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« L’Attachement » : Entretien avec Carine Tardieu et Valeria Bruni-Tedeschi

« L’Attachement » : Entretien avec Carine Tardieu et Valeria Bruni-Tedeschi

Carine Tardieu et Valeria Bruni-Tedeschi L'Attachement Style : Cinéma Date de l’événement : 19/02/2025

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LillelaNuit a vu L’Attachement. Avec ce film, Carine Tardieu signe une adaptation libre et bouleversante de L’Intimité d’Alice Ferney. Plutôt que de retranscrire fidèlement l’histoire originale, la réalisatrice recentre le récit sur sa première partie avec le personnage de Sandra, incarné par Valeria Bruni-Tedeschi, et sa relation avec une famille en deuil. Large entretien avec Carine Tardieu et Valeria Bruni-Tedeschi par LillelaNuit.

Carine, vous avez adapté de manière assez libre le livre d'Alice Ferney : L'intimité. Pourquoi avez-vous choisi ce livre et quels furent vos choix d'adaptation  ? 

Carine Tardieu : J'ai adapté ce livre car sa première partie m'a bouleversé. La première partie du roman raconte la rencontre entre Sandra, féministe, qui se veut indépendante et libre. Elle est cependant bouleversée par sa rencontre avec son voisin, père de deux enfants, et dont la femme vient de mourir. Le livre partait dans une autre direction, à peu près à la moitié, et c'est pour ça qu'il s'appelle L'Intimité. Il racontait le rapport de la société au corps des femmes, comment le corps des femmes est violenté, notamment autour des procès, ça parlait des accouchements et de la violence de l'accouchement, mais aussi de la GPA, des sujets qui m'intéressent dans l'absolu. Mais je n'aime pas faire des films à thème ou à thèse. Le livre est en lui-même une diatribe. Sur le moment, je ne pensais pas l'adapter, et puis un jour, Fanny Ardant est passée chez moi, a vu ce bouquin sur mon bureau et m'a dit qu'elle pensait qu'il était fait pour moi. Ça m'a intriguée, j'ai relu le livre et je me suis dit qu'elle avait raison, qu'il fallait que je m'attache à ce que qui m'avait vraiment plu, j'ai demandé l'autorisation à l'autrice de n'en prendre que la première partie, et de faire de Sandra le personnage principal. Ce qui n'est pas le cas dans le livre, où finalement, c'est plutôt le personnage d'Alex qui était au centre.

J'ai adapté ce livre car sa première partie m'a bouleversé.

Carine Tardieu

Vous n'aviez pas peur que l'autrice se sente dépossédée de son œuvre ?

Carine Tardieu : À partir du moment où j'y suis allée, j'ai toujours été très honnête : c'était ça ou rien. Parce que je ne pouvais pas adapter de force quelque chose qui ne me donnait pas envie, et je crois que ce que je lui proposais l'intéressait. Alice Ferney considère qu'un livre est un livre, et qu'un film, même tiré de son roman, est un autre objet. Je crois qu'en général, quand on veut être trop fidèle à un livre ou à un auteur, on rate son adaptation. Je trouve que les plus belles adaptations sont celles où le réalisateur invente quelque chose. Elle a vu le film et elle l'a beaucoup aimé. Bizarrement, elle ne s'est pas du tout sentie trahie.

Le découpage du film est assez marqué et positionne Lucille, la petite fille du film, comme repère du temps qui passe. Pourquoi ce choix ?

Carine Tardieu : Lucille, c'est l'incarnation de la vie dans le film. C'est grâce à la présence de cette enfant que les personnages n'ont absolument pas le droit de sombrer, et qu'on évite le drame absolu. Scinder le film autour de l'âge de Lucille, était une manière pour moi de marquer toutes les étapes que franchissent les personnages. Le deuil pour Alex, l'attachement pour Sandra, pour tous. Depuis que je suis mère, je suis marquée par le fait que les enfants sont des marqueurs de temps. Quand on est parent, on se rend compte à quel point le temps passe et à quel point chaque petit progrès est totalement irréversible. Quand un enfant fait ses premiers pas et dit ses premiers mots, il n'y a pas de retour en arrière possible. Comme si ça crantait à chaque fois, et de plus en plus, les étapes de l'attachement. Comme si ça resserrait les liens.

Depuis que je suis mère, je suis marquée par le fait que les enfants sont des marqueurs de temps.

Carine Tardieu

Valeria, on a l'impression de sentir une nouvelle manière pour vous d'interpréter un personnage. Qu'avez-vous vous pu explorer, en tant que comédienne, en tant que femme, avec le personnage de Sandra ?

Valeria Bruni-Tedeschi : Déjà, le non-faire. Malgré tout, je suis une actrice qui fait. Je ne dis pas que je surjoue, mais je fais. Et ça m'était arrivé une fois, il y a très longtemps, quand j'ai fait La Seconda Volta de Mimmo Calopresti. Je venais de faire Les Gens Normaux (de Laurence Ferreira Barbosa) et Oublie-moi (de Noémie Lvovsky), j'étais vraiment jeune, j'avais 28 ans, et ce sont des rôles  où je suis un peu folle. Et tout d'un coup, Mimmo m'a demandé de ne rien faire, seulement, d'être. Ça m'a mise en colère, ça ma mise dans un endroit de peur. De ne pas exister. Parce qu'avec un acteur, quand on dit action, on a l'impression qu'il faut faire. Mais non, ça ne veut pas dire qu'il faut faire. Et c'est une chose que me demandait Carine, de ne pas faire, de ne pas obligatoirement essayer de faire des choses, mais d'être juste là, de regarder le monde, de dire mon texte. Voilà ! Ça c'est une chose qui me mettait dans l'inconfort, et, du coup, qui était intéressant pour moi. C'est aussi vrai qu'en tant que femme, en tant que personne, Sandra, est un personnage qui n'essaie pas d'obtenir des choses des autres. Elle a une sagesse assez exceptionnelle, je trouve. Et moi, je ne l'ai pas. Moi, si je rencontre un homme dont je tombe amoureuse, je vais essayer d'avoir une histoire avec lui. Si je rencontre un enfant que j'adore, je vais essayer qu'il m'aime. Je vais essayer toujours d'obtenir des choses de la vie, de la réalité. Alors, quelle, non. Et cette non-avidité, ce non-vouloir de consommation, on n'y est peu habitué. Ça, je l'admire. Et aujourd'hui, dans ma vie j'essaie d'aller dans cette direction-là.

Est-ce que jouer le personnage de Sandra, est quelque chose qui va aussi avec l'expérience, avec l'âge ? En tant que comédienne, ou en tant que réalisatrice, a-t-on l'impression de devoir être moins dans la lumière, moins dans le superflu ?

Valeria Bruni-Tedeschi : Je pense que pour Sandra non. Pour Sandra, c'est quelque chose qui vient vraiment de sa vie, aussi de sa douleur. C'est pour ne pas souffrir. Ce n'est pas quelque chose qui a à voir avec la sagesse, mais, aussi, avec la peur de souffrir. Elle s'est aussi constituée une carapace. D'ailleurs, j'ai travaillé avec cette carapace. J'ai travaillé avec les lunettes, un peu comme un masque derrière lesquelles je me cachais. Ce n'est pas que de la sagesse, c'est aussi quelqu'un qui a peur de souffrir. C'est peut-être pour ça aussi qu'elle ne se laisse pas aller. Pour elle, ce n'est pas une question d'âge. C'est une question plutôt d'enfance et de rapport à la mère, et de rapport à la vie. Je pense que si je vais dans cette direction, ce n'est pas une question d'âge. Mais là où j'en suis aujourd'hui, je vois que c'est une bonne direction.

Carine Tardieu : Je le ressens fondamentalement. Il y a cette idée qu'on a moins peur. Moi, j'ai moins peur de ne pas être aimée, par exemple. D'être plus centrée, d'assumer plus ce que l'on pense, d'attendre moins, d'être rassurée par l'autre. C'est ce que disait Valeria : "Tu ne m'aimes pas, c'est pas grave. Tu m'aimes, tant mieux". Mais ça ne vient pas comme ça non plus. Je pense qu'il faut travailler sur soi. Après, je suis assez proche du personnage de Sandra. Là où je me rapproche vraiment du personnage, c'est sur la maternité, même si c'est une maternité qu'elle ne choisit pas, qu'elle subit, elle va lui permettre de s'ouvrir émotionnellement, parce qu'au fond, elle est très cérébrale. La maternité m'a fait accéder à une part de moi qui était inattendue. Vraiment. De toute façon, on ne sait jamais, il n'y a qu'en devenant parent qu'on se rend compte du bouleversement que c'est. Avant, c'est une projection vague, un fantasme.

Il n'y a qu'en devenant parent qu'on se rend compte du bouleversement que c'est. Avant, c'est une projection vague, un fantasme.

Carine Tardieu

Vous avez fait un tournage avec les personnages d'Elliot et de Lucille, deux enfants qui sont très centraux dans l'histoire. Comment s'est passé le tournage et le casting ?

Carine Tardieu : Avec César (Botti) qui joue Elliot, la grande difficulté, c'était d'aller trouver cet enfant. Je savais qu'il était quelque part en France. J'avais l'intime conviction qu'il existait et, en même temps, l'inquiétude de ne pas le trouver. Très vite, on a eu des dates de tournage, donc il fallait le trouver rapidement. Le temps passait, et on voyait défiler des enfants qu'on allait filmer un peu partout en France, qu'on a cherchés un peu partout. J'étais très ouverte sur le profil, ça m'était égal, s'il avait été métis, je me serais débrouillée pour lui mettre une mère noire ou arabe. J'ai ouvert un maximum. Il ne faut surtout pas plaquer une image d'un enfant précis en disant qu'il va être petit, bon, mignon, ou autre chose. Il faut juste qu'il arrive. Un jour, j'ai vu des essais d'improvisation vidéo et c'est le seul pour lequel je me suis dit :"Là, il y a quelque chose". Quand je l'ai rencontré, c'était assez évident que ça allait être lui parce qu'il avait cette capacité d'écoute, d'assumer les silences. Il avait le goût du jeu, alors qu'il n'avait que 5 ans et demi. Il avait un goût du jeu hallucinant, la joie du jeu comme on peut jouer avec des jouets. Sur le tournage, il a été fidèle à ses essais. On n'a jamais été déçus. Il était toujours d'un enthousiasme fou.

Travailler avec un enfant, c'est forcément des temps de tournage limités. Dès qu'on commençait à tourner une scène avec lui, la caméra était sur lui pour commencer. On voyait ce qui advenait et ensuite on rétablissait. Parfois, ça marchait tout seul avec les comédiens. Parfois, il fallait que je lui demande de répéter après moi des phrases pour essayer d'obtenir le ton juste. Il n'y a pas une méthode avec les enfants. Je pense qu'il faut avoir son montage en tête. Je savais exactement ce qu'il fallait faire. Le montage est très différent de ce qu'on a imaginé, mais je savais ce qu'il fallait que je l'ai à minima. Ne rien lâcher sur la moindre phrase.

Pour Lucille, c'est autre chose parce qu'on avait une trentaine d'enfants pour faire une petite fille de 0 à 2 ans. Quand on a des nourrissons qui ont 3-4 mois, on fait le casting, ils sont à peine nés, voire même quasi pas nés. On demande à des parents s'ils sont d'accord pour que leurs enfants passent une heure sur un plateau dans 3 mois alors qu'ils viennent d'accoucher. S'il y a 3 enfants : lequel pleure, lequel a faim, on essaie de s'adapter. Chaque fois qu'on mettait un enfant dans le porte-bébé de Pio (Marmaï), l'enfant se mettait à pleurer. C'était super parce que ça a créé de la vie. On a essayé avec des poupées en latex qui ressemblent de manière très étrange à de vrais bébés. Ça marche beaucoup moins bien parce que les acteurs sont moins déroutés. Quand il y a un petit être vivant, tout fragile, ça ne joue plus du tout de la même manière. On avait deux petites filles un peu plus grandes pour jouer Lucille à un an et demi et à deux ans. Valeria a eu un petit travail à faire avec elle à chaque fois en amont pour les apprivoiser. Pour qu'il y ait une connexion qui se passe. Notamment sur la scène finale du film, où il y a quelque chose de l'ordre de la magie.

Valeria Bruni-Tedeschi  : C'est vrai que la situation de la pelouse dans un petit parc me rappelle tellement des souvenirs merveilleux avec ma fille. J'ai tellement passé du temps au printemps dans cette pelouse à côté de chez moi. Quand j'étais avec cette petite fille (Lucille), ça me faisait l'effet de la madeleine de Proust. Tous mes souvenirs de grand bonheur revenaient. Pour moi, c'est vraiment le haut du bonheur, ces moments avec mes enfants au parc l'été, et surtout au printemps. Des moments où je comprenais vraiment pourquoi j'avais tellement voulu avoir des enfants.

Dans Une Vie Rêvée de Morgan Simon, vous jouez Nicole, une mère assez fantasque, débordante et assez anxiogène. Dans L'Attachement, vous incarnez une femme qui est beaucoup plus dans le retrait et qui n'est pas mère. Est-ce que d'une façon consciente, ou inconsciente, il est possible qu'une comédienne aille contre un film qu'elle a tourné ?

Valeria Bruni-Tedeschi : Oui, absolument ! Complètement ! J'ai tourné le film de Morgan Simon avant L'Attachement. Je trouve que c'est organique de jouer un rôle qui est plus débordant et, après, qui soit plus tenu. Mais absolument ! Ce n'est pas un film contre l'autre, mais c'est vrai que les films se percutent l'un avec l'autre, se télescopent, se touchent, se passent le relais. Il y a un lien entre tous les films qu'on fait, il y a aussi un lien entre des personnages qui font partie de certaines classes sociales. C'est-à-dire que je vois un grand lien entre toutes les femmes que j'ai incarnées qui sont, par exemple, de classe sociale plus modeste, comme si elles étaient sœurs. Ou mère et fille. Elles ont quelque chose en commun. Dans Une Vie Rêvée de Morgan Simon, Nénette et Boni de Claire Denis, ou Rien à faire de Marion Vernoux, ce sont des femmes de milieu très modeste. Je me sens bizarrement très libre avec elles. Plus libre qu'avec des femmes de milieux bourgeois, où je me sens davantage dans le contrôle, plus névrosée, tendue. Je vois cela comme deux groupes de femmes, socialement, ce n'est pas du tout la même classe sociale.

Les films se percutent l'un avec l'autre, se télescopent, se touchent, se passent le relais.

Valeria Bruni-Tedeschi à propos de ses différents rôles

Le film s'institule L'Attachement, un terme propre à chacun. Quel est pour vous la signification de ce mot ?

Carine Tardieu : J'avais fait des études de psycho, très peu, au sortir du bac, j'ai le souvenir d'avoir étudié Bowlby, un théoricien de la psychologie de l'enfant, qui parlait de l'attachement en 4 étapes. Je ne me souviens plus des étapes, mais il dit qu'un enfant, pour se construire psychiquement dans les premiers mois de sa vie, doit avoir en face de lui quelqu'un qui lui apporte de l'affection. Tout simplement. Ce n'est pas tant de le nourrir, que de lui sourire, lui parler, pour qu'il puisse se construire. Il parle aussi d'un instant de survie, et cet instant de survie pour moi, c'est celui d'Eliott dans le film vis-à-vis de Sandra.  Mais ça pourrait être quasiment aussi celui d'Alex vis-à-vis de Sandra. La sensation que j'ai, c'est que l'amour arrive après l'attachement, ce que je dis n'est pas figé dans le marbre, mais j'ai la sensation qu'on peut s'attacher sans amour, on peut s'attacher à un objet, à un chien... J'ai l'impression qu'on peut s'attacher sans amour, mais on ne peut pas aimer sans s'attacher. Peut-être que je me trompe.

Valeria Bruni-Tedeschi : Moi je ne me risquerais pas à des grandes définitions parce que je trouve que c'est un terme très complexe. Je pense qu'on peut aimer sans s'attacher, dans une grande sagesse on peut aimer sans s'attacher. Je ne sais pas exactement ce qu'est l'attachement. Je dirais que je sais ce que c'est la tendresse. La tendresse me semble plus à ma hauteur. Je tisse des liens de tendresse avec les gens autour de moi, dans ma vie, qui sont très importants. C'est un mot très important pour moi et, par exemple, j'ai éprouvé de la tendresse pour cet enfant, sans en faire des tonnes, mais j'ai éprouvé de la tendresse. Comme j'ai pu éprouver de la tendresse pour le personnage de Pio, et même pour le personnage de Vimala Pons. Donc, je parlerais plutôt de tendresse.

L'Attachement, est un film où tous les comédiens ont leur place. Il n'est pas un film choral, mais on pourrait y penser. Le film n'est jamais manichéen. Comment parvient-on à ça ? Cela demande-t-il beaucoup d'écriture ? Beaucoup de travail avec les comédiens ?

Carine Tardieu : C'est difficile pour moi de répondre, ce côté film choral, qui n'est pas vraiment choral, apparaît aussi dans mes autres films. Il y a souvent deux personnages principaux, et  trois personnages qui gravitent autour. Pour moi, il est hors de question d'en laisser un sur le bas-côté, il faut vraiment qu'ils aient tous un os à ronger, et qu'ils existent. Après, je n'écris pas seule, donc j'ai des super co-scénaristes, notamment Raphaële Moussafir, qui m'accompagne depuis Du Vent dans mes mollets, et qui a un talent fou pour éviter les clichés, éviter les personnages plaqués, retourner des situations, pour ne pas qu'elles ressemblent à ce qu'on peut imaginer. Quand une situation démarre, on lui tord le cou. Ensuite, le film se tisse au montage, globalement, on a coupé quelques scènes, mais il est très proche du scénario, en tout cas pour la place qu'occupe les personnages. Il faut prendre soin de chacun, tous les aimer, et même s'ils se comportent parfois comme des cons, ou de manière injuste, l'accepter. Tout en en essayant toujours de les rattraper. J'essaie de faire des personnages qui font du mieux qu'ils peuvent avec les autres. C'est du boulot. J'ai un attrait pour la nuance, en général. Je peux être radicale dans mon contrôle, mais finalement pas tellement dans ce que je pense ou dans ma réflexion. J'aime bien déconstruire. J'ai horreur du tout blanc, tout noir. Je suis très gênée quand les gens sont très sûrs d'eux, par exemple. Quand les gens ont des avis très tranchés sur les choses, moi ça me déconcerte complètement. Je suis incapable d'avoir un avis tranché sur quelque chose. C'est quand même assez rare.

Valeria Bruni-Tedeschi : Yolande Zauberman a dit cette phrase : « Je suis radicalement pour la nuance. ».

Carine Tardieu : Voilà, ça me convient très bien.

Quand vous créez le personnage de Sandra, utilisez-vous aussi ce que les spectateurs par rapport connaissent de Valeria ? Tenez-vous compte de son histoire, de votre regard sur elle en tant que spectatrice ?

Carine Tardieu : Évidemment ! On ne se connaissait quasiment pas, on s'était croisées. Donc, j'avais déjà une image de Valeria. Forcément, je me suis saisie de cette image. Mais Valeria est, au fond, par certains côtés, assez transparente, parce qu'elle est très entière. Donc je n'étais pas déroutée du tout par la comédienne que j'ai eu en face de moi. Au fond, je dirais que la surprise, vient presque plus au montage que sur le plateau, où finalement, elle était raccord avec ce que j'essayais d'imaginer d'elle. Je ne savais pas à quel point on allait batailler, on l'a découvert ensemble. Après, moi, je ne pense pas au spectateur, je suis la seule spectatrice. Ensuite, même quand je suis au montage, je ne pense pas au spectateur. Je fais le film très égoïstement. C'est pour moi que je le fais. Si je fais un passage qui doit m'émouvoir, il faut que je sois émue. Il faut que je me marre. Je joue avec l'image de Valeria, mais avec l'image d'elle que je me fais à tire personnel.

Les infos sur L'attachement

L'Attachement de Carine Tardieu

Avec Valeria Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï, Vimala Pons et César Botti

D'après l'œuvre de Alice Ferney
Scénario : Carine Tardieu et Raphaële Moussafi
Sortie :  19 février 2025
Durée : 105 min

Photos et film-annonce : Diaphana Distribution

Entretien réalisé à Lille le 28 janvier 2025 par Grégory Marouzé et Ambre Labbe.
Retranscription de l'entretien par Ambre Labbe.
Remerciements : Le Majestic UGC Lille

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