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Mano Solo

Mano Solo

Mano Solo Date de l’événement : 21/06/2007

A une semaine de son passage à Villeneuve d'Ascq pour le festival "Les Mille et une", Mano Solo répond à nos questions depuis RCV. Découvrez  ses nombreux projets artistiques et ses points de vue sur l'urbanisme ou encore la fête de la musique qui a lieu ce jour-là...

Aurélie : Votre nouvel album « In the garden » a une pochette moins chargée que l’album précédent et une équipe de musiciens moins importante, est-ce que c’était important de faire quelque chose de plus simple et de plus personnel après l’album « Les Animals » ?

Mano Solo : C’est pas une question de moins de gens ou de plus personnel. C’est comme « Dehors », c’était aussi un album drapeau blanc. Il y a beaucoup de blanc. C’est des albums que je vois comme ça, un peu d’ouverture, de changement. Des albums que je vois de paix. Des albums blancs c’est des albums de paix, des drapeaux blancs.

Aurélie : Trois mois après la sortie de cet album que vous avez autoproduit après avoir quitté Warner, quel bilan vous faîtes de votre démarche commerciale inédite ?

Mano Solo : Pour moi, ça se passe plutôt bien parce que je suis Mano Solo, par contre, je ne conseille pas l’expérience à quelqu’un qui n’est pas Mano Solo. C’est-à-dire qu’un gars qui se pointe et qui croit qu’Internet lui permettra de produire son album se trompe complètement. Si moi, j’avais dû attendre que les gens, pourtant j’en ai du public, m’aident à faire mon album je serai encore en train de l’attendre un an plus tard, parce que j’aurai pas assez d’argent pour faire un album. Ça veut dire que les gens ont renié les maisons de disques mais en fait ils ne se rendent pas compte qu’on en a besoin et quand il s’agit de remplacer les maisons de disques, ils ne sont plus du tout d’accord. Il y a une grande différence entre les discours des internautes et leurs actions c’est-à-dire qu’ils ne soutiennent pas ils veulent juste consommer.

Aurélie : D’ailleurs, vous avez lancé un autre projet avec des internautes un album avec une sélection de poèmes de votre livre « Je suis là » mis en musique, où en est le projet ?

Mano Solo : Il est pratiquement fini, on a bien travaillé. On a avancé tranquillement : on a bien préparé, on est retourné en studio, on a enregistré. Maintenant, il y a encore deux, trois trucs à peaufiner. L’album est pratiquement fini, on va essayer de le sortir, de trouver un distributeur. Aujourd’hui faire un disque c’est un peu quelque chose de suicidaire.

Aurélie : Il y a une date de sortie qui est prévue ou pas encore ?

Mano Solo : Non, non pas encore !

Aurélie : L’expérience vous a incité à écrire un nouveau livre ou pas, pour l’instant je pense que vous n’avez pas le temps… ?

Mano Solo : Oui ! J’ai déjà écrit la moitié et je connais la suite… C’est une bio donc je prends mon temps, je le sortirai quand ce sera le moment. C’est une cartouche que je garde en plus du disque.

Aurélie : Vous incitez sans cesse à être créatif, dans vos déclarations et dans vos projets, les mots « créativité » et « diversité » reviennent souvent, est-ce que le message dans le morceau « les petits carrés blancs » est le suivant : le monde change et perd de sa diversité, les gens ne sont plus assez créatifs aujourd’hui ?

Mano Solo : « Les petits carrés blancs », ce n’est pas une chanson là-dessus. C’est vrai que c’est une chanson sur le monde qui change mais c’est une chanson de vieux con : tous ceux qui vieillissent regrettent que le quartier de leur enfance ne soit plus comme il était quand ils étaient petits. Et maintenant, ça va tellement vite que le Paris que moi, j’ai pu découvrir adolescent… [Petite interruption… Son chien se met à aboyer…] … n’a plus rien à voir avec le Paris d’aujourd’hui. Ça n’a rien avoir avec la créativité.

Aurélie : C’est parce que j’avais lu que « Les petits carrés blancs », c’était des petits immeubles qui étaient construits, ils étaient tous pareils en fait…

Mano Solo : Ha oui ! C’est vrai qu’au niveau de l’urbanisme, on ne peut pas dire que ce soit intelligent. On est en train de construire des ghettos en plein Paris. C’est vrai quand on voit les immeubles qui sont construits à Belleville, les gens sont entassés les uns sur les autres. On reconstruit des banlieux à l’intérieur, intra muros. Il y a quelque chose qui ne va pas, des concentrations sans ressources de gens au même endroit. C’est n’importe quoi l’urbanisme à Paris comme partout d’ailleurs.

Aurélie : Sur scène, est-ce que vous avez envisagé d’associer vos dessins à votre musique en projetant par exemple des dessins dans le fond de la scène ?

Mano Solo : Il faut le mettre en scène parce que c’est pas évident. Le dessin, c’est quelque chose de lent, çà peut-être très très chiant, ça prend beaucoup de temps de développer du dessin. Je cherche… je me suis déjà entraîné avec mes musiciens : on fait des répét’ où des fois, je projette des trucs sur le mur, où je m’entraîne à dessiner en chantant. Çà prend du temps. Il faudrait faire un spectacle que comme çà et qui durerait 3 ou 4 heures, les gens fumerait des pétards pendant ce temps-là ! Pour l’instant, on en est là. Il faut qu’on arrive à mettre ça à l’intérieur du spectacle, à faire quelque chose de pas chiant.

Aurélie : Depuis le début de l’année, vous tentez aussi une nouvelle expérience à la radio avec « Le Clou de la soirée » tous les derniers samedi du mois, comment vous préparez le contenu et comment vous choisissez le thème de la soirée ?

Mano Solo : Heureusement que tout le monde la prépare pour moi parce que je fous rien! Mais ça c’est bien, j’aime bien, je me pose là et puis je découvre. Le thème de l’émission, c’est quand même moi qui le choisis et j’ai la chance d’avoir Eloïse Baron, l’assistante qui met tout en ordre. Quand je dis un truc, il ne se perd pas dans ma tête, elle le note. Elle assure bien, elle cherche des bons invités. En fait, l’émission, c’est elle qui la fait. Il n’y a pas qu’elle, il y a aussi tous les gens du forum qui apportent des chroniques, qui sont là pour m’aider. En fait, je travaille avec tout le monde pour « Le Clou de la soirée ». C’est des internautes qui sont là depuis le début et qui tiennent leurs chroniques. Tout s’organise de manière autonome, c’est à ça que j’essaie d’amener les gens. Ils viennent et puis ils font, ils n’ont plus à demander s’ils peuvent ou s’ils doivent faire. C’est çà le truc chez Mano Solo : tu viens et tu fais.

Aurélie : Mais c’est quand même vous qui décidez du thème, comment le choisissez-vous ? Par rapport à l’actualité ?...

Mano Solo : Par rapport à l’actualité ou par rapport à des courriers que je reçois aussi. La prochaine émission, c’est sur la prostitution. C’est pas un thème que j’ai choisi, c’est un thème qui m’est arrivé. C’est bien l’émission est reliée à un site de chat-vidéo. Tous les gens qui ne pouvaient pas y avoir accès peuvent maintenant nous avoir en direct et en image.

Aurélie : On peut l’écouter aussi sur Internet l’émission…

Mano Solo : Oui mais en différé.

Aurélie : Sur votre site, je n’ai pas vu de concert prévu pour la fête de la musique aujourd’hui…

Mano Solo : Non, je m’en fous de la fête de la musique ! Je ne comprends pas tous les professionnels. Au départ, ce n’était pas une fête pour les professionnels. C’est devenu un business la fête de la musique. On fait des gros podiums avec des grosses têtes d’affiche. Tous les petits groupes ramassent quoi ? Ils ramassent que les gens qui s’en foutent de tout et qui sont juste au bistrot du coin. Je n’aime pas quand on m’ouvre la porte. J’ai aimé en tant que spectateur quand je n’étais pas sur scène, j’étais vraiment content. En tant que citoyen, je suis content qu’elle existe la fête de la musique mais ce qu’elle devient, çà n’a aucun intérêt. Chaque radio de merde fait son podium, chaque télé de merde fait son podium. On y voit plus que des stars qu’on voit toute l’année en télé. Je ne vois pas l’intérêt de la fête de la musique aujourd’hui. C’est devenu un truc de consommation, on ne te paie pas. On veut te faire jouer mais on te paie à moitié, c’est délirant. Les jours officiels, ce n’est pas des jours où je me sens concerner. Toute l’année, je fais ce que j’ai envie, je n’attends pas qu’on m’ouvre la porte. En plus, c’est mal foutu, je n’ai pas envie du tout. En plus, je n’aime pas jouer en extérieur.

Aurélie : On vous retrouvera à une date non officielle dans la région… [Nouvelle interruption à cause du chien…] pour le festival « Les Mille et une » à Villeneuve d’ascq !

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