groupe sera en concert le 11 décembre au Grand Mix à Tourcoing.

Le groupe a 20 ans (déjà), qu’est-ce qui a changé musicalement par rapport à vos débuts ?

Disons que musicalement on se nourrit de l’ère du temps, on est passé de quelques chose de très acoustique à de la musique un peu plus rock. Mais ça varie à chaque album, on met en valeur un des aspects de DSLZ et puis on avance aussi dans des univers musicaux qu’on ne maîtrisent pas encore. Eldorado(s) est un peu plus électro et rock.

Alors est-ce qu'il vaut mieux avoir énormément de succès en trois ans ou une longévité comme la notre qui est assez exceptionnelle avec toujours la même optique : faire de la musique et faire avancer la musique ?

On n’a pas fait de concession avec les radios ou les maisons de disque. On a fait ce qu’on voulait en essayant d’être le plus audible possible pour le public. Après le revers de la médaille, c’est qu'on ne passe pas tellement à la radio mais le côté positif des choses c’est que les gens nous sont fidèles depuis 20 ans maintenant, c’est assez dingue ! Même après les attentats, il y avait encore énormément de monde au Trianon [le 25 novembre]. On fait vraiment partie de la vie des gens depuis 20 ans.

De ce fait est-ce, que pendant les concerts, vous êtes confrontés à plusieurs générations dans le public ?

Oui ça a été le cas, on s’en est rendu compte tout de suite, enfin à nos débuts c’était un phénomène de mode donc il y avait beaucoup de jeunes, on était dans l’optique de faire de la musique acoustique un peu militante. Et puis après, au fur et à mesure, on s’est aperçu que notre musique était audible et par les parents et par leurs ados par exemple. Et puis les gens ont grandi avec nous donc il y a eu des trentenaires et un nouveau public de jeunes qui se reconnait dans ce qu’on dit, que ce soit dans les anciennes ou les nouvelles chansons. On a vu notre tout premier public arriver au concert avec les enfants et leur premier concert c’était le nôtre, c’est assez phénoménal. On s’en rend compte de temps en temps, ça nous revient comme un boomerang.

Vous vous essayez à de nouveaux styles musicaux aussi peut être pour toucher un autre "type" de public ? 

Toujours oui, en fait chaque album de Debout est assez différent. En revanche on peut quand même retrouver la patte du groupe parce qu’il y a les mêmes harmonies, les mêmes instruments mais on en rajoute un peu plus.

Il y a eu des changements aussi en ce qui concerne les membres du groupe, pour ceux qui restent, est-ce que ça remet en question le projet ou, au contraire, cela apporte une nouvelle dynamique ?

C’est arrivé qu’une fois au final, Christophe et William ; guitariste et contre bassiste historique ; sont partis juste après la tournée de La fuite en avant. Ça remet en cause le projet et une fois que le problème est résolu et bien ça nous fait avancer. Ça ne se fait pas sans batailler, sans angoisse parce que trouver des partenaires c’est plus compliqué qu’il n’y parait mais effectivement ça apporte du carburant, de la fraîcheur et de nouvelles idées.

Après toutes ces années est-ce qu’on prend toujours plaisir à composer et à jouer ou est-ce devenu une sorte de routine ?

Non il n’y a pas de routine, étant donné qu’on cherche toujours à améliorer notre musique et à la faire évoluer en tout cas, on est vraiment plus dans une démarche de recherche que dans celle de simplement reproduire de la musique. Il n’y a pas un seul album qui se ressemble, à mon sens. Et la routine elle n’est pas possible parce qu'un album c’est toujours assez exceptionnel on en fait un tous les deux ans. C’est un moment particulier, idem pour les répétitions qui sont aussi des moments de création. Et sur scène il y a toujours les gens qui changent à chaque fois.

C’est donc une nouvelle aventure à chaque album…

Exactement et même à chaque concert en réalité.

Justement le précédent album date de 2011, est-ce qu’on peut parler d’un retour ou est-ce que vous avez vraiment pris votre temps pour écrire et composer Eldorado(s) ?

Alors en fait c’est ni l’un ni l’autre (rires). Ce qui se passe c’est que en même temps que La fuite en avant on a sorti un autre album, en parallèle : l’abécédaire de Boris Vian. Donc dans un premier temps on a fait la tournée pour l’album La fuite puis pour l’abécédaire qui était une tournée jeune public. En réalité on a fait 130 concerts en plus de la tournée donc 300 en tout pour les deux albums. Donc finalement on a pris du temps mais c’est parce qu’on était sur les routes et qu’il y a deux membres qui sont partis.

Pour revenir sur Eldorado(s) qui est sorti début 2015 pourquoi l’avoir mis au pluriel ?

Edorado c’est une référence à un livre de Laurent Godet mais aussi à une chanson de l’album qui s’appelle Lampedusa et qui témoigne de notre époque à travers les réfugiés. On ne pouvait pas ne pas le mettre au pluriel parce que, après La fuite en avant, Eldorado(s) est une sorte de but : mystique ou très concret. Et il est pluriel parce qu’il change en fonction de chaque personne. Ça exprime cette idée-là.

A propos de ça vous avez dit que vous cherchiez à vous réinventer, est-ce que vous avez envie de cette nouvelle forme d’écriture, que tu évoquais avec le titre Lampedusa, en rapport avec l’actualité ?

On est un groupe impliqué mais pas engagé ; on n’a pas vocation à écrire des chansons politiques spécifiquement. On écrit sur ce qui nous touche.

Un moment on est juste des témoins et quand le phénomène est aussi énorme on est obligé d’en parler. On n’écrit pas en pensant à ce qu’on pourrait écrire mais plutôt sous le coup de l’émotion. Après on travail de manière à ne pas donner de leçon aux gens, avoir le recul nécessaire pour que le propos soit audible mais après pourquoi pas. Mais on ne prévoit pas ce sur quoi on va écrire. C’est vraiment une des composantes de DSLZ : l’aspect sincère de la chose et non préméditée.

Si vous deviez définir l’album Eldorado(s) en quelques mots ce serait lesquels ?

Moins centré sur les sentiments personnels et plus ouvert sur le monde. Plus de collaboration sur l’écriture puisque ; en plus des deux auteurs principaux qui sont Romain et moi-même, on a demandé à trois auteurs de travailler avec nous. On est donc nombreux à avoir écrit sur cet album ; de ce fait les thèmes sont plus ouverts, plus tournés vers l’extérieur.

Et avec tous ces titres composés au fil des albums comment vous mettez au point votre setlist pour les concerts ?

Alors on se met en tenue de combat et on se dispute (rires). En fait c’est très compliqué, le cahier des charges c’est : on est obligé de faire certaines chansons pour les gens et en même temps on a envie de jouer des nouveaux morceaux. Il faut vraiment composer entre la nouveauté et les titres plus anciens et en même temps ne pas faire de redite avec les spectacles précédents ou pas trop. Il y a des titres qui sont indispensables mais il ne faut pas donner aux gens ce qu’ils attendent complètement parce qu’ils seraient déçus. Le public n’a pas envie d’entendre tout le temps le même concert ni d’entendre uniquement les morceaux qu’il aime. Il faut qu’il soit surpris, un peu frustré. Donc on a fait une setlist assez équilibrée, qui passe par plein d’émotions. Je pense que c’est l’un des meilleurs spectacles de Debout depuis qu’on existe.

Et justement pour jouer avec la nouveauté est-ce que vous envisagez de réarranger certains morceaux ?

Oui on le fait assez souvent surtout sur les morceaux qu’on est obligés de jouer, je pense notamment à La déclaration. Il y a quelques morceaux comme ça ou on a une ou deux versions voir trois. C’est en même temps des indispensables et c’est nécessaire aussi de leur donner un petit coup d’air frais, c’est comme une coupe de cheveux.

Une dernière question en ce qui concerne la pochette d’Eldorado(s) : vous regardez tous dans la même direction mais vous regardez quoi ? Vers le passé, le futur ou autre chose ?

Vers la petite poussière d’étoile, d’or qui nous attire. Cet album a failli s’appeler J’ai vu la lumière mais voilà c’est toujours le point de mire, tendu vers l’espoir, vers le haut en étant un peu ébloui avec un petit côté second degré quand même, parce que ça n’est vraiment pas notre style d’être avec des lunettes de soleil.

Après cette tournée est-ce que vous avez déjà pensé à la suite ?

Pour l’instant on continue les spectacles mais on est déjà en train d’envisager la suite. Mais c’est à l’état embryonnaire donc on n'en parle pas encore. Mais c’est vrai que c’est pour ça que j’avais appelé le précédent album La suite en avant parce qu'on a à peine terminé un projet ; c’est quand même deux ans de travail ; que tout de suite on veut se projeter dans les prochains. C’est comme ça, c’est le jeu. Pour l’instant on est vraiment concentré sur la musique et on essaie de profiter un maximum des concerts. Les prochains projets on les concrétisera sans doute après l’été prochain.

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