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Mr VOul, artiste urbain roubaisien

Mr VOul, artiste urbain roubaisien

Mr VOul Style : Art Urbain

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L’artiste urbain Mr VOul nous ouvre les portes de son atelier pour nous parler de son travail artistique dans la rue et l'emblématique visage qui caractérise son univers. Il nous présente le collectif d'artistes et artisans récemment installé dans le centre de Roubaix, qui compte déjà une trentaine artistes multidisciplinaires, attendant avec impatience la réouverture des lieux culturels.

L'ART URBAIN DE MR VOUL

Nous sommes ravis de vous rencontrer Mr VOul. Pour que les lecteurs vous découvrent, pourriez-vous nous dire qui vous êtes, et quel type d’art vous faites ?

Mr VOul : Je suis un artiste urbain présent depuis 5 ans à Roubaix, président du collectif Remyco. La rue est mon principal espace d’expression et mon inspiration. Je crée des œuvres avec de la fibre de verre, je réalise des collages, pochoirs, peinture, retouche photo, cyanotype et je collabore avec des graffeurs, ce qui me pousse à être plus technique dans ma pratique.

L'atelier de Mr VOul à Roubaix

Qu’est-ce que c’est l’art urbain ? 

Mr VOul : L'art urbain est un mouvement artistique et un mode d’expression artistique, il englobe différentes disciplines plastiques qui se pratiquent dans la rue. Le graph existe depuis longtemps, il fait partie du mouvement Hip-Hop de même que le rap et la danse. Le mouvement se développe en France dans les années 80 notamment à Roubaix où il y a une scène assez ancienne avec des noms connus comme Mikostic, Lem et Benjamin Duquenne. Les graffeurs sont les précurseurs de la rue. La technique utilisée se décline sous plusieurs formes, le tag qui lui correspond à un marquage de territoire et le graffiti qui se démarque par une qualité supérieure et l’envie de raconter une histoire, rendre hommage. Je ne parle pas de street art, le street art englobe plus de discipline comme la danse, la performance, le théâtre. Je préfère l’expression art urbain qui est plus représentative de notre pratique, qui se veut plus anonymisée et moins présente dans la sphère médiatique.

On connaît votre travail pour l’image de tête stylisée présente dans la rue, qu’est-ce qui vous a amené à créer ce personnage à votre effigie ? 

Mr VOul : Je joue sur le côté narcissique, toutes les œuvres c’est ma tête, on pourrait croire que je me regarde tout le temps dans le miroir mais ce n’est pas du tout le cas. C’est un accident, j’étais photographe dans la marine et mon parcours m’a amené à réaliser des décors et éclairages dans un collectif. J’ai créé ce personnage Mr VOul pour la communication interne, hors du collectif j’ai continué à développer ce personnage. La rue est arrivée par accident des potes grapheurs m'ont incité à descendre dans la rue avec ce personnage. Au début je ne voyais pas l'intérêt, et puis une fois réalisé en grand pour une expo j’ai trouvé ça génial. Cela a marqué l’esprit des gens, je ne sais pas pourquoi, mais ça m'a permis de vivre à plein temps de mon art, ce n’était pas une démarche narcissique de ma part mais c’est ce qui a fonctionné. Je décline Mr VOul sous plusieurs formes pas uniquement dans la rue mais également dans des peintures, cyanotypes et des formats moins habituels comme des chaussettes et même une bière la "Gueule de ” pour Les Collab’LGD ARTenBière.

L'emblématique visage de Mr VOul

Qu’est-ce qui vous inspire pour créer vos œuvres ? 

Mr VOul : Il est clair qu'aujourd’hui les réseaux sociaux t'inspirent, parfois même sans t'en rendre compte, ce serait de mentir que de s’en cacher. Pour mes derniers travaux, c’est dans la rue en me baladant et dans la vie de tous les jours, que je repére des alliances couleurs qui vont bien ensemble. Puis je cherche à les utiliser par n’importe quel moyen, les couleurs m'inspirent soit pour créer un pochoir ou réaliser une retouche photo.

C’est quoi le quotidien d’un artiste urbain, dans l’imaginaire collectif vous frôlez avec la légalité, comment vous repérez les endroits où poser votre œuvre dans la rue ?

Mr VOul : Pour mes lieux, je les repère en me promenant je suis sensible à la couleur, l’architecture et les gens du quartier. Les lieux on les a en tête, on y retourne et même certain où l’on va coller plusieurs fois. Les artistes du collectif dont je fais partie mettent un point d’honneur à ne pas faire de vandalisme, on colle sur des planches de travaux ou des lieux abandonnés. Dans mon travail, j’essaye de faire coïncider mes œuvres avec les lieux où elles se trouvent, en réalisant un style adapté, un rappel de couleur. Pour les muralistes (les artistes qui peignent des œuvres imposantes sur des murs) le travail se fait sous forme de commande comme la nouvelle façade du quartier de l’union à Tourcoing, réalisée récemment par les artistes du collectif “Des Friches et des Lettres” et  Collectif Renart.

Vos œuvres sont dans la rue donc visibles et disponibles pour tout le monde, ce qui peut entraîner le vol ou la détérioration de l'œuvre, comment on gère ça ? 

Mr VOul : On a vécu une période où l’on avait des décolleurs compulsifs, qui les enlevaient très peu de temps après qu’on les ait posées. Au-delà de ça quand tu poses dans la rue, surtout du collage il faut t’attendre à ce que ça soit dégradé, on apprécie que le collage reste longtemps mais on aime aussi la patine et l'appropriation des gens. On est content quand l'œuvre est prise en photo et partagée, j’ai conscience qu’on a besoin de visibilité sur les réseaux sociaux pour vendre même si ce n’est pas ma démarche première, alors on doit accepter que leur état ne dépend plus de nous.

UN NOUVEL ATELIER D’ARTISTES DANS ROUBAIX

On a appris récemment la création d’un nouvel atelier dans Roubaix, pouvez-vous nous le présenter ? 

Mr VOul : L’atelier roubaisien "L'alternateur" qui n’a pas encore été présenté au public, est administré par l’office de tourisme de roubaix et je tiens à remercier Loïc Trinel, sans qui le projet n'aurait jamais vu le jour. Les ateliers sont occupé par un collectif de 35 artistes multidisciplinaires sélectionnés pour la qualité de leur travail. Le but est d'accueillir des artistes mais également des artisans, et crée une collaboration entre les différentes pratiques réalisées dans ce lieu et éviter la consanguinité artistique.

On prévoit également d’ouvrir une galerie au rez-de-chaussée où il y aura les œuvres des artistes et artisans présents dans les locaux et des visites d’ateliers.

Mr VOul

Qui sont les artistes et artisans présents dans ce lieu ? et quelles sont leurs pratiques ? 

Mr VOul : On peut y retrouver Roobey, Des Friches et des Lettres, X-SPRAY SEAZ, Ouroboros, Pi80, Max Giaquinto, Nikonografik, Dib Bazz, Artix G, Nicolas Valynseele, Resco, Béatrice Meunier Dery, Christine Berchadsk, Hideyuki Ishibashi, Violaine Desporte, Vianney Daltes, Evin Tison, Monsieur Peintos, Ombre Ambre, M Koeur, Renolouchart, Madjad, Adre Uno, Chloekowalka, Luxueuses lueurs, Decoamz, Delobel Patrick, Guylène Galantine, Waxkunda design et Julie Seydoux. Certains développent une pratique plus ou moins proche du graffiti et de l’art urbain et d’autres artistes travaillent le design et la mode. Des artisans comme l’ Atelier Iceberg ont lancé un concept bio, vegan et zéro déchet qui propose savons, tisanes et autres produits visant au bien-être.

La ville de Roubaix compte plusieurs ateliers d’artistes et l’art urbain est très présent dans la rue, il est même possible de faire des “visites street art”. D'après toi pourquoi la ville de Roubaix est aussi propice à l’art urbain ? 

Mr VOul : La ville est remplie de “spot”, l’industrie textile a laissé derrière elle, à l’image de Brooklyn ou Détroit de nombreux lieux abandonnés. Ce qui laisse place à l’expression artistique de chacun, de plus les loyers sont moins importants et la mairie nous facilite la tâche. C’est une tendance qui se développe pas uniquement pour l’art urbain mais pour tous les arts. La nuit des arts et ses ateliers visitables en sont la preuve, elle amène à Roubaix des gens du monde entier. La mairie réalise également des commandes, on crée des médiations avec la ville pour grapher à certains endroits, mais ce qui nous manque c’est un lieu d'expression libre. Où l’on pourrait à la fois aller peindre de temps en temps pour se faire plaisir et faire plaisir aux gens, comme le mur d'Oberkampf situé à Paris, qui est renouvelé tous les mois par un artiste.  C'est un événement à part entière qui donne de la visibilité aux artistes urbains et à la ville.

Mr VOul sera présent au Solid'art  le 4,5 et 6 juin 2021 à Hôtel de Ville de Lille, avec 120 artistes pour une exposition solidaire du Secours populaire. Les fonds collectés seront dédiés à la campagne vacances du Secours populaire Nord.

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