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Gustave Kervern & Benoît Delépine, réalisateurs de « I Feel Good » avec Jean Dujardin et Yolande Moreau

Gustave Kervern & Benoît Delépine, réalisateurs de « I Feel Good » avec Jean Dujardin et Yolande Moreau

Gustave Kervern & Benoît Delépine I Feel Good Style : Comédie Date de l’événement : 26/09/2018

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Cette semaine, Lille La Nuit fait un focus sur I Feel Good, la nouvelle comédie de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Interprété par Jean Dujardin, Yolande Moreau et les Compagnons de la Communauté Emmaüs de Lescar-Pau, le film des deux trublions s’attaque une nouvelle fois à cet ultralibéralisme forcené, qui sacrifie les plus démunis. Car, pour Benoît Delépine et Gustave Kervern, le cinéma est plus que jamais une histoire de combat ! Interview par Lille La Nuit.

"I Feel Good" de Gustave Kervern & Benoît Delépine

L'interview de Gustave Kervern & Benoît Delépine

Une fois de plus, vous vous attaquez à l’ultralibéralisme, aux puissants, aux vicissitudes de notre époque… Dans le film, vous évoquez cette société de l’apparence qui pousse les gens à chercher et vouloir une beauté parfaite, illusoire. Est-ce que vous n’en avez pas marre de filmer et revenir toujours sur les problèmes liés à notre société ?

Gustave Kervern : On ne pisse plus… mais on chie dans un violon ! (Rires) C’est vrai qu’on pourrait en avoir marre mais c’est notre truc. On ne pourrait pas faire par exemple une comédie romantique. Il y a des trucs qui nous sont chevillés au corps et que j’essaie d’analyser. Pour moi, j’ai une explication sur mon grand-père magistrat qui n’aimait pas l’injustice. Je ne sais pas pour Benoît… C’est dans nos tripes, on ne pourrait pas faire autre chose et on s’en fout du reste ! Effectivement, on en a marre car on s’attaque à des moulins à vent, mais c’est ce qui nous fait rigoler. L’espoir nous est donné par ces mecs d’Emmaüs qu’on a vu pendant plusieurs semaines. Ça nous a toujours fait triper de parler à des gens qui ont des vies extraordinaires et qui déconnent. Ça nous fait rigoler de mettre Jean Dujardin dans cette communauté, de mélanger des mecs qui n’ont rien à voir ensemble. C’était jouissif de passer ces quatre semaines de tournage ! C’est à la fois désespérant et génial.

Il y a des trucs qui nous sont chevillés au corps…

Gustave Kervern

Benoît Delépine : J’espère que le cinéma reste une forme d’art encore. Quand je relis les bouquins de Houellebecq avec qui on a eu la chance de travailler, des moments de vérité, de SA vérité, me sautent à la gueule. Nos films sont aussi des moments de vérité qu’on a vécus pendant notre jeunesse, des rencontres… Ces moments de vérité sont assemblés de façon singulière, remodelés pour les amener dans une fiction. On ne saurait pas écrire sur un sujet comme la bourse par exemple. On le ferait mal. J’adore quand des cinéastes italiens ou autres arrivent à faire un film qui se fout de la haute société. Ils savent les dépeindre au bon moment car ils viennent d’un milieu de haute-bourgeoisie. Nous, on ne vient pas de ces milieux là, donc tout ce qui est dans nos films fait partie de nos vies.

"I Feel Good" de Gustave Kervern & Benoît Delépine

Vous tournez souvent avec des stars. Vous avez tourné avec Depardieu, Poelvoorde… Est-ce que vous choisissez des comédiens parce que cela vous permet de monter vos projets, de vous faire comprendre par le public ou tout simplement, comme un rêve de gosse, pour diriger des stars ?

Benoît Delépine : Ça se discute. On a envie d’être excités par des aventures. Pour revenir à Saint Amour par exemple, au départ, on voulait le faire avec Jean-Roger Milo, une personne pour qui on a énormément de respect. Son jeu dans certains films nous avait secoué. On l’a rencontré plusieurs fois. Il se trouve qu’il avait choisi une autre vie. On s’est rendu compte que c’était encore plus compliqué d’aller choisir des gens pour qui on avait des flashs absolus et qui n’avaient plus forcément envie de jouer ou autre... Lou Castel a accepté de jouer dans notre film mais on s’est aperçu en pratiquant que c’était vraiment une carrure ! Parfois, c’est plus simple d’avoir quelqu’un de très connu qui a envie de jouer le jeu, plutôt que quelqu’un qui n’est pas connu et qui ne va pas forcément dans votre direction. Le prochain film qu’on va faire sera normalement avec Brigitte Fontaine qui n’est pas simple. On le sait, on l’a déjà pratiquée donc on sait qu’elle n’est pas facile à diriger. La première scène qu’on lui a fait faire, ce n’était rien du tout : il fallait qu’elle regarde simplement le cendrier de son fils. Et là, elle est partie dans un délire : elle s’est levée sur une jambe, elle a levé un pied en hurlant... Et nous dit “Est-ce que vous avez vu mes chaussures ?”. Ce n’est pas simple mais elle nous donne envie d’en refaire quand même.

Parfois, c’est plus simple d’avoir quelqu’un de très connu qui a envie de jouer le jeu, plutôt que quelqu’un qui n’est pas connu et qui ne va pas forcément dans votre direction.

Benoît Delépine

Gustave Kervern : Pour Saint Amour, on a fait le film avec Depardieu et Poelvoorde, les deux ensemble nous avaient très fatigué. Je crois que c’était même au-delà de la fatigue (Rires). Je ne voulais plus faire de cinéma car c’était trop fatigant. On s’est mis nous-même dans cette situation avec la route des vins (Rires). Après le tournage, on s’est dit “plus jamais ça !” Quinze jours après, on s’est dit qu’on avait tellement de chance d’avoir vécu cette expérience avec Depardieu et Poelvoorde. On ne va reprocher qu’il y ait des acteurs insipides, et dire que ces deux là nous ont fait chier. On a toujours cherché des acteurs hors-norme, des dingues. Une fois qu’on a fait le tour de ces dingues qui ne sont pas nombreux, on s’est demandé où on pouvait aller pour changer un peu d’air. Jean Dujardin est un dingue quelque part. C’est un mec qui est toujours partant pour faire des trucs. C’est un bon vivant qui fait des troisième mi-temps d’anthologie.

Benoît Delépine : On a fait tous les repérages avec lui car on n’avait pas du tout envie que ce soit le cinéma qui arrive à Emmaüs avec les cars loges etc … On a eu des idées en déconnant ensemble, en arrivant là comme n’importe quel acheteur Emmaüs. On a passé plusieurs journées ensemble là-bas. Les compagnons l’ont côtoyé, et tout s’est bien passé. Quand on est revenus, on était comme à la maison. En plus, Jean vient du Béarn, là où on a tourné, il était donc plus chez lui que nous.

le film I Feel Good

I Feel Good de Benoît DELEPINE et Gustave KERVERN
Scénario : Benoît DELEPINE et Gustave KERVERN
Avec : Jean DUJARDIN, Yolande MOREAU, Jo DAHAN, Lou CASTEL, Jean-Benoît UGEUX, Jean-François LANDON, Jana BITTNEROVA, Elsa FOUCAUD, Marius BERTRAM

Durée : 103 min
Sortie le 26 septembre 2018

Synopsis : Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.

Remerciements à UGC Ciné Cité et au Majestic de Lille.
Photos, film-annonce © JD PROD-No Money Productions-Arte France Cinéma-Hugar Prod-2018.

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