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Interview de On A Slamé Sur La Lune

Interview de On A Slamé Sur La Lune

Dona Date de l’événement : 24/04/2007

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   Le slam envahit de plus en plus notre sphère terrestre et devient carrément à la mode. Lillelanuit.com ne pouvait ignorer un tel facteur. C’est pourquoi, nous sommes partis à la rencontre de deux slameurs de la région, M.A.L et Chancelor, du collectif On A Slamé Sur La Lune.

Me voici donc dans leur bureau près de la mairie de Lille afin d'en savoir davantage sur le phénomène Slam. Très classes, les deux slameurs m'accueillent tout sourire avec l'envie de clamer haut et fort leur passion.

Comment avez vous atterri dans l’univers du slam ?


MAL : On va dire que ça fait 15 ans que j’écris du théâtre, de la poésie, le roman de ma vie en fait et le slam en tant que mouvement artistique en lui même c’était il y’a 8 ans avec le film « Slam » qui m’a donné une idée de ce que j’avais envie de faire avec ce que j’écrivais depuis 15ans. Et avec le rap je ne me suis pas vraiment trouvé. J’ai écouté beaucoup de rap, j’ai essayé de rapper mais l’attitude qu’il y’avait autour ne me convenait pas, plutôt ne me ressemblait pas. Et le slam se rapprochait de plus en plus de ce que j’avais envie de faire, la poésie.

Surtout que vous Chancelor, vous faisiez du hip hop il y’a deux trois ans…

Chancelor : Moi à la base on va dire que je faisais de la poésie visuelle, c’est tout simplement de la danse et voilà, ensuite le slam est venu naturellement.

Pensez vous qu’à Lille et dans sa région le mouvement est assez ouvert ? Comment se développe t’il ?

MAL : Pour avoir fait du slam un peu partout en Europe, Bruxelles, Pays Bas, Angleterre, Lille est pour moi une des villes où le slam va à une vitesse incroyable avec surtout une qualité de textes, une qualité d ‘émotions qu’on ne trouve pas forcément dans les autres villes en fait. Et voilà, le mouvement se développe , il est là depuis 5 ou 6 ans sur lille , nous on est arrivé et on a commencé à faire de la musique acoustique. On jouait dans les bars, partout où on avait droit à un accès de parole et depuis, ouais, il y’a de plus en plus de scènes , il y’a le Moonlight , nous on se produit au Salséro tous les premiers mercredi du mois, où des gens ramènent leurs textes. Mais il y’a du slam un peu partout…Il y’a des gens qui slament dans le métro, qui slament partout où c’est possible. Nous par exemple, on a slamé dans la rue pour militer, on a slamé à la préfecture avec Julien Delmaire qui fait aussi partie du collectif, qui est une figure emblématique de la région plus voué à une carrière internationale (big up Julien). Après les « descentes » effectuées sur paris et marseille, on s’aperçoit que la scène lilloise est l’une des plus belles, en tout cas l’une des plus sincères.

De toutes les provinces françaises….

MAL : Et pas seulement, pas seulement, en tout cas c’est ce qu’on a ressenti pour avoir voyagé un petit peu dans les régions françaises.

Par rapport aux collectifs dans la région, est ce qu’il y' en a assez ? On sait par  exemple que l’association Démodokos a fermé. Pourquoi ?

MAL : C’était une association, différente de notre collectif, qui en plus avait un petit label de production audiovisuelle et aussi un collectif de slameurs. C’est une association qui organisait des soirées slams. Il y’avait des slameurs au sein de l’association. Ils ont arrêté je pense parce qu’ils pensaient peut être avoir fait le tour. Mais ce n’est pas tant qu’il y’ait un collectif, ce n’est pas cela le plus important, c’est qu’il y’ait des gens avec l’envie de dire des textes. Il y’a des gens qui sont complètement addict des soirées slams, qui viennent avec leurs textes…Et quand la soirée est terminée, y’en a même qui te rappellent parce que les mains tremblent et qui clament leur envie de recommencer lors de prochaines soirées. Donc les gens qui ont envie de dire, de déclamer, de slamer, de rapper, de libérer leur parole, n’ont pas forcément besoin de collectifs. Les collectifs, il en existe quelque uns, je les connais pas tous mais bon ce n’est pas le but …

Il y’en a qui ne veulent pas rentrer dans des collectifs pour rester « underground »…

MAL : Est ce que rentrer dans un collectif c’est ne pas être « underground » et qu’est ce que le fait d’être « underground »finalement…

Comment vous impliquez vous pour développer le slam dans la région ?

MAL : Ca va te paraître peut être prétentieux mais, on est le slam de la région parce que, parce que voilà... mais toi aussi tu peux être le slam de la région le temps d’une soirée, et puis le slam sans écoute n’est pas une soirée slam, le slam a besoin de public sinon tu reste un auteur solitaire dans ta chambre et tu peux écrire à vie mais il faut dire ton texte devant des gens.

Pour répondre à ta question qu’est ce qu’on fait pour …bah on continue d’écrire dans nos chambres et après on tente nos textes devant des gens, lors de soirées slams. Une particularité de notre collectif c’est qu’on ne se contente pas de dire des textes sur scène mais on va ci et là, on se produit beaucoup sur scène, avec Grand Corps Malade, Abd Al Malik lorsqu’ils sont venus dans la région, et même Saul Williams ! Et dire que je déclamais des textes devant celui qui m’a donné l’envie de faire du slam !

Mais que pensez vous de l’industrie musicale qui fait sortir du moule certains artistes qu’on stéréotype mais qui vendent pas mal d’albums ?

Chancelor : Le slam existait déjà donc tout ce qui est underground, en jouant dans des cafés, théâtres, je pense qu’importe, le but c’est de vivre son art tout simplement, nous on existe déjà,  qu’on vienne nous proposer de faire des albums et tout… nous on a toujours pris le temps de faire ce qu’on a à faire et jusque là les choses aboutissent au fur et à mesure, je pense que le temps nous dira, le temps qu’on vit on s’aimera tant qu’on aura du souffle on continuera de s’aimer, le slam avant tout c’est un moment de partage tout simplement. On est libre, on est complètement libre. Le train il est marche, c’est une caravane musicale. Cette manière de voir le slam comme du hip hop, du rap, …le plus important c’est de savoir où on va.

MAL : l’industrie ne peut pas cantonner le slam de manière générale puisque des gens comme Grand Corps Malade, Abd Al Malik par rapport à leurs projets musicaux l’ont dit, l’ont clamé, ce n’est pas du slam , c’est des mots en musique. Après, ça peut avoir un rapport avec le slam, le rap… donc voilà, l’industrie elle est ce qu’elle est, le slam comme dit chancelor, c’est un moment, l’industrie ne peut pas contenir le souffle du slam. Bien sûr on peut partir sur des considérations slameurs commerciaux, slameurs ceci slameurs cela mais un bon texte reste un bon texte, peu importe s’il est vendu ou lu à des milliers de personnes comme c’est le cas pour Grand Corps Malade ou Abd Al Malik , qui sont des gars vraiment intéressants. L’industrie elle pourra faire ce qu’elle veut mais le slam est libre. Il peut même remonter aux griots africains.

Et vous voyez le mouvement comment dans dix ans ? il y’a dix ans on ne savait même pas ce que c’était et là depuis ces  artistes connus du grand public, le mouvement prend de l’ampleur.

Chancelor : Comme on l’a déjà dit, le slam existait déjà avant. La vie c’est des périodes, a un moment t’as des étoiles qui brillent dans le ciel, un jour et puis s’arrêtent, et puis d’autres qui continuent de briller. Slamer c’est partager tout simplement. Tu sais pourquoi les fleurs du paradis ne fanent jamais ?

Non…

Chancelor : Parce qu’elles fleurissent éternellement comme la parole

Sinon quels sont vos projets actuellement ?

Chancelor : Continuer à partager tout simplement

MAL : C’est l’anniversaire de ma fille dans deux jours donc je m’active très sérieusement pour lui trouver un cadeau qui soit à la hauteur de tout l’amour que j’ai pour elle.

Merci à tous les deux de nous avoir accorder cet entretien.

 

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