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Magyd Cherfi

Magyd Cherfi

Magyd Cherfi Date de l’événement : 10/10/2007

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A deux semaines de son passage dans notre région dans le cadre de « Roubaix à l’accordéon », Magyd Cherfi dévoile son actualité musicale et littéraire. Il évoque ses liens avec les Ogres de Barback et bien sûr Zebda dont il est le parolier…

Interview en écoute :

Aurélie : Pour ton nouvel album solo « Pas en vivant avec son chien », tu as travaillé avec le dessinateur Manu Larcenet : il a dessiné en live lors de certains de tes concerts et il a illustré la pochette de ton album. Peux-tu expliquer comment se sont passés cette collaboration et le choix de la pochette ?

Magyd : La maison de disques m’a dit : « On connaît quelqu’un qui dessine comme tu écris ». Je suis donc allé à la Fnac acheter des B.D.: ça a été un coup de foudre. J’ai retrouvé dans les B.D. de Larcenet tout un univers que je ne soupçonnais pas dans la B.D. et qui ressemble à ce monde que j’essaie de traduire dans l’écriture. J’ai donc dit que je voulais absolument travailler avec lui. Ça tombait très bien car il était en train d’écouter mes albums solo. Ils ne sont pas très nombreux à les écouter alors ça m’a fait extrêmement plaisir. On a donc collaboré pour l’album.

Aurélie : Et pour la pochette de l’album, c’est toi qui as choisi ce qu’elle représente ?

Magyd : Non, c’est Manu. J’ai juste demandé que les Français de souche soient en transparence parce que j’aimais bien l’idée de ce partage d’une société multiculturelle avec moi et des Français. On est ensemble autour d’une table mais on n’est pas tout à fait ensemble.

Aurélie : Le titre de ton album « Pas en vivant avec son chien » est le même que la deuxième nouvelle de ton livre « La Trempe », pourquoi ce titre original et ce lien entre l’album et le livre ?

Magyd : Je ne sais pas trop pourquoi mais j’ai bien aimé l’idée de ce chien. Une femme comme ma mère nous a éduqué dans des valeurs absolument universalistes sans qu’elle sache ni lire ni écrire. C’est grâce à elle qu’on a appris que les hommes étaient égaux entre eux et qu’il fallait se respecter les uns les autres, qu’il fallait respecter les femmes, nos frangines… Une chose l’a différenciée totalement des Français : c’était le chien. Elle disait qu’on était peut-être tous égaux mais les Français font rentrer le chien dans le salon. Le chien prend alors la place des hommes alors qu’il devrait rester à l’extérieur. De plus en plus, on entend les gens dire qu’au moins les chiens sont fidèles. Parfois, les gens préfèrent même les chiens aux humains. Donc ce titre, c’était une façon de dire « aimez les chiens tant que vous voulez mais préférez les êtres humains ».

Aurélie : Pour parler de l’histoire de cet album, tu as écrit : « A peine ai-je entamé la tournée de mon premier album que s’arrimaient dans ma petite tête les premiers textes du prochain », alors es-tu en train d’écrire le troisième ou as-tu déjà des textes de côté ?

Magyd : Je suis en train d’écrire pour Zebda car on doit rentrer en studio l’année prochaine… Je commence à écrire pour cet album…

Aurélie : Au début de ton livre, tu évoques la fin de Zebda, ou plutôt ce qui s’est passé avant la pause, est-ce que c’est un moyen d’expliquer votre choix car les gens continuent à te poser des questions quatre ans après la séparation… la pause ?

Magyd : Non, ce récit sur Zebda, c’était plutôt une façon d’apporter des réponses aux gens qui pensent qu’un groupe est une espèce de paquet compact de gens qui partent ensemble comme ça et qui créent des chansons. En vérité, c’est beaucoup plus une somme d’individus, un assemblage de blessures. En réalité, on devient un groupe car on ne se sent pas seul, on a la possibilité d’affronter ensemble un public, une scène... Le groupe n’est qu’une façon de se sentir plus fort quelque part parce que les individus ont des carences en étant seuls. C’était notre cas. A sept, on a pu…

Aurélie : … se compléter

Magyd : Voilà. On a pu s’inventer une armure pour défendre notre idée.

Aurélie : Fin septembre, ton livre s’est classé 26ème des meilleures ventes nationales. Pour toi qui aimes écrire, je suppose que ce succès t’incite à continuer alors as-tu un nouveau projet ?

Magyd : Oui. Comme je suis encouragé par les gens, je me dis que la prochaine fois, je tente carrément un roman. Jusqu’à présent, je me contentais de nouvelles parce qu’il me semblait que c’était plus facile de faire des histoires courtes. Le roman demande plus de rigueur donc j’ai fait cela par facilité. Il va falloir que je m’atèle au sujet.

Aurélie : Au niveau des concerts, les Ogres de Barback ont des liens avec plusieurs membres de Zebda. Mouss et Hakim sont par exemple montés sur scène avec eux à la Fête de l’Humanité cette année. Toi, tu as participé à leur nouvel album « Du simple au néant ». Comment s’est passée cette coopération ?

Magyd : On les connaît depuis pas mal d’années. La première fois que nous les avons vus sur scène, je me souviens que pour Joël, notre bassiste et moi, c’était un coup de foudre : ils reprenaient des chansons de Pierre Perret et comme nous sommes fans de Pierre Perret, on s’est dit que c’était presque ce qu’on aurait voulu faire. Après, on s’est mis à les apprécier sans qu’il ne se soit passé des événements particuliers. Un jour, j’ai reçu la musique de « Pardon Magyd ». J’ai trouvé la musique fabuleuse. C’était un pur plaisir de participer à cette chanson pleine d’humanité. Ils sont venus à la maison. J’avais créé un bout de texte. On a enregistré ensemble. C’était comme si j’avais enregistré avec Zebda, une même famille un peu pour moi.

Aurélie : Tu as préparé un autre album destiné aux enfants sur lequel tu racontes « La Flûte enchantée ». Les enfants font souvent partie de tes projets, par exemple, le clip de « Toujours un connard pour sauver la France » ou alors ton concert réservé aux scolaires prévu en décembre… Pourquoi c’est important pour toi de t’engager dans des actions qui leur sont destinées ?

Magyd : Je ne sais pas trop pourquoi. Je me dis parfois que j’ai passé toute ma vie en bande dans des familles nombreuses, des équipes de foot, des groupes de Rock, des associations... Je n’ai vécu qu’en groupe. Mais, il me semble surtout que l’enfance est l’unique moment où on peut ou non percevoir le message de l’humanité ou celui de l’intolérance. C’est là qu’on commence à attraper les premières ficelles de la trajectoire d’une vie. Je suis très ému par l’enfance car je sais que la mienne a été essentielle pour faire ce que j’avais envie de faire c’est-à-dire écrire. J’ai un rapport aux mômes qui est absolument délicieux car j’aime l’idée de la transmission d’un message… d’amitié, de solidarité, d’espoir. Le futur peut ne pas être tout noir.

Aurélie : Une dernière question liée à l’actualité sportive… Un concert est organisé dimanche dans le cadre du « Festival Ovale » avec toi et M.A.P., le lendemain de la demi finale Angleterre-France. Alors est-ce que tu suis la Coupe du monde de rugby ?

Magyd : Oui ! Je la suis tellement que j’ai failli avoir une crise cardiaque lors du match contre les All Blacks ! Le rugby, c’est génial car c’est rare qu’on perçoive un tel don de soi de la part d’un sportif. Là, c’était un match où ces quinze bonhommes se sont donnés pour nous. C’était un véritable don. On ne trouve pas ça dans le foot par exemple. Dans le foot, on trouve des prouesses et dans le rugby, on trouve de l’humanité. Ce que je souhaite contre l’Angleterre, c’est l’idée du don bien plus que le score. Je pense qu’on devrait gagner d’un petit point.

Aurélie : Voilà le pronostic, on verra… Verdict samedi !

Magyd : Si dimanche je boite sur scène, c’est qu’on a perdu.

Aurélie : D’accord ! Merci. On se retrouve le 25 octobre à Roubaix dans le cadre du festival "Roubaix à l’accordéon".

  1. marjorizzz

    Merci encore pour cette belle soirée (j'ai gagné 2 places!)Magid est un chanteur très touchant, habité, de magnifiques textes avec des supers musicos. J'ai hate de lire son nouveau livre. Merci lille la nuit. A bientôt...marjorie

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