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Mademoiselle K

Mademoiselle K

Mademoiselle K Style : Rock Date de l’événement : 26/11/2008

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En avril dernier, Mademoiselle K clôturait le festival des Enchanteurs à Auchel avec quelques unes des nouvelles chansons de son 2ème album « Jamais la paix » (Sorti fin mai). Elle est de retour dans la région à l’occasion de sa tournée. A quelques heures de son concert à l’Aéronef, Mademoiselle K est revenue avec nous sur son 2ème opus sur lequel ses musiciens ont plus collaboré, sur la chanson troublante « Maman XY » et sur ses projets…

Aurélie : Sur la pochette de ton 1er album « ça me vexe », on te voit seule, de dos, torse nu. Sur celle du 2ème « Jamais la paix », on voit tout le groupe représenté par des figurines. Je trouve que ça reflète bien l’évolution de la relation avec tes musiciens. Vous l’avez fait exprès je suppose…

Mademoiselle K : Oui, bien sûr. Il n’y a pas de pochette qui ne soit pas faite exprès. Je ne suis pas quelqu’un qui subit les trucs, à qui on dit « On va te faire faire ça », à moins que le mec ait une super idée. En fait, je réfléchissais à plein de trucs. C’était évident que c’était un album de groupe et qu’on allait le représenter d’une certaine façon. J’avais déjà vu des petites poupées comme ça en me baladant dans la rue Etienne Marcel à Paris, dans une boutique de créateurs. Elles venaient d’un japonais qui faisait des trucs un peu burtoniens. Ces poupées avaient des corps d’homme avec des ailes et des têtes d'oiseau et plein de trucs tout bizarres, des fois à moitié trash ou pas trash mais un univers très fantastique. J’aimais bien. Elles n’étaient faites qu’avec du tissu, des boutons, des zips et des trucs de couture. J’en ai parlé à ma styliste car je trouvais qu’il y avait vraiment un truc dans ces petits bonhommes. J’en ai pris un et je trouvais qu’il fallait des poupées à notre effigie dans le même style.

J’ai contacté le Japonais qui faisait ça mais il était rentré chez lui ; donc j’ai demandé à ma styliste de nous en faire. Le seul postulat, c’était de ne pas mettre de poils et de cheveux car si on en mettait à l’un, il fallait en mettre à tous donc on s’est focalisé sur la tête allongée par exemple, la tenue : moi, je porte du skaï ; David, un sweat car c’est celui qui kiffe le Hip Hop ; Peter est un peu désarticulé... Chacun a donc son truc. Elle a très bien fait le groupe de manière symbolique, pas sous forme de portraits. J’aime bien l’idée de la présentation mais pas directe, c’est-à-dire que c’est le groupe, c’est nous mais quelqu’un qui ne connaît pas ne vas pas nous reconnaître dans la rue avec ça. Comme pour le 1er album, on ne peut pas me reconnaître dans la rue. J’aime bien le fait de se présenter mais de façon biaisée. 


Aurélie : On retrouve les poupées dans « Grave ». Dans ce clip, tu as travaillé avec Antoine Wagner [Jeune réalisateur new yorkais]. Tu as adopté une autre démarche pour le clip de « Maman XY » en faisant participer les internautes. Comment s’est construit le projet ?

Mademoiselle K : De façon très simple en fait. Plus tu bosses, plus tu as des idées personnelles, plus tu te rends compte que c’est dur de trouver quelqu’un qui va vraiment coller à ton univers, à moins que ce soit un mec très fort. On n’a pas les moyens d’avoir des Gondry ou des mecs qui déchirent en clip, qui ont une inventivité folle. J’ai été souvent déçue par l’originalité des mecs. Je me suis dit : « on va le faire nous-mêmes.» J'ai demandé à mon bassiste Pilou (Pierre-Louis Basset) qui est graphiste à la base, qui a une grosse culture de l’image et qui avait déjà un peu réalisé « Jalouse » de le faire. Je lui ai dit que je voulais que ce soit lui qui fasse le clip parce qu’il a déjà fait plein de montages, des mini films de nous sur la tournée… Il est très bon pour ça et il a en plus un sens du rythme qui fait que je n’ai jamais rien à lui dire. Je savais que je n’aurai pas de soucis. Des fois, les mecs font des clips et ils sont un peu lents dans les changements de plans. On n’avait pas beaucoup de moyens. Et pour que ce soit original, Pilou a donc pensé à demander aux fans de chanter et de nous envoyer leur playback.

On se balade souvent sur Youtube et on a vu que plein de gens reprenaient « ça me vexe » ou « Jalouse ». Des fois, c’est drôle ; des fois, c’est touchant. Il y a plein d’émotions différentes et contradictoires. Il n’y avait rien de mieux pour cette chanson que d'avoir toutes les possibilités possibles de l’identité : que ce soit des petites filles, un vieux, un pommé, un moins pommé, quelqu’un qui fait rire, quelqu’un qui est complètement pathétique, tout ça mélangé y compris un furet. C’est lui qui a eu cette idée. J’ai trouvé ça tout de suite mortel.

C’est probablement la chanson sur laquelle on m’a posé le plus de questions dans cet album. Plein de fois, on m’a demandé si j’avais perdu ma mère, mon père, si j’étais orpheline, homo, si j’avais un copain, une copine… J’en rajoute mais c’est un peu ça. Je défends qui que ce soit à la fin de la chanson de dire "Mademoiselle K est ci ou ça". C’est vraiment une chanson profonde sur la quête d’identité qui est sortie à un moment où j’étais complètement perdue dans les gênes. Ce n’est donc pas possible de définir quoi que ce soit et ce n’est pas fait pour ça. C'est une chanson de tous les possibles. Je trouve que Pilou a super bien monté le clip à part deux ou trois trucs que je lui ai dit. J’étais contente dès le début des gens qu’il avait choisi. Après je sais qu’il y en a plein qui ont dit « On ne m’a pas vu ! C’est dégueulasse. Il est nul le clip ». Ce sont des compétitions d’orgueil. C’est marrant parce que très vite c’est devenu un concours alors qu’on ne l’a pas formulé comme ça. Il y a eu plein de malentendus, c’est bizarre.


Aurélie : Il y a beaucoup de groupes qui font des concours justement. Je pense notamment à Nada Surf et Radiohead qui ont lancé un concours pour la réalisation de leurs derniers clips...

Mademoiselle K : Peut-être que c'est ça. Je me dis que quand les gens ne comprennent pas bien un truc, c’est que ça n’a pas dû être bien formulé et que ça n’a pas été clair. Il y avait un truc marqué à côté du brief que je faisais dans la vidéo. Je pense que c’est un brief un peu bordélique donc je comprends le bordel qui a suivi. J’ai trouvé ça plus sympa de faire un brief comme ça plutôt qu’un truc écrit un peu bureaucratique. Je trouve ça cool quand même au final car on s’est dit qu’on n’avait pas eu tant de playback que ça. On a eu plein de gens qui ont fait des montages avec des feuilles. J’ai regretté après d’avoir montré deux feuilles avec le « x » et le « y » car les gens vont très vite dans la direction qu’on leur montre. C’était marrant de revoir le nombre de fois où j’ai revu des « x » et des « y ». Je me disais que c’était incroyable de ne pas pouvoir chercher plus mais on a eu plein de choses différentes quand même.

Pilou a pu piocher dans tout ça jusqu’à choisir aussi un furet. Pilou sait très bien ce que j’aime car on aime les mêmes choses comme les chutes. C’est une chanson qui a déjà un poids assez lourd donc je n’aime pas faire un clip qui plombe encore plus le truc. Je n’en vois pas l’intérêt et moi, ça ne m’intéresse pas. Le ton que prennent les chansons n’est pas tout le temps dramatique. Ça commence de façon assez légère et il y a une gradation même. Ce n’est pas fait pour être une espèce de suicide général. Donc j’aime bien ces petites choses comme le fait qu’un furet débarque et se mette à chanter. C’est même un réflexe quand il y a des trucs graves. Tu te tapes même un fou rire tellement c’est trop grave. Tu as besoin qu’il y ait des rebonds, des trucs qui te font marrer d’un coup.

Aurélie : J’ai lu justement que tu ne jouerais pas la chanson à tous les concerts par rapport à l’implication qu’elle demandait, à l’émotion que tu devais faire passer. Alors est-ce que tu la feras ce soir par exemple ? 

Mademoiselle K : Je ne sais pas. Tu verras ! Mais effectivement, ça fait plusieurs concerts que je ne la fais pas. Il y a quelques concerts quand on a pu, on a diffusé le clip sur un écran. La 1ère fois, c’était à l’Olympia le 20 octobre, en avant-première, avant qu’il passe sur Dailymotion. Donc quand on peut, on le projette, du coup, je ne la chante pas. Des fois, je ne la chante pas tout court et elle n’est pas projetée tout court. Des fois, je la fais.

Aurélie : Donc, ce soir, c’est la surprise… Dans tes deux albums, il n’y a pas de duos. Est-ce que tu envisages pourquoi pas d’en faire un plus tard ? Est-ce que tu aimes ça déjà ? 

Mademoiselle K : Oui, ça n’a rien à voir. C’est des trucs que j’aime beaucoup. Il y a plein d’artistes qui me font envie. Par contre, je suis quelqu’un qui n’aime pas les trucs faits à moitié. J’ai déjà fait un duo et je l’ai beaucoup regretté parce qu’on avait fait qu’une répétition avant. Même si j’aime l’artiste, j’ai beaucoup de mal à venir comme ça après une répétition. J’ai envie que ce soit bien. Donc souvent le temps, les moyens, plein de choses, ne permettent pas de répéter vraiment comme il faudrait. Par exemple, j’ai fait un duo avec Higelin pour Taratata. C’était Bonnie and Clyde. Ce n'était pas bien. On a chanté faux. On ne l’a pas bien préparé.

D’un point de vue scénique, je sais que c’est un autre problème, faire venir un artiste pour un duo sur scène, c’est un peu délicat. Lui, il débarque comme ça, je me mets à sa place. Et pour moi, l’inclure dans le set, ce n’est pas facile. Si un jour, ce n’est pas complètement naturel et s’il n’y a pas vraiment une rencontre ; si c’est plus dû au fait que telle télé ou telle maison de disque te demande si ça t’intéresse, alors non. J’aimerai beaucoup par exemple faire un truc avec The Do. On s’est croisé sur deux ou trois dates et on apprécie mutuellement ce qu’on fait. J’y ai donc déjà réfléchi. C’est aussi une histoire de timbre. Si c’est quelqu’un qui a le même grain que moi, je ne vois pas l’intérêt d’avoir des grains qui se mélangent trop pour un duo. Je préfère vraiment quelqu’un qui a une voix assez aiguë comme Olivia qui a vraiment son timbre à elle, beaucoup plus clair donc ça peut être intéressant. Avec Bowie ou Tom Yorke mais ce sont des rêves.

Aurélie : Et pour les reprises, j’ai lu que tu aimerais bien reprendre une chanson de Loïc Lantoine, un artiste originaire de notre région…

Mademoiselle K
: Oui, j’adore Loïc Lantoine. Je ne connais pas le 2ème album ["Tout est calme"]. J’avais adoré le 1er « Badaboum ». C’est super beau. C’est un mec qui écrit incroyablement bien. De là à reprendre, je ne sais pas. J’admire ses textes tout court et comment il les dit.

Aurélie : Et dans tes autres projets : un DVD live peut-être ?

Mademoiselle K : Pas peut-être, certain ! On est en train de voir comment mettre en place le truc pour probablement l’automne ou l’hiver prochain. C’est en cours, CD et DVD audio, un truc assez complet. Ça fait quand même trois ans qu’on tourne donc on a plein de petits trucs de tournée. On a la Trabendo Session qui était passée sur Virgin 17 et dont on va peut-être reprendre des extraits. On prévoit des captations à l’Alhambra de Paris pour probablement faire la trilogie Alhambra ou un truc comme ça avec en plus quelques festivals.

Aurélie : Et la suite pour 2009 ?

Mademoiselle K : Finir en beauté la tournée de « Jamais la paix ». Faire toujours mieux car on peut toujours faire mieux. Là, on vient de passer aux ears monitors (Casque Retour de scène). J’ai donc plus de précisions par rapport à ce que je fais avec ma voix. On a plus d’exigences aussi. On réarrange les chansons aussi. Donc continuer à faire au mieux et préparer la suite. Il y a des trucs qui existent déjà pour le troisième album…

Aurélie : Je sais que tu donnes beaucoup pendant tes concerts donc je vais te laisser te préparer. Merci d’avoir répondu à mes questions.

Mademoiselle K : Merci à toi. Merci Lillelanuit !

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