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Interview de Sanseverino

Interview de Sanseverino

Sanseverino Date de l’événement : 14/02/2007

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A quelques heures de son concert à l’Aéronef, Sanseverino nous accorde un peu de son temps. Pendant que les cuivres de son big band résonnent dans la salle de concert, il répond à nos questions.

Aurélie : Vous avez rencontré les slammeurs du groupe marseillais Vibrillon. Est-ce que la découverte du slam est le déclic qui a provoqué cette liberté dans l’écriture de l’album Exactement ?

Sanseverino : Non, j’avais déjà compris un peu le principe avant, puis j’étais déjà en train de me dire : attention qu’est-ce que tu fais avec çà parce que si tu fais un truc trop slam, ça va sentir la copie à 100%, genre : ça marche bien, moi qui ai l’air un peu installé, je prends un truc, je me le récupère : j’appelle çà de la récup’ dégueulasse, donc si c’était un autre je dirai que c’est naze.

 Non, c’est plutôt un truc qui m’intéresse alors qu’il y a plein d’autres trucs qui sont nouveaux et je ne vais pas dedans. Il y a tout un tas de trucs électro dans lesquels je vais pas et que j’aime bien écouter comme çà dans ma voiture ou chez moi. On ne se sert pas forcément de tous les trucs qui sont biens : un nouveau truc qui arrive, un mec qui est installé qui le prend et qui fait des tunes avec. A ce moment là, Michel Sardou faudrait qu’il fasse du slam donc pour piquer la réussite à Abd Al Malik et à Grand Corps Malade.

C’est un truc que j’aimais bien. Je trouve que le slam c’est un truc génial : maintenant on n'a plus la honte de faire de la poésie, maintenant quand tu vas dire à quelqu’un ou même un truc à une fille genre "voilà on est bien tous les deux je t’aime tu me fais un peu penser à..." je ne sais quoi un truc poétique. La fille, elle va pas faire pff. Avant c’était carrément la rechouma totale de faire de la poésie. Après les années 70, 80 voire 90, y’a eu 30 ans pendant lesquels la poésie c’était la honte. Fallait absolument avoir l’air d’avoir de l’énergie ou alors c’était privé.

A. : Est-ce que c’est aussi la réussite de vos précédents albums qui vous incitent à prendre plus de risques pour faire des choses qui vous plaisent comme avec ce big band ?

S. : C’est exactement ça bien sûr. Tout le monde fait ça : que tu aies une entreprise, un magasin de voiture, une carrière de chanteur ou un journal. Quand on te propose de faire ce que tu veux, tu vas forcément dire oui. Il y a mieux que la proposition : tu commences à dire : allez, je vais pas attendre qu’on me demande je vais proposer un truc un peu plus gros, je vais voir ce que disent les autres. Les autres disent : ouais sans trop sourciller. Ha, j’aurai du demander plus.

Comme je disais aux gens qui étaient là juste avant vous tout à l’heure, je me dois de changer un peu aussi. Je ne vais pas faire un 3e album avec 3 guitares swing, contrebasse, piano, violon, accordéon. J’ai fait ça pendant longtemps, pendant deux albums. Moi, j’aime bien si je suis un artiste qui me surprend un peu. Du coup, je me sens pas obligé mais je trouve que c’est sympa de varier un peu les trucs et je peux faire pour le coup connaître le principe du big band à des jeunes gens pour qui des sax c’est une section de cuivre. Un big band et une section de cuivre c’est pas pareil : d’un côté, t’as 15 cuivres, de l’autre, t’en as 3. Oui certes les mêmes notes sont jouées, mais si t’as 4 sax qui font un truc, c’est pas la même chose que si y’en a 2.

Son téléphone portable sonne… « Excusez-moi je ne réponds que si c’est mes enfants ou ma femme. »

A. : Justement, j’ai une question par rapport aux enfants : Est-ce que vous essayez de trouver des moyens ludiques comme par exemple sur le site Internet : « Adoptez un Sanseverino », c’est parce que vous avez des enfants que vous essayez de trouver des moyens ludiques ?

S. : Non, c’est un gros truc de pub, un gros truc de marketing viral qui commence à se répandre de plus en plus sur Internet, sauf que cette boîte là fait plutôt des trucs sympas et assez drôles. Ç’est pour ça qu’ils ont été choisi d’abord par la maison de disques et il me les ont présentés : voilà, c’est eux qui vont faire une pub pour ton album, ils m’ont proposé 50 000 idées et celle-là m’a bien fait marrer. Ça n’a rien avoir avec mes enfants mais ils vont de temps en temps sur le site, il m’adopte. Je trouve une assez bonne idée d’adopter un enfant par exemple, mais là j’ai pas le temps.

A. : J’ai lu que vous aviez dit par rapport à la chanson Exactement que vous l’aviez écrite sans vous dire : "c’est pas avec une chanson comme çà que j’aurai les Victoires de la musique". Vous êtes quand même nommé dans deux catégories [Artiste interprète masculin de l’année et album de chansons/variétés de l’année] Qu’est-ce que çà représente pour vous ?

S. : J’aurais rien. Pour la première fois, je suis super content d’être nominé car ce projet je le tiens depuis deux ans et demi à bout de bras et j’ai vraiment du convaincre tout le monde à un niveau différent car y’en a qui ont marché tout de suite d’autres un peu moins. Quand j’ai dit que je voulais faire un truc avec un big band tout le monde m’a dit : Halala, non pitié, c’est cher, c’est ceci ou c’est cela : j’en ai entendu un peu des vertes et des pas mûres. Je suis content d’être récompensé sur un truc où j’ai eu l’idée directe. C’est un peu mon bébé, les autres aussi mais je me suis dit j’ai envie d’un truc ambitieux. Si ça foire tant pis pour moi mais au moins, je l’aurais fait pendant que je suis encore un peu dans le coup. C’est plus facile de faire çà pour moi maintenant qu’il y a 4 ans. En deuxième album, j’n’aurai pas pu faire çà donc çà me fait quoi ? Ça me fait super plaisir même si j’ai rien, tant pis je serai dans ceux qui ont été nommés bien que c’est pas un gage de qualité d’être nommé car y’en a plein qui sont de qualité et qui sont pas nommés.

Par exemple, il devrait y avoir des victoires électron techno à part entière, des victoires parallèles : il devrait y avoir un off dans les Victoires, un truc sur une chaîne parallèle : les Victoires des Pas Signés, les Victoires des groupes qui rament leur mère avec leur T-shirt… Les gros indé… J’adorerais qui ait un truc comme ça. Tu vas me dire : t’as qu’à le faire. Je vais te dire : T’as raison c’est une bonne idée. Je vais me mettre dans une galère incroyable. Ce serait bien car tout le monde n’est pas vraiment représenté. Les Victoires en ce moment c’est un peu genre Bénabar, moi, Cali alors y’a un côté injuste aussi. Les «vieux» sont pas cités : Julien Clerc, Obispo… Ils sont tous sur la route, tout le monde travaille. On aime ou on n’aime pas. Moi, je n’aime pas tout non plus. Ce n’est pas un truc vraiment juste et avant quand j’étais en train d’attendre avec ma gratte devant ma télé sans signature, sans rien. Je me disais : C’est vraiment de la merde les Victoires de la musique, j’ai la honte, c’est pas possible. Après, j’ai été nominé deux fois. J’ai gagné une fois, j’ai commencé à changer d’attitude vis à vis de çà. Je me dis : attention alerte ! Y’a un truc bizarre, t’es en train de te faire séduire, ne soit pas dans cette bande là : y’a plein de gens adorables, sympas mais c’est quand même un truc de métier, un truc corporatif. Ce n’est pas les Jeux Olympiques qui ont aussi leurs trucs véreux.

A. : Est-ce que c’est vrai qu’il n’y aura pas de CD ou DVD live ?

S. : Pour l’instant, c’est prévu qu’il n’y en ait pas parce que tout a été claqué. On avait été prévenu dès le début que tout avait été claqué dans le budget de début. Il fallait que çà se vende à mort pour pouvoir produire çà. Comme les disques se vendent un peu moins parce qu’il y a plein de monde qui les achètent pas. D’une certaine manière, ils n’ont pas tort vu les prix des disques. Donc, pour l’instant, ce n’est pas prévu. Et y’a plein de pirates, y’a plein de mecs dans les concerts qui sont avec des trucs marrons : tu penses que c’est un sale appareil photo et en fait, c’est des trucs qui prennent le son super bien.

A. : On est en train de réaliser un dossier sur la cigarette, sur la loi anti-tabac et ses répercutions dans les salles de concert et les bars à narguilé par exemple. Vous avez prêté votre voix au spot radio. Comment s’est passée votre participation à cette campagne ?

S. : On m’a dit : Vous avez créé une chanson sur la cigarette. Est-ce que vous seriez d’accord pour faire ce truc-là. J’ai dit oui parce que je suis d’accord avec le principe de ne pas fumer dans tous les lieux publics, parce que j’ai un peu un parti pris : dans mes concerts, y’a vachement de vieux et de mômes. Souvent, y’a plein de mômes devant. Si tout le monde fume, les mômes au bout de 2 – 3 fois, les parents disent : Ha non, t’iras au concert quand tu auras 14 ans, tu auras des dreadlocks et tu feras ce que tu voudras. En attendant t’as 4ans, tu vas pas voir Sanseverino même si tu connais ses chansons par cœur. Je connais aussi plein de gens, y’en a plein dans l’orchestre qui ne vont pas dans certains concerts à cause de la clope.

Moi je fume à peu près une clope par jour, je ne suis pas un vrai fumeur, comme me dit mon ORL : Non, vous n’êtes pas un vrai fumeur. Moi, quand je vais dans un concert où çà fume, j’ai le nez explosé, comme quand tu vas à la campagne et que tu reviens à Paris, tu marches et tu te dis : j’ai une espèce de sensation, je ne sais pas ce que c’est, la décrire. En gros, tu t’es fait polluer le nez, donc je trouve que dans un endroit comme une salle de concert par exemple, c’est bien de pas fumer ou alors il devrait y avoir un espèce de truc plutôt discret pas comme à Ikea, une cage en plexi mais un endroit où y’a un aspirateur et ceux qui clopent viennent tirer leur clope là.

Y’a des gens qui peuvent pas ne pas fumer, ils sont pris avec le truc. Y’a 4000 produits dedans, alors si y’en a pas un qui te rend accro, si y’en a pas un qui est fait pour çà. Même le ministre de la santé me l’a dit : c’est sûr il y 4000 produits dedans même eux il arrivent pas à te dire mais non c’est hyper sain. Donc je trouve que c’est une grosse arnaque la fabrication de la clope et les taxes qui a dessus, donc j’étais content de pouvoir dire aux gens, enfin que ce soit moi plutôt sympa qui le disent aux gens mais pas un gros attaché de presse qui dise : « A partir de… » comme dans les films de science-fiction. Moi, j’aurais bien mis un peu plus d’humour dans ce truc.

 

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