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Rodrigue Spectaculaire Diffus Style : Chanson française - Pop/Rock Date de l’événement : 13/10/2014

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Révélé en 2008 avec Le Jour où je suis devenu fou, le Lillois Rodrigue sort aujourd'hui même son troisième album, Spectaculaire Diffus. L'occasion de nous replonger dans l'univers d'un artiste zébré, marqué par l'empreinte d'une folie colorée !

La dernière fois qu’on s’était rencontré, c’était pour Le Jour où je suis devenu fou, et donc aujourd'hui, tu es devenu un zèbre ?!

Rodrigue : Oui c’est ça ! Visuellement avant j’étais beaucoup dans des tons noirs, là j’ai voulu passer sur le blanc, tout en marquant une petite touche de pois comme sur le deuxième album L'Entre-Mondes.

Aurélie : Et donc qu’est-ce que symbolise cette pochette et cet animal pour toi ?

Rodrigue : Je pense qu'elle symbolise le fait qu’on est tous un peu des gens rayés. Rayés par la vie, ou aussi non-conformes… J’aime bien cet animal parce que c’est le seul apparemment qu'on ne peut pas dresser. Personne n'essaye parce qu’il a ses humeurs. Et du coup, ça me va bien, cet univers symbolise bien ce que je fais. Et puis, j’aime bien les gens rayés, souvent ils ont moins d’a priori.

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Pochette du nouvel album Spectaculaire Diffus.

Aurélie : L’image a un rôle important dans ton travail. D'ailleurs, il y a plein d’images dans ton livret, pourquoi tu les as choisies pour illustrer cet album ?

Rodrigue : Ouai, je kiffe le visuel, je sais que je suis un peu vintage sur ce plan là…

Aurélie : C’est vrai qu’on en voit de moins en moins.

Rodrigue : On en voit de moins en moins, c’est un peu dommage. Généralement c’est un petit plus, peut être déjà pour la compréhension de la chanson, mais aussi parce que je chante en français, et donc c’est intéressant de pouvoir comprendre les jeux de mots bizarres que je fais (Rires). Par exemple pour « La tâche », effectivement si on l’écoute à la radio ou sur un site comme Deezer ou Spotify, si on n'a pas le visuel et qu’on comprend pas que c’est par rapport au test de Rorschach avec les tâches, peut être qu’on peut passer un peu à côté de la compréhension de la chanson. C’est pour ça que c’est aussi intéressant d’avoir le visuel.

Aurélie : On pourrait parler pendant des heures des paroles des chansons, de tous les jeux de mots que tu fais justement et comment tu jongles avec les mots… Pour revenir sur certains, notamment le titre qu’on voit en premier, pourquoi tu as choisi ce titre ?

Rodrigue : Spectaculaire Diffus ?

Aurélie : Oui, et qui est rattaché aussi au titre « Sa chatte » ?

Lorsqu’on regarde les infos, la politique et le monde du spectacle, on se rend compte que tout est mis en scène...
Rodrigue - Spectaculaire Diffus

Rodrigue : À la base c’est une notion de Guy Debord sur la société du spectacle. Il a fait une mise à jour de son texte qui date de 1968, parce qu’à l’époque ça signifiait qu’on était tellement abreuvé de divertissement qu’on ne savait plus lequel choisir. Après la mise à jour de son texte, il explique qu’aujourd’hui tout est spectacle. Et c’est vrai que lorsqu’on regarde les infos, la politique et le monde du spectacle, on se rend compte que tout est mis en scène, tout est fait pour être dans une sorte de communication lissée. C’est donc un simple constat. Tout ça est rattaché à la chanson « Sa chatte » que j’ai coécrit avec une blogueuse canadienne, qui montre ici par le biais du sexe, qu’on est tellement abreuvé de sexe qu’on en vient à galvauder même ce qui est beau. Et comme tout est spectacle et marketing, on ne reconnaît plus la beauté de certaines choses qui sont importantes.

Aurélie : Tu chantes en français, mais il y a une chanson sur laquelle tu as décidé de faire de l’international, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

Rodrigue : Oui, c’est une chanson futuriste. C’est peut être triste, et même si je suis un mec 3.0, ça il n’y a pas de souci, je pense qu’à un moment le Français sera peut-être comme le latin, et que plus généralement toutes les langues vont devenir folkloriques. En fait, on est en train de perdre nos racines pour une sorte d’uniformisation globale de la société. Cette chanson parle donc de la perte de nos racines et surtout de notre langue.

Je pense que c’est dangereux, parce que malgré le fait qu’on comprenne et qu’on parle de plus en plus l’anglais, c’est bizarre, quand on chante en français et qu’on écrit aussi en français, il se passe quelque chose de l’ordre de l’inconscient qui fait qu’on est rattaché à nos racines. Je n’écris pas comme Baudelaire mais n’empêche que dans le style d’écriture, je n’écrirais pas en anglais comme j’écris en français. Et ça c’est complètement inconscient.

Quand on écrit en français on se rapproche de ce qu’on est, de notre culture générale. C’est donc important de garder la langue. De toute façon, j’aime bien être compris par tout le monde, donc ça me va bien de chanter en français. Après je sais que la langue anglaise est peut être un peu plus dynamique, mais n’empêche qu’une chanson française bien faite peut me toucher 10 000 fois plus qu’une chanson anglaise parce que tout à coup, ça va me toucher dans mon être.

Aurélie : Oui, c’est un sujet qu’on aborde souvent, avec des groupes qui choisissent l’anglais plutôt que le français, et pourquoi ils choisissent de renoncer à la langue française.

Rodrigue : En fait il n’y a pas de débat je pense, c’est juste comment on le sent. Je sais que j’écoute beaucoup de musique anglo-saxonne malgré tout, parce que souvent ça sonne mieux. Maintenant quand il y a un texte français qui me touche, il me touche vraiment.

J’écoute beaucoup de musique anglo-saxonne, parce que souvent ça sonne mieux. Maintenant quand il y a un texte français qui me touche, il me touche vraiment.
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Aurélie : Avant d’arriver à ce très bel album, tu es passé par Ulule, pourquoi avoir choisi de passer par ce système et qu’est ce qu'il t'a apporté ?

Rodrigue : Il m'a confirmé qu’il y avait des gens qui m’aimaient (Rires). C’est important de se dire qu’il y a bien des gens derrière soi. C’est bon, ils sont là, ils veulent que je continue. Le problème, c’est que les ressources des ventes de CD ne sont plus là, les gens achètent juste pour soutenir l’artiste. Maintenant, on est plus dans une aide communautaire, et à tous les niveaux de la culture. Quand on voit les mecs sur Ulule, c’est à la fois des mecs qui font de la BD, du ciné, de la musique dans tous les styles… Ce qui est plutôt bien puisqu’on rencontre un public, on rencontre un nouveau système de financement où il n’y a pas d’intermédiaire.

En même temps, les intermédiaires peuvent te permettre de faire des festivals importants, de passer aux Francofolies, mais bon à un moment quand ça ne vient pas, il faut bien trouver des solutions (Rires) ! Et donc Ulule est une solution pour pouvoir continuer et puis ça fait plaisir au gens, il y a des cadeaux. A ce niveau là, je pense qu’on a fait les choses bien, j’ai fait une petite soirée que j’avais appelée « Soirée dans l’Entre-Mondes » dans une ferme, sur un terrain champêtre en été, et c’était vraiment super convivial. On a fait aussi des concerts en appartement. C’était vraiment sympa. Toutes ces petites choses permettent de rendre la pareille aux gens.

Aurélie : Tu préfères les petites rencontres plus intimes ?

Rodrigue : Moi j’aime tout, franchement tu me donnes un festival plein air je prends (Rires) ! Mais sinon après discuter avec les gens, passer une bonne soirée, faire de la guitare autour d’un feu de camp, ça me va aussi !

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Avant-Première du nouvel album à la Maison Folie Beaulieu de Lomme.


Aurélie : D’ailleurs, samedi 27 septembre, tu as présenté ce nouvel album pour la première fois en live à la Maison Folie Beaulieu de Lomme. Comment s’est passé ce concert ?

Rodrigue : C’était bien ! C’est toujours super marrant parce que dans ce genre de truc on se prépare, et il y a toujours des imprévus (Rires) qui rendent humaine la chose, et qui rendent zébrée la chose. On est très rayés aussi, et c’est bien en fait, parce que ça montre que je ne chante pas en playback. A un moment, j’ai eu un problème de micro j’en ai profité pour slamer (Cf la photo ci-dessus), j’en ai profité pour faire une chanson a capella. Ça faisait partie de l’ambiance. Et ce qui est bien c’est qu’on a quand même l’expérience de ne jamais se faire déborder par les imprévus et au fur et à mesure on reprend le fil, finalement ça nous met dedans, et puis on passe une bonne soirée. Alors effectivement, dans notre esprit on aimerait bien que cela soit sophistiqué, que ça soit complètement pur dans tous les coins. Malheureusement ce n’est pas comme ça, ce n’est jamais comme ça et tant mieux ! Ça montre que c’est du spectacle vivant.

Aurélie : Je suppose que tu as beaucoup travaillé la mise en scène comme d'habitude ?

Rodrigue : Oui, on a essayé de passer un cap et de faire des choses un peu plus sophistiquées. On travaille sur de la vidéo avec mon technicien lumière, sur du mapping. Cela nous permet de changer d’ambiance très rapidement, de passer d’un décor de neige en noir et blanc à quelque chose avec du feu, des flammes sur scène. Ça rend la création illimitée.

Aurélie : Quand on s’était rencontré pour le premier album, tu cherchais un label, finalement, aujourd'hui, tu continues et tu sors ce troisième album toujours en indépendant. Tu as changé d'avis ?

Rodrigue : Je crois que j’ai un peu changé d’état d’esprit depuis. Je le dis pour tous les groupes, à un moment il faut y aller, il ne faut pas attendre. J’en suis à cet état d’esprit où je n’attends plus personne. S'ils viennent je suis là, ma porte est grande ouverte, mais j’ai créé mon label, l’association a la licence d’entrepreneur de spectacle, donc on est capable de tout faire. Ça permet de se dire qu’on avance, s'il y a quelqu’un qui nous suit c’est cool, sinon on le fait quand même (Rires) ! J’invite ceux qui ne nous connaissent pas à venir nous voir parce qu’on est là depuis sept ans, et si ça avait du se casser la gueule cela serait arrivé avant ! Après si un jour, arrivé à 45 ans, je sens que ma guitare est trop lourde pour la porter, je me dirai peut être que c’est fini. Mais pour le moment tout se passe bien, je sors de scène je me sens bien, et puis les gens sont là, ça me fait plaisir. Tout le monde a le smile. Si au moins tout ça peut permettre de nous donner le smile, c’est déjà formidable !

Aurélie : Pour la sortie de ce troisième album, quelles sont tes attentes ?

Rodrigue : Déjà artistiquement, je suis content parce que je trouve qu’il y a une homogénéité, ça se tient. Forcément j’ai écouté plusieurs fois l’album une fois qu’il était masterisé, et il coule bien, c'est-à-dire que ça arrive à la fin, c’est bien, c’est à ce moment qu’il fallait qu’elle arrive. Il n'est pas trop long, pas trop court, et malgré le fait d’avoir gardé différents univers il y a une sorte de son global qui fait que tout se tient j’ai l’impression. Les critiques font toujours un peu peur, et pour le moment les premières critiques sont vraiment très bonnes.

Maintenant on va le défendre pendant un an, et puis l’aventure continue. On va essayer de s’exporter, de faire des belles dates, on a envie de tourner. On a une bonne équipe humainement, on s’entend bien entre nous, et du coup ça nous permet de faire de belles choses. On espère tourner un peu plus hors régions. Il y aura sans doute une date parisienne étant donné que la date lilloise a bien marché. On va pouvoir s’exporter. La prochaine date est à Dunkerque le 7 novembre, dans une salle bien underground, à l’Entrepôt (Rires).

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