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Roots & Roses Festival : dans les coulisses avec Guy Van Handenhove

Roots & Roses Festival : dans les coulisses avec Guy Van Handenhove

Roots & Roses Festival Date de l’événement : 01/05/2025

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Le 1er mai 2025 aura lieu la 14e édition du Roots & Roses Festival dans la ville de Lessines, en Belgique ! Une belle occasion pour nous de nous entretenir avec Guy Van Handenhove, directeur et programmateur du festival, afin d'en savoir un peu plus sur les coulisses de son organisation.

Roots & Roses

Le Roots & Roses festival, rendez-vous incontournable des amoureux des formes modernes de folk, blues, rock’n’roll et garage, se tiendra le 1er mai 2025 à Lessines (BE), dans la province du Hainaut, à 60 km de Lille.

L’édition 2025 approche. Comment avez-vous construit la programmation de cette année ?

Guy : Beaucoup de recherches ! L’année dernière, c’était ma toute première participation à la programmation. En fait, j’ai un peu été propulsé dedans à la dernière minute pour sauver la situation, si on peut dire. Mais cette année, c’est vraiment moi qui ai pris en charge toute la programmation musicale de A à Z. Bien sûr, j’ai reçu des propositions via les agences, que ce soit en Belgique, en France ou aux Pays-Bas, car j’ai déjà pas mal de contacts dans le milieu. Mais à côté de ça, il y a aussi beaucoup de groupes que j’ai découverts moi-même. J’ai passé du temps à écouter ce qu’on me suggérait, à fouiller un peu partout, sur YouTube notamment. Il suffit d’un morceau qui accroche mon oreille, je clique, je cherche, et parfois je tombe sur de vraies pépites. C’est comme ça que certains artistes se sont retrouvés sur notre affiche cette année.

Est-ce qu’il y avait une volonté de continuité avec la précédente édition, ou bien vous êtes reparti complètement de zéro avec vos recherches ?

Guy : Même l’année dernière, quand j’ai repris en cours de route, je suis allé voir ce qui s’était fait auparavant, j’ai consulté les archives. Et déjà là, j’ai voulu y apporter une petite touche nouvelle. Sans dénigrer ce qui a été fait avant, j’ai remarqué qu’on voyait pas mal de groupes revenir assez régulièrement, parfois sous des formations différentes, mais quand même. Et je trouve ça dommage. On a tellement de bonnes musiques disponibles, déjà rien que dans nos pays voisins, alors pourquoi répéter les mêmes noms tous les deux ou trois ans ? Donc oui, j’ai voulu casser un peu cette routine, ouvrir la porte à de nouvelles propositions. Ce qui est aussi important pour moi, c’est que Lessines ne soit pas simplement un point figé sur la frontière linguistique belge. J’aimerais que ce soit une sorte de passage, une porte qui s’ouvre entre les deux communautés linguistiques du pays. Et vu notre proximité avec la France, il y a aussi tout un vivier artistique de ce côté-là à explorer. C’est dans cette optique que j’ai programmé les Bloyet Brothers, un groupe que j’ai découvert totalement par hasard.

Justement, pourquoi eux ? C’est le seul groupe français cette année !

Guy : Oui, c’est un groupe composé de trois frères originaires de Bretagne. Quand je les ai découverts, je suis allé sur leur site internet, et j’ai pris contact avec leur manager, qui est aussi leur bookeuse, Sonia. Elle était ravie que je les contacte, d’autant plus que ce sera leur toute première date en dehors de la France. Cette année, j’ai aussi eu envie de revenir à l’essence du festival. Comme vous le savez, Roots & Roses, ce sont deux scènes. Et pour moi, l’esprit "Roots", c’est quelque chose de très précis. Je prends souvent l’exemple des premiers albums des Beatles ou des Rolling Stones, qui reprenaient des morceaux de blues et de rock’n’roll des années 50.

Cette dimension "Roots", vous la revendiquez fortement ?

Guy : Oui, pour plusieurs raisons. Quand je pense au "Roots", j’y vois la musique essentielle, celle qui vient des gens. Le Roots, c’est ce qui pousse dans la terre, c’est là qu’il faut aller chercher. Quand j’ai commencé à travailler sur la programmation l’année dernière, j’ai parlé à beaucoup de monde. J’ai travaillé longtemps dans la musique, pas comme musicien, encore moins comme chanteur, mais comme éditeur et manager en Belgique. J’ai donc un vaste réseau, et j’ai passé beaucoup de coups de fil pour trouver des groupes. Huit personnes sur dix connaissaient le festival, même si elles n’y étaient jamais venues. Ça prouve que Roots & Roses a déjà une vraie place dans le paysage musical belge. Ce qui me tient aussi à cœur, c’est de garder l’esprit convivial, tout en valorisant la musique de qualité et les découvertes. J’ai vu d’autres festivals perdre ça en cours de route. Moi, je veux du public, bien sûr, mais surtout des gens qui viennent pour découvrir, écouter, vibrer dans une ambiance particulière. C’est cette authenticité qui fait, je pense, que Roots & Roses reste un festival à part.

L'ambition de beaucoup de gros festivals aujourd'hui, c'est quand même de grossir en jauge. Alors que vous, vous voulez rester à taille humaine pour justement avoir un public qui est là vraiment pour cette ambiance conviviale et qui a envie de découvrir encore des groupes.

Guy : J’aime bien comparer Roots & Roses au Cactus Festival, en Belgique, qui se tient à Bruges. J’y allais déjà il y a des années. Bien sûr, le festival a évolué, mais il se déroule toujours dans un parc, en plein centre-ville, avec une seule scène. Même si leur programmation est plus variée que la nôtre, l’événement reste à taille humaine. Il attire de vrais passionnés de musique, souvent en famille. Beaucoup nous disent que le festival est agréable, qu’on y mange bien, qu’on y boit bien, et surtout qu’on s’y sent bien. C’est ce genre de retour qui compte pour moi. J’aimerais qu’on puisse garder cet esprit-là, même en grandissant un peu.

Votre ambition, ce n’est pas de grandir en jauge, mais en notoriété, en qualité du public et de la programmation. 

Guy : Exactement. C’est pour ça qu’on collabore avec l’équipe de Bruno et Sophie en France, qu’on travaille aussi avec une agence en Belgique, et qu’on essaie d’élargir notre visibilité sur Instagram, notre site, Facebook... À 63 ans, j’aime encore secouer un peu les choses, provoquer, faire bouger le public. J’essaie d’apporter ma touche à travers la programmation. Ce ne sont peut-être pas de très grands noms, mais pour moi, des artistes comme Eli Paperboy ou James Hunter, pour ne citer qu’eux, ont déjà une reconnaissance internationale bien établie. Et à un autre niveau, on a des talents plus jeunes comme Zach Schutz, à peine dans la vingtaine, qui tourne déjà partout en Europe, ou encore Rob Heron, qui a aussi une belle notoriété.

Il y a quelque chose qu’on trouve vraiment intéressant dans votre festival, et c’est aussi pour ça qu’on aime le suivre. Ça fait des années qu’on va dans des festivals, on approche les 25 ans, et on commence à se lasser de voir les mêmes noms revenir tous les deux ou trois ans. Ce qu’on apprécie chez vous, c’est justement votre démarche. On sent que vous faites l’effort de proposer des choses différentes, de chercher des exclusivités. Des artistes comme Halo Rider ou Justina Lee Brown, par exemple, viennent jouer en Belgique pour la première fois grâce à vous. Parfois, on ne peut même les voir qu'au Roots & Roses. Et ça, c’est vraiment précieux pour un public curieux comme le nôtre.

Guy : Oui, Justina Lee Brown, c’est une artiste que j’ai découverte par hasard sur Internet. En tombant sur son morceau Lost Child, j’ai été bluffé, je me suis dit : “Mais qu’est-ce que c’est que ça ?”. J’ai creusé un peu et j’ai réalisé que je connaissais déjà son agence, via le groupe Dirty Deep que j’avais programmé auparavant. Je suis allé la voir récemment en concert, à côté de Lille, dans le cadre de Jazz En Nord. Et franchement, c’est une boule d’énergie sur scène, c’était super.

Concernant les exclusivités, je ne les cherche pas forcément, mais parfois ça arrive naturellement. Les Bloyet Brothers, par exemple, viendront jouer pour la première fois en dehors de la France. Idem pour Halo Rider, que j’ai découvert en farfouillant sur YouTube.

Il y aura donc beaucoup de premières fois, aussi pour moi ! Mais je suis assez confiant. Je sens que ça va bien se passer. Et puis, parfois, on a des confirmations imprévues. Par exemple, quand j’ai été voir Justina à Lille, j’y ai croisé d’autres Belges, dont un programmateur et un collègue à lui. L’un tient un club de blues en Belgique, qui va fêter ses 60 ans l’an prochain. On a discuté, et il m’a dit qu’il venait justement à Roots & Roses cette année, car il voulait absolument voir Halo Rider, et surtout Anne Harris. Lui la connaissait, pas moi. Tout ça, ce sont des moments qui renforcent mes décisions. C’est toujours un mélange d’excitation et de stress, mais c’est ce qui fait la beauté du boulot.

Vous avez mentionné quelques groupes belges tout à l’heure, mais on sent que c’est un axe fort de votre programmation. Est-ce que l’objectif est aussi de valoriser la scène belge et ses artistes ?

Guy : Je pense que oui, aujourd’hui, beaucoup de festivals cherchent à attirer de grandes têtes d’affiche et un maximum de public. Mais à force, on en oublie parfois notre propre scène. Il y a une vraie richesse en Belgique, et elle mérite d’être mise en avant. Je tiens à faire de la place aux artistes locaux. Fred and the Healers, par exemple, fête ses 30 ans, il vient de sortir un nouvel album, et l’un de ses morceaux s’intitule Roots & Roses, un clin d’œil évident. Il clôturera la scène Roots et donc le festival cette année. Il était très content de cette proposition. Mon objectif, c’est d’ouvrir la scène à des artistes de nos régions, mais aussi à ceux des pays voisins. Offrir un tremplin, faire des découvertes. Et tout cela en gardant un festival encore accessible financièrement. Aujourd’hui, c’est une chose rare, mais à mes yeux essentielle.

Justement, je voulais le souligner, vous l’avez évoqué rapidement, mais Roots & Roses reste l’un des festivals les plus abordables parmi ceux qu’on connaît dans la région, à une époque où beaucoup sont devenus vraiment chers.

Guy : Oui, et c’est aussi pour ça qu’on compte sur votre aide, ainsi que sur celle des médias et des réseaux partenaires. L’idée, c’est d’attirer du public en misant sur nos atouts : même si on n’a pas les grands noms qu’on retrouve ailleurs en boucle, on reste un festival bien organisé, convivial, et surtout, on permet de faire de vraies découvertes. Et tout ça à un prix très accessible. Concrètement, en prévente, le pass est à 40 €, soit moins de 4 € par groupe. Ce genre de tarif devient rare. On y parvient parce qu’on fonctionne sans sponsor financier, mais ça demande des choix. Ce n’est pas simple, mais si on veut grandir un peu, il faudra trouver un équilibre. Je préfère garder une programmation faite de découvertes, avec des groupes qu’on verra peut-être dans les grands festivals dans quelques années. Et que les gens puissent dire : « Moi, je l’ai vu pour la première fois au Roots & Roses. »

C’est toujours un mélange d’excitation et de stress, mais c’est ce qui fait la beauté du boulot.

Guy Van Handenhove, directeur du Roots & Roses, 
à propos de la programmation du festival

Vous l’avez évoqué rapidement, mais au-delà de la musique, il y a aussi tout un engagement éco-responsable. Où en êtes-vous dans cette démarche ? Y aura-t-il des nouveautés cette année ou vous poursuivez sur ce qui fonctionne déjà bien ?

Guy : On continue dans la même direction, tout en essayant d’améliorer ce qu’on peut, il y a toujours moyen de faire mieux. Cette année, il y aura déjà un grand changement : le festival se déroulera sur un nouveau site, ce qui génère pas mal de stress. les terrains d’athlétisme habituels sont en travaux, donc on migre vers les anciens terrains de foot de l’Union Lessines. C’est un site plus fermé, entouré d’arbres, donc l’ambiance sera différente, plus intime. Mais cela implique aussi plus de logistique : on n’a plus accès aux halles de sport, donc il faut louer des conteneurs pour les loges, le catering... C’est un défi. On se demande forcément : est-ce que tout va bien se passer ?

Côté durabilité et produits locaux, on reste fidèles à notre approche. Toute la nourriture est préparée maison, sur place, par des bénévoles et notre cuisinier du centre culturel. Il y aura bien sûr des classiques comme les hamburgers-frites, on est en Belgique !,  mais aussi des stands proposant de l’italien, du thaï... en tout, cinq ou six options avec de la bonne cuisine. Les boissons locales sont aussi mises en avant : bières artisanales, jus, sodas locaux. On fera aussi plus attention à la gestion des déchets, même s’il n’y en a pas énormément : la vaisselle utilisée pour la nourriture est biodégradable, et les boissons seront servies dans des éco-cups.

Et pour finir, un mot pour les Lillois, qu’ils soient fidèles ou qu’ils n’aient encore jamais mis les pieds à Roots & Roses ?

Guy : À ceux qui ne sont jamais venus, je pose une simple question : pourquoi pas ? Et à ceux qui connaissent déjà le festival, j’espère vous revoir cette année. Venez à plusieurs, en camionnette ou en bus, avec vos amis, votre famille ! C’est un moment à partager. Et puis franchement, Lessines est plus proche de Lille que de Bruxelles.

Les informations pratiques

Où : Lessines
Quand : Le 1er mai 2025
Tarifs : Prévente 40 € / Caisse 48 € ( Junior <16 ans : 25 € / 35 € )
Pour réserver vos billets, c'est ici.

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