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La Cave aux Poètes en confinement – Nicolas, le Directeur nous raconte

La Cave aux Poètes en confinement – Nicolas, le Directeur nous raconte

Nicolas, le Directeur de la Cave

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Lille la Nuit continue de faire son « Confinement Tour » pour demander des nouvelles de ses salles préférées.  Après avoir vu un « post » triste de la part de la Cave aux Poètes sur sa page Facebook, indiquant «  La Cave aux Poètes vous présente le programme d’avril et de mai 2020 ! » suivi d’un grand vide, on comprend toute l’amertume que peut ressentir le personnel qui y travaille. Confinement oblige, tout le monde reste chez soi, et les groupes ne se déplacent pas.

La Cave, petite en superficie, grande en renommée

La Cave aux Poètes de Roubaix est une salle incroyable. Basse de plafond, petite superficie, pourtant elle a tout d’une grande ! Des groupes renommés en toute intimité, c’est ce que nous offre La Cave à chaque concert. Dynamique, inspirée, elle est à l’affût des tendances musiques actuelles de tous styles, et privilégie les groupes émergents de la région. Interactive, elle ne cesse de se mouvoir à travers des actions culturelles plurielles adaptées à tout public, s’y retrouve la jeunesse, s’y développe la pratique artistique. La Cave se veut essentielle au cœur du quartier, de la ville et même de la région.

C’est avec plaisir que l’on a rencontré virtuellement Nicolas Lefèvre, directeur de la salle, pour évoquer avec lui ses doutes, ses frustrations mais aussi ses espoirs !

Il est aujourd’hui tout à fait possible que nous ne puissions reprogrammer des concerts à l’automne. Ce qui est très dur à la fois humainement et économiquement pour La Cave.

Nicolas - Directeur de la Cave aux Poètes

Le confinement de la cave : entre annulations, reports et soutien du public

Bonjour Nicolas. Comment allez-vous personnellement pendant ce confinement ? 

Nicolas Lefèvre : Je vais bien. Je suis comme tout le monde, confiné en famille. On s’organise en retravaillant les espaces de la maison afin de retrouver tous les lieux où nous avons besoin d’aller d’habitude. D’ailleurs, un soir, on s’est dit qu’on allait sortir boire un verre, on en avait un peu marre du confinement. On était couché et puis on s’est rhabillé pour « sortir » boire un verre dans la cuisine, c’était sympa.

Ça fait combien de temps que vous dirigez la Cave aux poètes, et qu’est-ce qui vous motive à y œuvrer ? 

Nicolas : Cela fera 8 ans au mois de mai que je dirige La Cave aux Poètes. À vrai dire, je n’ai pas vu le temps passé. Il y a toujours la possibilité de mettre en place chaque année de nouveaux projets. Je pense tout particulièrement aux dernières créations de La Cave avec le festival WE LOFT MUSIC et le Café Resto Disquaire Le MANGE DISQUE.

Comme toutes les salles, vous avez appris que le confinement était reconduit, et vous devez patienter pour rouvrir les portes. Comment vivez-vous cet arrêt brutal de programmation ? Et comment se passe le « travail » avec votre équipe ? 

Nicolas : La reconduction du confinement était une position attendue de nous tous afin de savoir ce que nous pouvions faire. La durée de vie d’une information dans ce contexte est tellement aléatoire. Donc je procède à des annulations ou des reports de concerts de période en période. Mais bon comme toute mon équipe, je le vis comme une obligation de le faire, comme une pensée auprès de tous les gens qui soignent, qui sont obligés de travailler pour maintenir les services à minima dont nous avons tous besoin. L’équipe est donc confinée en chômage partiel avec des taux différents en fonction des postes plus ou moins impactés. On fait une réunion par semaine en visioconférence.

Sans échéance ni précisions exactes de la part de l’Etat sur une reprise possible de vos activités, le monde de la culture est dans l’expectative d’un redémarrage et envisage tous les « possibles » : selon les régions, selon le nombre de spectateurs… La plupart des festivals ont déjà annoncé l’annulation de leur événement. Comment envisagez-vous l’après, et quelles sont vos frustrations et espoirs ?  

Nicolas : Je pense que ma plus grande frustration actuelle est que nous n’avons que très peu de visibilité donnée par le gouvernement et son ministère de la culture. Quand on entend l’annonce du président sur l’arrêt des grands événements jusqu’au 15 juillet alors qu’on sait déjà que la Belgique, l’Allemagne et le Danemark ont déjà tout bloqué jusque fin août, ce n’est pas très rassurant. Ou bien la définition des petits festivals possibles à partir du 11 mai par le ministre de la Culture devant le Sénat, là on frise carrément le ridicule.

Bref, on espère pouvoir ré-ouvrir en septembre mais pour l’instant c’est compliqué. La Cave aux Poètes cohabite depuis 25 ans avec la seule grande salle prêtée aux 1000 associations roubaisiennes, la Salle Watremez (jauge 1500), situé au-dessus de La Cave aux Poètes sans aucune insonorisation entre les deux. Imaginez que La ville de Roubaix doit replacer à l’automne l’ensemble des manifestations prévues entre mars et juin dans cette salle… Résultat des courses, nous ne sommes pour l’instant pas prioritaire afin d’y replacer notre agenda de concerts. Donc il est aujourd’hui tout à fait possible que nous ne puissions reprogrammer des concerts à l’automne. Ce qui est très dur à la fois humainement et économiquement pour La Cave.

Plusieurs salles ont fait la demande à leurs spectateurs de ne pas exiger le remboursement de leurs tickets sans contrepartie pour les aider à surmonter leurs crises financières, quand cela leur était possible. Comment le public peut-il vous soutenir pour vous aider à traverser cette période ? 

Nicolas : Nous en avons discuté dans l’équipe et nous avons décidé de proposer effectivement aux détenteurs d’un billet pour un concert à La Cave de soit se faire rembourser, soit nous laisser l’argent du billet perdu comme un don fait à notre association. Aujourd’hui, il faut savoir, que même en étant une association privilégiée puisque nous sommes une scène conventionnée d’intérêt national pour le Ministère de la Culture, le fonctionnement nécessaire pour mettre en œuvre le projet artistique pour lequel les partenaires institutionnels nous subventionnent ne couvrent pas les charges.  Donc nous essayons d’atteindre un équilibre grâce à certaines diffusions en grande jauge ou à un nombre d’actions culturelles et de projets d’accompagnement. Donc si nous ne pouvons pas re-programmer demain ou refaire des actions dans les écoles, l’année sera catastrophique comme l’ensemble du secteur. Avec les arts de la rue, les musiques actuelles ont toujours été le parent pauvre de nos politiques publiques en matière de culture notamment pour la musique parce qu’elle génère des recettes propres (billetterie, bar). Et bien que les partenaires institutionnels ne se posent plus cette question car là des recettes propres il n’y en a plus ! et pour un bon petit moment je crois…

Lille la Nuit est de tout cœur avec vous, et vous encourage à tenir le coup pour offrir encore de bien jolis concerts dans votre lieu culte !

LE PORTRAIT CULTUREL DE Nicolas, LE DIRECTeur de la Cave aux poetes

Pour finir sur un sourire musical, un petit questionnaire pour nous en dire plus sur vous !

Si vous étiez un groupe culte ? DEPECHE MODE
Ça va faire sourire mais c’est mon premier souvenir de concert et de partage avec ma bande de copains au lycée. Je devais être en seconde et c’était au Stade Couvert de Liévin, on essayait tous de ressembler à Dave Gahan dans ma génération c’était drôle. L’ambiance était juste dingue ! La musique c’est de l’émotion partagée : 30 ans après tu te souviens avec quels potes tu étais, que ton père est venu jusque Liévin pour nous récupérer en plein hiver.

Si vous étiez un album culte ? Fantaisie Militaire de BASHUNG, l’œuvre parfaite !

Si vous étiez une salle culte ? (A part le Cave, sinon c’est de la triche !) Le Café de la Danse à Paris.
J’y ai joué (il y a si longtemps ahah) et j’y retourne pour voir des concerts : Chamberlain jouant du Chamberlain et Bruce Brubaker jouant du Philip Glass en dernier lieu. Le mur de pierre au fonds de scène est juste magnifique et le son est bon. En plus on peut avoir des configurations debout / assis, il me plait d’avoir le choix en fonction de la musique.

Si vous étiez un festival ? Le Cabaret Vert
Pour son travail éthique, écolo décontracté et les valeurs que portent l’équipe depuis le début, je les adore. Ils ont réussi à créer les conditions du vivre ensemble dans leur festival et la programmation est toujours très éclectique et ça, ça me plaît !

Si vous étiez un poète ? Rupi Kaur, poètesse canadienne. Faut lire « Lait et Miel »
Poésie et dessin autour de la femme, c’est parfois très dur mais surtout très beau.

Qui rêvez-vous de voir venir jouer à la Cave ? Yann TIERSEN et NICK CAVE ou DEPECHE MODE peut-être, il faut absolument continuer à rêver ahah

En confinement, vous nous conseillez quoi ?

  • MUSIQUE

Je dois dire qu’à la maison, je n’écoute pas pour programmer alors je vais avoir tendance à écouter pour me détendre du classique ou du jazz donc à réécouter Les Gymnopédies d’Éric Satie ou la fabuleuse reprise de Between the Bars (Elliot Smith) par Madeleine Peyroux.

  • LIVRE

« Écoute la ville tomber » de Kate Tempest. J'avoue que je suis assez bluffé par son talent d’écriture que je connaissais par ailleurs dans l’écriture Rap mais là dans l’exercice du roman, je trouve qu’elle peut développer son style à la fois cru et poétique. En plus, elle parle de l’humain des villes et son livre résonne pas mal par les temps qui courent.

  • FILM

CONTAGION de Steven SODERBERGH
Le mec fait un film en 2011 avec Marion Cotillard et Matt Damon sur l’histoire d’une pandémie dévastatrice qui explose à grande échelle sur la planète. Tiens, ça me rappelle quelque chose…

L’INCOMPRIS de Luigi COMENCINI
L’élégance d’Anthony Quayle dans ce film ! Il m’a beaucoup marqué par ce qu’il révèle sur la détresse d’un enfant, de ce que l’on est capable d’en percevoir.

  • SÉRIES

BUREAU des LÉGENDES de Éric Rochant
La dernière saison vient de sortir et j’attends le lundi soir avec impatience. Je suis un gros fan de séries politiques, genre House of Cards.

ENGLISH GAME de Julian Fellowes
Série que je partage avec mon fils de 13 ans sur l’histoire du football en Angleterre. C’est intéressant de voir les questions qu’ils se posaient déjà par rapport à l’éthique de ce sport à l’époque.

Un grand merci pour ce partage d’expérience, et au grand plaisir de vous croiser au plus vite, dans les conditions sanitaires optimums, à la Cave aux Poètes.

Le Grand Mix en confinement – Boris, le Directeur nous raconte

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