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SaSo – Son premier album « Tout est Sauvage »

SaSo – Son premier album « Tout est Sauvage »

SaSo Tout est sauvage Style : Folk, rock Date de l’événement : 24/03/2018

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Après avoir sorti 2 EPs en 2013 et 2015, SaSo revient avec "Tout est sauvage", un premier album qui regroupe 10 morceaux en français et en anglais. En attendant la release party le 7 avril à la Malterie pour la sortie de ce nouvel opus, elle nous a dévoilé les coulisses de cet album, du choix du titre à l'enregistrement en passant par la magnifique pochette réalisée par les Kiki Bronx...

Pourquoi avoir décidé de faire un album après 2 EP ? Est-ce que tu voulais travailler dans la continuité de ces EPs mais en faisant un album ou tu voulais vraiment sortir un projet différent ?

Globalement, dans la vie et pour SaSo, je n’anticipe jamais rien. Je n’ai pas vraiment le temps, car je ne fais pas que ça, et, en général, ce sont des choses qui remontent qui font qu’il va se passer quelque chose. J’ai eu une espèce de montée d‘activité assez folle qui fait que j’ai écrit plus ou moins comme ça, quand j’avais le temps, et, à un moment, je me suis rendue compte que j'écrivais plus en français maintenant. J'avais pas mal de morceaux et puis, j’avais envie de faire un album, un objet plus costaud qui terminerait un cycle. 2013, c’était vraiment les prémices, c’était encore quelque chose de très intime, très doux. Il y a eu ensuite quelque chose de l’ordre de la prise de confiance en 2015 avec le deuxième ; j’écrivais beaucoup en anglais, parce que j’avais surtout un propos musical, je n'avais pas vraiment grand-chose que j’avais envie de défendre en terme de texte. Mais l’écriture en français est venue assez spontanément donc je me suis mise à avoir pas mal de morceaux, largement assez pour un EP mais pas encore assez pour un album, donc j’ai travaillé encore un peu pour avoir dix morceaux et sortir cet album et même avoir un vinyle. J’avais envie de m’offrir ça. En tout cas, je ne sais pas dire concrètement pourquoi, mais cet album clôture et ouvre vers autre chose, notamment du français. Des choses potentiellement plus barrées, je pense...

Tu as commencé quand cet album du coup ?

Sur cet album, j’ai repêché des chansons que je n’avais jamais enregistrées mais qui sont mes premiers balbutiements en français et qui doivent dater de 2011. La plupart, je les ai écrites ces deux dernières années, mais il y en a deux qui sont très anciennes et que je n’avais jamais réussi à mettre sur un disque, parce que je ne leur trouvais pas de place. Là, ça fait sens avec l’ensemble, c’est cohérent. Cet album me paraît vraiment avoir une continuité et dire quelque chose qui est à la fois intime et plus ouvert sur le monde. Il y a un morceau où 3 copines de Chauffe Marcelle font les chœurs, il y a aussi Louise Bronx qui est venue lire un poème que j’ai écrit. Souvent, les premiers albums on parle beaucoup de soi -ce qui était mon cas d’ailleurs-, plus ou moins de manière réaliste, mais là, il y a quelque chose à la fois d’apaisé mais aussi de plus ouvert sur ce qui m’entoure. Du coup, les titres en français qui datent sont effectivement un peu plus intimes mais je trouvais qu’ils avaient leur place.

Il y a quelque chose à la fois d’apaisé mais aussi plus ouvert sur ce qui m’entoure

SaSo

 

Je reviens sur le titre de ton album, « Tout est sauvage ». Il y a un morceau qui s’appelle comme ça, tu as d’abord eu l’idée de ce titre d’album et en a découlé une chanson ou alors tu t’es dit que la chanson représentait l’album ?

C’est très intuitif, c’est-à-dire que le titre « Tout est Sauvage », ça fait peut-être un an et demi/deux ans que je l’ai écrit. C’est le titre que je trouve le moins cohérent avec l’ensemble et, pourtant, c’est le titre de l’album. L’écriture en français, c’est quasiment de l’écriture automatique, souvent, ce sont des moments automatiques dans le sens où je ne la conscientise pas. Des fois, c’est vraiment un truc qui me tombe dessus, par couplet entier ou par refrain, et je l’écris, je me le garde de côté et, après, je vois comment je peux mettre ça en forme. Typiquement, j’ai beaucoup de mal à écrire quand je décide d’écrire mais ça m’arrive dans des moments où je suis en vacances ou quand je suis en déplacement, dans un train, un avion… C’est comme la course, comme la nage : quand on se déplace, l’esprit n’est pas immobile et fonctionne de manière plus fluide – en tout cas, moi, ça marche comme ça. Et du coup, il y avait eu ce refrain qui m’était vraiment tombé dessus en vacances avec des copines et je l’avais enregistré, comme ça, dans mon dictaphone. Assez vite, il y avait « Derrière les arbres, tombe la nuit, tout est sauvage » et je m’étais dit "tiens, tout est sauvage".

Sauvage, pour toi, ça représente quoi ?

Le Sauvage, pour moi, c’est revenir à ce qui nous lie, l’instinct de l’animalité dans son sens positif. On vit dans un monde divisé, dur, et ce qui m'intéresse avec la musique, c’est la rencontre, que permet la pratique du chant notamment. C’est une vibration physiologique qu’on envoie quand on chante et les gens la reçoivent. Ce qui m'intéresse dans les concerts, c’est la transe collective. J'ai parfois envie de sortir de l’aspect scène, de danser, de faire du tambour. Pour le titre « Tout est sauvage », je n’ai pas réfléchi, ça m’a paru évident. Les choses viennent comme ça.

Ce que tu expliques, du coup, on se représente bien ce qu’il y a sur la pochette de ton album, qui est canon d’ailleurs !

Il faut saluer les Kiki Bronx, avec qui j’avais travaillé d’ailleurs sur le clip de 2015. Je suis ravie, c’est une accroche visuelle très forte, c’était vraiment la commande que je leur ai faite. Autant sur le clip en 2015, on ne se connaissait pas, même si j’avais repéré qu’elles étaient venues me voir en concert une fois ou deux, je leur avais laissé carte-blanche sur le choix du morceau et le clip. Elles avaient choisi le morceau que, secrètement, je rêvais qu’elles choisissent et je suis très heureuse du clip qu’elles ont réalisé. On a souvent qualifié ma musique de « clair-obscur ». La musique que je fais, elle sort comme ça, je n'ai pas du tout de réflexion là-dessus ou de cohérence d’écriture, j’écris comme ça vient. Toujours est-il que cette pochette est effectivement en noir et blanc, c’était un choix des filles, les Kiki, qui sont deux : Eglantine et Marianne.

Qu'est-ce que tu souhaitais pour cette pochette ?

Je savais qu’Eglantine fabriquait des sculptures d’animaux vraiment magiques avec des articulations très réalistes dans lesquelles on pouvait se mettre, elle avait fait des performances dedans. J’aime beaucoup cette partie de son travail et j’ai vraiment un truc avec les loups : mon premier disque s’appelait "Wolf and Birds". J’avais donc commandé à Eglantine une tête de loup, je leur avais demandé ce qu’elles en pensaient. On s’est vues, on a écouté l’album, on a discuté et puis elle m’a réalisé une tête de loup, on a fait une photo et voilà. En fait, il y a eu plusieurs propositions, certaines plus lisses, plus douces. Moi, j’avais envie de quelque chose, pour le coup, de brut, d’assez cru, mais avec des intrusions de lumière. Je trouve que ça marche quand même pas mal sur la pochette parce qu’on sent les faisceaux lumineux qui tombent sur le relief du loup mais on n’est quand même pas dans une réalité qui est toute plate, toute lisse ; je n'avais pas envie de transcrire ça. Les Kiki Bronx, c’est des nanas juste incroyables, elles ont un talent, un à propos dans leurs propositions, ce sont de grandes artistes.

On va retrouver la tête de loup pendant tes concerts ?

Elle n’a pas été faite pour ça, parce que, du coup, j’aimerais bien aussi pouvoir me déplacer avec ou en faire quelque chose. Il y a quelques artistes féminines que j’aime beaucoup comme My Brightest Diamond qui arrive avec un masque, PJ Harvey qui a des couronnes de plumes… Là, techniquement, cette tête, c’est absolument impossible en jouant avec parce qu’elle est assez lourde et je dois la tenir. Mais en tout cas, voilà, c’était l’animalité dans son sens vraiment positivant. C’était un petit caprice aussi, parce que j’avais envie d’avoir mon loup… Je n'étais pas certaine d’avoir envie de mon visage dedans ; elles, ça leur paraissait cohérent.

Tu disais que tu avais moins de chansons tournées vers toi, sur ton intimité, est-ce que tu as voulu tourner avec plus de gens sur ce projet qu’au début ?

Oui, on a travaillé à plus, mais ce n’est pas tant que je ne voulais pas m’ouvrir avant. En fait, on a toujours été un peu dans l’urgence parce que je n’ai pas de moyens, je n'aime pas faire de studio, en tout cas sur SaSo. Le studio, c’est assez froid, c’est plein de micros, on n'a vraiment pas droit à l’erreur, ça coûte cher. Et jusqu’alors, j’ai toujours réussi à monter des studios dans des maisons qu’on me prêtait ou des endroits comme ça, avec une âme, une gueule. On partait vivre avec les gens avec qui j’enregistrais ; vivre, dormir, manger, enregistrer jour-nuit... Et c’était beaucoup selon les endroits que je trouvais et les gens qui avaient du temps et l’envie de passer du temps avec moi.

Comment cet enregistrement s'est passé par rapport à tes deux EPs ?

Le premier, je l’ai fait avec mon vieux copain qui m’a accompagnée pendant longtemps au son et, après, il y a quelques copains à Lille qui ont mis un peu de violoncelle, un peu de batterie mais c’était essentiellement moi. Le deuxième, je l’ai fait à 3 avec ce pote là et Delbi, qui était à la batterie et qui a ensuite mixé. Et là, je suis partie avec le batteur qui m’accompagne et deux autres copains qui sont à la fois musiciens et ingé son, arrangeurs,... dans une vieille baraque à 4. On a enregistré en 2 sessions de 5 jours, une en décembre et une en janvier. C’était un enregistrement un peu mouvementé mais c’était super et on a vraiment énormément bossé, notamment un morceau qui s’appelle « Nuit Longue », guitare-voix, et que j’ai écrit en 2011. Il n'était pas du tout prévu et, en fin de session, avec le dernier des rescapés, là-bas, à 4h du mat, on l'a fait en une prise. On l’a enregistré comme ça et c’était chouette. On a fait exprès de garder le grain de la pièce dans laquelle on était, il y a pas mal de bruit, on a utilisé la pièce, ce qu’on trouvait dedans, pour habiller certains morceaux. J’adore avoir quelque chose qui ressemble à l’endroit où on l’a enregistré.

Tu as prévu quelque chose de particulier pour la release party ?

A priori, il n’y aura que Louise Bronx qui ne sera pas là à la sortie, mais l’idée, c’était de réunir tous ces gens-là pour la fête de sortie, plus d’autres invités. On travaille sur le thème sauvage, on s’attache à faire un bon concert. Il y aura de la danse, la reprise d'une formule acoustique, on réfléchit à faire des trucs bruitistes, enfin voilà, un événement assez spécial... On est super heureux d’avoir la Malterie, c’est un endroit que j’adore. J’avais envie d’un endroit qui soit chaleureux et où on avait assez de marge de manœuvre pour faire ce qu’on veut.

J’ai vu que tu cherchais un label et un tourneur ?

En fait j’ai toujours cherché mais c’était plus facile de faire ça pour les autres que pour soi. Et aller demander à quelqu’un de travailler avec toi c’est vraiment dur. D’autant plus quand c’est quelque chose d’intime. Mais j’en ai vraiment besoin.

Pour tourner un peu plus ailleurs aussi ?

Oui c’est ça, pouvoir faire vraiment ce que j’ai envie de faire, à savoir faire de la musique et avoir plus de temps pour travailler. J’ai aussi envie de jouer un peu plus devant des gens qui ne me connaissent pas. C’est super chronophage d’organiser tout ça, c’est un boulot de dingue.

Crédit photo : Kiki Bronx

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