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Entretien avec Izae, artiste multifacette entre pop française et new wave

Entretien avec Izae, artiste multifacette entre pop française et new wave

Izae Minuit au Couvent Style : Pop Date de l’événement : 15/03/2025

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On devait voir Izae à l’occasion du concert de Thierry Amiel à Lille, et puis des paroissiens de la cathédrale en ont décidé autrement, alors que le concert venait d’être déplacé pour des raisons techniques du Couvent-Roubaix à Notre-Dame de La Treille. C’est donc avec plaisir qu’on a appris la tenue d’une soirée haute en couleurs et en paillettes à Roubaix, Minuit au Couvent, où concerts pop, performances drag et DJ sets vont s’enchaîner.

Heureux hasard du calendrier, on retrouve Izae devant le temple Saint-Éloi de Rouen alors qu’il s’apprête à ouvrir pour Thierry Amiel pour la dernière fois de la saison, afin d’échanger avec lui sur Minuit au Couvent et ses autres projets à venir.

LillelaNuit.com : Salut Izae, est-ce que tu pourrais te présenter un peu pour les personnes qui ne te connaissent pas encore ? D’ailleurs, ça vient d’où, « Izae » ? J’imagine qu’on a dû te poser la question 40 milliards de fois…

Izae : Ouais, et je commence à me dire qu'il faudrait que je trouve une réponse convenable. Disons que je réfléchissais à un nom de scène qui me plaise à la fois graphiquement, à la fois dans les sonorités et je suis tombé sur Izae.

C’est une super réponse en réalité ?...

C’est vrai mais j’ai pas d’explication mystique (rire). Donc voilà, je suis Izae, je fais de la chanson, de la pop indé avec des influences new wave, disco, également des chansons qui sont très dans les règles de l'art.

On avait évoqué les circonstances de l’annulation de ton concert à Lille, il y a d’ailleurs eu des discours sur place en guise de protestation. Comment la soirée s’est organisée, vous étiez encore en contact avec le Couvent-Roubaix ?

On était encore en contact. Alors c'est pas moi qui gère ces choses-là directement, mais effectivement, à la suite de tout ça, on avait quand même envie de faire vraiment une date là-bas. À la base, on s'était même posé la question de savoir si on organisait une première partie alternative plus tôt dans l'après-midi pour que les personnes qui avaient envie de faire la queue plus tôt pour Thierry Amiel puissent y aller, et trouver un lieu juste à côté où je pourrais faire quelques chansons histoire de marquer le coup en fait. Pas tellement pour les retombées mais vraiment pour marquer le coup. Et en fait on a été un peu pris par le temps, on n'a pas pu le faire. Donc quand on s'est mis à repenser à la date, on a pensé au Couvent avec qui on était en contact avant.

minuit au couvent izae le roi soleil charlie d'emilio androkill

Et là je regarde un petit peu le plateau, il y a du drag show, il y a des concerts, il me semble avoir reconnu un des drag kings qui sera là en regardant un de tes clips ?

Non non, bien joué.

Ce sont des gens que tu connais déjà, avec qui c'était le moment de faire une date comme ça ?

En fait on avait fait une première date un peu dans ce style-là à Arles, il y a un peu plus d'un an. C'était un plateau avec DJ sets, moi qui venais faire un concert et avec Piche, la drag queen. La soirée avait hyper bien marché, ça avait vachement plu, les gens étaient hyper emballés parce qu'il y avait ce côté un peu hybride. Il y avait des personnes qui venaient me voir en concert, qui connaissaient pas trop le milieu du drag et qui tout à coup découvraient. Il y avait des personnes qui connaissaient Piche, par exemple, et qui m'ont découvert à ce moment-là. C’était un joli moment.

OK je savais même pas qu'Arles était ce type de ville.

Non mais là c'est pareil c'est [le chargé de diffusion de Latérale Pop] qui avait programmé parce qu'il savait qu'il y avait quand même une vie alternative et aussi queer autour de Arles. Et là à Roubaix il y a aussi un artiste qui vient de la comédie musicale, qui a vraiment cette culture-là.

Ça fait longtemps que tu tournes. Est-ce que tu peux dire quelque chose sur ton évolution musicale ?

Je suis toujours très impressionné par les personnes qui disent : « Je me suis trouvé... ». Tu vois J'ai l'impression que c'est juste le travail d'une vie et qu'en fait on ne se trouve jamais totalement, mais c'est ça qui est intéressant. Et je suis content si les retours qu'on me fait concernent cette évolution parce que je détesterais l'idée de faire toujours la même chose même si je pense que ma « patte » reste la même. Même les nouvelles chansons que je suis en train de faire, il y a une évolution par rapport à celles qui viennent de sortir.

Ça se sent clairement dans l’écriture quand on réécoute tout à la suite. Là tu dis que tu écris encore, est-ce que tu prévois peut-être un album, après les EPs et singles que tu as sortis ?

Je suis très productif, je ne sais même pas combien de titres j’ai honnêtement, même s’il y en a que je n’utiliserai jamais. Là je pourrais sortir un album en soi, mais il y a aussi des questions de stratégie et de moyens. Un EP a un certain coût pour le sortir, et clipper des chansons, un album c’est quand même autre chose. Ce qui fait que vu la période dans laquelle on est, même des artistes très reconnus sortent des EPs maintenant, ce sont des manières différentes de faire les choses. Alors évidemment j’aimerais bien sortir un album parce que c’est le moyen de faire une proposition artistique plus construite. Déjà pour sortir un EP on se pas forcément compte de l’énorme boulet que c’est quand on est en indépendant, il y a tout ce que les gens ne voient pas. Il y a la phase de création, mais derrière toutes celles pour trouver les financements, pour trouver les partenaires, pour monter des dossiers pour des clips, pour tourner des clips, c’est énorme. Pour un album c’est encore plus important. Je ne sais pas si ça sera pour cette fois-ci, mais ça finira par arriver.

Et côté production, tu travailles de quelle manière, et avec qui ?

Alors par exemple c’est Eddy Pradelles qui a produit mon dernier EP, qui est le producteur de tous les titres de Hoshi et le directeur musical de sa tournée et sur laquelle il est aussi guitariste. Juste là j’ai travaillé avec plusieurs personnes et c’est le dernier en date. Donc il y a effectivement cette phase de recherche, car parfois ils sont bons mais ça ne matche pas. Donc avant le studio, une grosse phase de recherche pour la production.

Tu as aussi écrit pour d’autres personnes. Là, si j’ai bien compris, tu as co-écrit des textes avec Thierry Amiel.

Oui, et composé aussi.

Comment vous avez travaillé ensemble ? Et comment c’est venu déjà ?

C’est venu assez naturellement quand j’ai commencé à faire les premières parties de Thierry. Jusque-là, on ne se connaissait pas tellement, je l’avais croisé enfant parce que mon père jouait avec lui [ndlr : le pianiste Gilles Erhart, qui l’accompagne actuellement sur la tournée, a tourné avec lui pour son tout premier album], j’avais dû le croiser deux, trois fois. Donc quand j’ai commencé à faire sa première partie, on s’est dit « bon, allons boire un verre quand même en dehors des concerts ». Et puis il m’a demandé si on pourrait tenter un truc pour voir si ça pouvait marcher, parce que mes chansons lui plaisaient. Et très vite, j’ai eu de l’inspiration pour lui proposer des choses, donc on a commencé à travailler comme ça : je lui ai envoyé des choses, il m’en a envoyé d’autres, et puis on se voyait. D’abord on travaillait chacun de notre côté, puis on se rejoignait pour travailler ensemble.

Donc là dans les trois nouvelles chansons qu’il chante, il y en a que tu as co-écrites ?

Ah oui, les trois, et co-composées aussi.

Ah ouais, elles sont fabuleuses !

Merci beaucoup, vraiment.

J’en ai discuté avec des Thy-fans, et ça leur plaît vraiment beaucoup aussi.

Trop bien, parce que c’était le challenge que je m’étais fixé intérieurement, pouvoir l’emmener dans un nouvel endroit tout en gardant son identité, sa personnalité, et que ça plaise aux fans.

Est-ce que c’est le genre de choses que tu penses continuer ? De mémoire, tu as déjà eu l’occasion de travailler avec d’autres ?

J’avais co-écrit et co-composé avec l’artiste américain John Cameron Mitchell [ndlr : en France, on le connaît notamment pour le film Shortbus, mais c’est aussi un écrivain et scénariste], je ne sais pas si vous connaissez mais c’est un artiste pluridisciplinaire, c’est le réalisateur de plusieurs films, c’est aussi un chanteur, c’est aussi un acteur… Et pendant le confinement, je faisais des reprises tous les deux jours et j’avais fait une reprise d’une chanson d’un de ses films [ndlr : tirée de Hedwig and the Angry Inch, qui met en scène une vedette de rock trans, leader du groupe fictif The Angry Inch]. Et en fait il l’a entendue, est rentré en contact avec moi et on s’est téléphoné pour me proposer d’essayer de faire de la musique à distance.

Là je signe aussi un spectacle de Charlie d’Emilio qui va sortir un « seul en scène » dont j’ai fait la musique.

Oui, je me rappelle d’autres collabs comme celle avec Wirdo, ça remonte un peu plus. Tu en as d’autres prévues ?

Pour le moment non mais je vais me poser la question bientôt parce que j’aime bien ça. J’ai quelques personnes en tête.

Et en dehors de ça, est-ce que tu as des projets particuliers ou des envies ?

J’ai vraiment plein d'envies ! Je pense que je vais assez rapidement me remettre sur la suite là, parce que je suis dans une période de développement de ma carrière, c'est important que je revienne vite. Donc je commence déjà à réfléchir à la suite, à la direction artistique notamment, parce que je fais des propositions artistiques même au niveau de l'image, et ce sont des choses que j'ai envie de faire évoluer.

Tu évoquais les arts visuels, et d’un coup je pense à tes tenues sur scène, tu as un style très marqué. Est-ce que tu bosses avec des stylistes pour ça ?

Pas du tout, non, j'ai toujours eu la passion de ça depuis petit. Très jeune j’ai dit à ma mère que je voulais choisir mes vêtements, pour ma rentrée de 6e je m’étais décoloré les cheveux en blond platine. En revanche, je suis en contact depuis assez récemment avec un bureau de presse. Dans la même, c’est un peu comme des managers de créateurs. J’y suis allé au moment de shooter la pochette de Minuit FM, et j’ai essayé plein de tenues de créateurs. Ca m’arrive de faire des emprunts, auprès de personnes dans le vintage aussi.

On évoquait plus tôt les Thy-fans, une partie a commencé à te suivre visiblement…

Je suis hyper surpris, agréablement surpris. Pas que je m’étais dit à l’avance que ce seraient des personnes difficiles à toucher mais simplement quand on fait des premières parties, on ne sait jamais comment on va être reçu·es. Je me demande toujours si je vais être un peu « trop » pour le public ou pas, en tout cas sinon les personnes ne me le disent pas là. En tout cas, il y a un public incroyable parce qu’il y a cette fidélité, et puis cette écoute, cette bienveillance tout de suite. La première date, c’était à Charleville-Mézières et j’étais à la fois impressionné par le lieu, parce que je n’avais jamais chanté en église, aussi parce qu’on ne se connaissait pas tellement avec Thierry, même s’il est adorable. J’ai toujours besoin d’attendre un peu de sentir les gens avant d’être vraiment à l’aise, ce qui est normal, mais j’y allais un peu plus en discrétion, je pense que j’étais plus réservé, mais j’ai eu des retours hyper sympas. Et des personnes viennent me voir dans des villes différentes, qui sont des fans de Thierry mais font de la route pour me voir, c’est génial, c’est hyper touchant.

J’ai lu d’anciennes interviews que t’avais faites et à un moment tu parles de Depeche Mode, c’est cher à mon cœur alors j’ai eu envie de te demander ce que tu écoutes en ce moment…

Depeche Mode, ça fait partie de mes grands crushs musicaux, ouais, je suis hyper fan.

Et hors de la new wave des années 80, tu écoutes quoi ?

Je peux citer des choses plus récentes… [Izae commencer à regarder ses playlists]. J’ai des playlists spécialisées avec des styles musicaux différents, et puis deux grosses playlists par an, une saison printemps-été et une automne-hiver. Je fais des saisons de Fashion Week sur mes playlists… Ca permet de retourner sur d’anciennes playlists et replonger dans une période. Là par exemple, il y a Yoa, elle vient de faire les Victoires de la musique. Et puis David Damiano, le chanteur de Maneskin qui est en train de sortir un projet solo. Bon, Chappell Roan… Zaho de Sagazan, j’adore, je trouve ça fantastique. Le dernier album de The Weeknd aussi, c’est dense, il y a 22 titres. Sinon, je suis évidemment un grand fan de Lana Del Rey, la pop indie ça me parle souvent, quel que soit le pays.

Ma dernière question sera simplement… comment tu peux teaser la soirée Minuit au Couvent ?

Je pense que c’est justement des formats qu’on n’a pas l’habitude de voir ensemble, je pense que ça peut brasser les publics donc créer une certaine mixité qu’on voit très peu en France, plus dans des pays comme l’Allemagne, en tout cas à Berlin les gens viennent de plein de milieux différents et se retrouvent pour une soirée. Tout fonctionne, il y a une espèce d’harmonie, et ça se fait très peu en France. Donc là je pense que c’est ça qu’on peut réussir à faire avec des concerts pop, des drag show, et pour les plus réveillés de rester pour danser.

Rendez-vous au Couvent-Roubaix le samedi 15 mars à partir de 20h !

  1. SebHonfleur

    IZAE ❤️ est un artiste au grand coeur.
    Avec qui on peut échanger.
    Je suis un grand fan.
    C'est tellement rare les artistes comme IZAE qui le courage d'écrire des textes fort en émotions.
    Il n'a pas peur de dire les mots.

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