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François Damiens présente Mon Ket, son premier film en tant que réalisateur

François Damiens présente Mon Ket, son premier film en tant que réalisateur

François Damiens Mon Ket Style : Comédie Date de l’événement : 30/05/2018

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Lille La Nuit a rencontré François Damiens pour son premier film comme réalisateur, Mon Ket, dont il interprète également le rôle principal. Ce comédien brillant (SuzanneLes CowboysDes Nouvelles de la planète MarsOtez-Moi d’un doute…) revient à ses premières amours avec un film singulier et original qui mixe fiction et caméras cachées. Mon Ket est un projet que François Damiens porte en lui depuis plusieurs années.

Synopsis : Dany Versavel a un souci avec son fils : à 15 ans, Sullivan ne veut plus d’un père qui fait le king derrière les barreaux. Pour Dany, son « ket », c’est sa vie, hors de question de le laisser filer. Il décide donc de s’évader de prison prématurément ! Entre cavales, magouilles et petits bonheurs, il a tant de choses à lui enseigner. Un apprentissage à son image. Au pied de biche, sans pudeur ni retenue. Mais là où l’on pouvait craindre le pire, se cache peut être le meilleur…

Mon Ket

La construction du projet Mon Ket

Lille La Nuit : Question très classique, quel est le point de départ du projet dans sa construction ?

François Damiens : Il y a 4-5 ans, j’ai appelé Benoît Mariage pour lui proposer d’écrire un film, parce que ça faisait longtemps que je voulais écrire un scénario qui mélangeait la réalité à la fiction. Et moi qui suis énormément la fiction et qui connais le scénario, je savais comment emmener les gens dans le récit que j’avais écris. Jouer avec des gens qui ne savent pas qu’ils sont filmés, il n’y a pas meilleur acteur. Je devais conserver mon personnage, faire évoluer l’histoire et essayer de mettre les gens dans une situation embarrassante ou singulière. C’est pour cela que j’ai voulu tourner de manière chronologique, avec un montage en parallèle. A chaque fois qu’on faisait une caméra cachée, on piégeait une douzaine de personnes. Pour pouvoir faire évoluer l’histoire, je voulais choisir la personne qu’on allait intégrer dans le film, avant de tourner la suivante. Cela me permettait de créer un lien entre toutes les séquences, pour que cela ressemble à un film, pour ne pas tomber dans l’écueil d’un assemblage de caméras cachées, qui n’a pas beaucoup d’intérêt pour moi.
Alors qu’un film peut prendre neuf semaines, ici il a fallu un an et demi. On avait un scénario d’une trentaine de pages donc il a fallu l’écrire tout au long du film même si les situations étaient là.

Les anonymes que vous rencontrez dans le film ont-ils fait évoluer l’écriture et la construction du film ?

Non, pas à ce point là. J’ai suivi le film étape par étape, le fait de tourner chronologiquement permettait juste de faire un liant pour qu’on se sente dans un film. C’est pour cela qu’on avait sept caméras quand on tournait et autant de micros. J’imaginais qu’à la fin du film, le spectateur serait ému, qu’il rigolerait sans se dire que c’était des caméras cachées.

Quand vous avez écrit le scénario, pensiez-vous que les réactions des anonymes que vous croisez seraient différentes de ce que vous aviez imaginé ?

Je ne pensais pas que les gens auraient été aussi gentils, coopératifs. Je voulais faire la scène dans l’hôpital depuis longtemps. J’avais imaginé pour la TV de mettre juste un poster de profil ou de dos vous voyez. Finalement, c’est marrant [dans la scène] de discuter avec le type dans une salle d’attente d’hôpital. On n’a pas trop envie de parler en plus, on prend un vieux magazine. Et là on a pu discuter. On a pu se permettre de faire un faux JT avec des vraies images d’archives de RTBF. J’ai imaginé que les gens allaient partir, et d’ailleurs il y a d’autres piégés qui sont partis, mais lui est resté, il était très à l’aise.

Mon Ket

L'utilisation des Caméras Cachées par François Damiens

Vous êtes vous demandé si le tournage allait être plus compliqué car, désormais, on vous connait ? 

Quand j’avais fini les séances de maquillage, j’allais marcher dans la rue, je rentrais dans les commerces pour aller tester si tout fonctionnait. Parce qu’après cela, on ne pouvait pas faire demi-tour. C’est vrai que ça pouvait faire peur au début, en plus le fait de vouloir tourner en Belgique c’était encore mettre la barre plus haut. Tout le monde me faisait confiance car j’ai mélangé mon équipe de Caméras Cachées, avec qui je tourne depuis 20 ans, à des techniciens de cinéma avec qui j’ai imaginé pouvoir faire une bonne collaboration. Le fait déjà de vouloir les mettre ensemble c’était pas facile parce que le cinéma regarde un peu la TV de haut. Le problème c’est que c’était la TV qui savait comment faire une caméra cachée. Donc j’avais l’impression que ça ne prenait pas… et puis cela a pris quelques soirées pour finir par démarrer.

Vous étiez très identifié avec vos caméras cachées. Vous êtes vous demandé, aujourd’hui que vous êtes un comédien reconnu, si en revenant aux caméras cachées, vous n’étiez pas en train de faire du rétro-pédalage ?

Sincèrement non. Je n’ai jamais eu peur de ne pas travailler, et puis de toute façon je me dis que si ça s’arrête je ferais autre chose alors que j’adore ce métier ! Et sincèrement c’est plus difficile de faire un film comme celui-là qu’un film classique. C’est vrai que vu que c’est tourné tellement peu avec les codes de caméras cachées, et plus avec ceux du cinéma, à un moment les gens peuvent se demander “Est-ce que c’est une caméra cachée ou un film” ? C’est pour cela que je voulais vraiment qu’il y ai une histoire qui se tienne du début à la fin mais pas spécialement vouloir faire rire, j’avais aussi envie d’émouvoir. J’ai l’impression d’avoir assemblé mes deux passions.

Quel était l’apport de Benoît Mariage ? Comment avez-vous travaillé tous les deux ?

Alors moi je n’avais jamais écrit de scénario en fait. On a travaillé très simplement, petit à petit, lui a continué de donner cours, à faire des films et moi aussi de mon côté. C’était bien de laisser poser ce qu’on avait écrit car parfois évidemment on s’emballe et à un moment quand on le relit on s’est un peu trop emballé. Alors c’est bien de laisser tasser la matière et l’écriture. Pour moi, il m’a apporté le fait qu’il est prof de réalisation, de mise en scène… et je me suis dis que ça allait être intéressant d’avoir son oeil et sa sensibilité. Moi je vais arriver avec mon côté plus rustre du personnage et Benoît va le fragiliser un peu. Parfois on n’était pas d’accord mais ça tendait toujours vers l’idée de faire progresser le film.

Elle est partie d’où l’idée de Daniel, qu’est ce qui a fait qu’il devient l’homme qu’il est ? C’est l’idée que vous aviez d’un certain type de personne ?

Oui, c’est ça. Je suis fasciné, j’en connais 3-4 des Daniel, des types qui m’intriguent. J’aime le fait qu’ils aient l’air très “baraqui” (terme belge), ce côté qui n’a peur de rien, qui n’a pas de complexe, pas de filtre… c’est un punk en fait. L’humaniser, le fait qu’on espère qu’il ne va rien lui arriver. Le fait de faire le grand écart quand on le voit passer dans le rue et une fois qu’on a parlé avec lui on a envie que la vie ne s’acharne pas sur lui. Parce qu’on sent qu’elle s’est déjà acharnée sur lui.

Affiche, photos, film-annonce : © StudioCanal

Durée 1h30
Sortie le 30 Mai 2018 

Entretien réalisé par Grégory Marouzé et Audrey Tobola le jeudi 26 avril 2018 à Lille. Remerciements au Kinépolis de Lomme

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