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The Amplifetes

The Amplifetes

The Amplifetes Date de l’événement : 16/04/2013

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The Amplifetes ont récemment sorti (février 2013) leur deuxième album, intitulé Where Is The Light. La bio de ce quatuor suédois qui sévi depuis 2010 est jalonnée de buzz, plus ou moins volontaires. A l'occasion de leur passage au Grand Mix de Tourcoing en première partie de Poni Hoax pendant le festival les Paradis Artificiels, nous avons rencontré The Amplifetes après leurs balances. Autour d'une table, de soupes, de quenelles et autres purées, c'est dans une ambiance « à la bonne franquette » et très cool qu'ils ont répondu à nos questions.

 

Alan : Pour commencer, est-ce que vous pourriez vous présenter pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?
Je suis Henrik Korpi,  le batteur des Amplifetes.
Je suis Peter Ågren, le chanteur.
Je suis Tommy Spaanheden, le claviériste.
Je suis Henrik Jonback, le bassiste et un peu claviériste aussi.

Alan : Hier soir, vous jouiez à Paris. C’était votre première fois en France ou vous êtes déjà venus ?
Peter (chant) : Non, on est déjà venus plusieurs fois. On a fait deux ou trois tournées, des festivals, et on est allé à Paris plusieurs fois pour jouer/donner des concerts.
Alan : Et à Lille ?
Peter : Nous sommes déjà venus à Lille une fois. (c’était en 2011 à La Péniche, NDLR)
Alan : C’était comment hier ?
Peter : C’était bien, super ! Vraiment bien, oui. C’était au Nouveau Casino, il y avait beaucoup de monde et les gens étaient contents. On a passé un bon moment, c’était vraiment un bon concert.
Clément : Vous aviez le sentiment que les gens à Paris vous attendez ou qu’ils venaient pour découvrir ?
(le groupe s’interrompt deux minutes pour choisir son plat principal)
Peter : Un peu des deux, en fait. La plupart des gens sont venus nous voir exprès. Mais il y a aussi des gens qui étaient là un peu par hasard, parce que des amis les ont emmenés. Mais je pense qu’ils nous attendaient en fait.
Alan : Donc vous avez une base de fans en France ?
Peter : Oui, je dirais que oui.

Alan : Parlons maintenant de la création de votre deuxième album, Where Is The Light. En général on dit que le deuxième est toujours plus difficile parce qu’on essaye de faire des choses différentes. Comment ça c’est passé pour vous ?
Henrik (batterie) : On pensait que ça allait être difficile aussi mais en fait c’était très simple, très naturel. On savait ce qu’on voulait faire de cet album par rapport au dernier, et comment on voulait le faire. On a mis en place des sortes de « règles » pour le faire. Le processus d’écriture a pris deux à trois semaines et la production a pris un an. C’était vraiment très rapide.
Alan : Vous aviez donc une idée précise de ce que vous vouliez faire ?
Henrik : Oui et comme on avait fait déjà pas mal de tournées, on se connaissait déjà bien, on vient tous de ce milieu. On savait ce qu’on voulait faire et comment y arriver.

Alan : Et ce n’est pas trop dur de travailler ensemble et d’avoir des idées différentes de producteurs ? (avant de former le groupe, chacun a travaillé en tant que producteur ou compositeur pour de grands noms comme Madonna, Britney Spears ou Peter Björn & John, NDLR)
Henrik : Ça pourrait l’être car on est quatre personnalités fortes. On a passé tellement de temps ensemble sur les tournées qu’on sait quand s’imposer ou battre en retrait. C’était très dynamique. Pas d’œil au beurre noir, le groupe ne s’est pas séparé, ça a été (rires)

Clément : On a lu que vous avez fait quinze chansons en une semaine, est-ce que le 3e album est déjà prêt ?
Peter : On voudrait bien, mais ce n’est pas le cas (rires).
Alan : Vous y pensez déjà ?
Peter : Non.
Henrik : En fait, la vie d’un groupe c’est comme différents costumes à enfiler. En ce moment, c’est celui du live. Écrire et jouer sont deux choses complètement différentes. Il était très important pour nous d’être dans un environnement qui nous réussissait, et que tout le monde connaissait. Pour composer cet album, nous sommes allés dans des cabanes dans les forêts suédoises qui sont très denses, pour nous isoler. Il n’y avait même pas l’eau chaude, on se lavait dans un lac, on voulait être dans un cadre qui sortait de l’ordinaire pour créer quelque chose d’extraordinaire ! Aujourd’hui, on est vraiment dans l’expérience du live des Amplifetes. Donc pour le troisième album, on verra mais on n’y est pas encore. Et pour chaque album on essaye d’évoluer, de se surprendre avec un nouveau son, une nouvelle technique de production, une nouvelle façon d’écrire… Ça demande beaucoup de réflexion et c’est un processus qui demande du temps.

Le groupe profite de cette fin de réponse pour demander de la moutarde…

Alan : La pochette de votre premier album était assez simple, on y voyait un symbole. Sur la deuxième, on peut voir tout un univers travaillé. L’artwork est important pour vous ? Comment ça s’est passé pour Where Is The Light ?
Henrik : Il s’agit de deux approches complètement différentes. L’une a coûté très cher et l’autre moins, mais toutes les deux étaient très techniques, et nous avons passé beaucoup de temps sur les deux de différentes façons. Le premier album a été fait par un de nos amis à Stockholm. On a testé une dizaine de symboles et on n’arrivait pas à trouver celui qu’il fallait. On a fini par trouver le symbole, il était comme personnalisé, un peu comme un logo, et le style était très bon et classique.
Peter : Mais en France en fait, vous n’avez pas eu la même pochette, l’original qui était fabriquée dans une autre matière. (Le groupe réfléchit ensemble pour essayer de se souvenir des différences de la pochette livrée en France). C’était les mêmes couleurs mais pas les mêmes textures.
Henrik : Oui voilà. Mais pour celui-ci, on a fait appel à Storm Thorgerson qui a un CV impressionnant (il est notamment à l’origine des visuels de Pink Floyd, Led Zeppelin ou encore Muse, NDLR). Ce mec peut sortir une image avec 600 lits sur une plage ou dans le ciel : quand on la regarde, on croit que c’est fait avec Photoshop, alors qu’en fait non ! C’est son style. On l’a contacté et on s’est d’abord échangé des mails pour expliquer notre idée, comment procéder. Il nous a rejoints après quelques mois, on a beaucoup discuté et finalement il a trouvé son concept très vite.

Alan : Il vous a montré plusieurs projets ?
Henrik : Oui, environ trois ou quatre idées, on en a discuté avec le groupe et on s’est arrêté sur celui-là, qui était le bon. Il a pris l’avion pour le désert pour faire le shooting. Personne ne fait ça de nos jours pour l’artwork d’un album. Les maisons de disque pensaient qu’on était fous de dépenser autant. Nous on ne raisonne pas comme ça, on ne pense pas au prix, on le fait et c’est tout.
Peter : C’était tellement cool, c’est une légende ce type. Il est très bon dans ce qu’il fait, il voulait vraiment travailler avec nous. Il ne se contentait pas de nous donner son prix pour une pochette et nous de le payer, il fallait qu’il aime notre musique pour décider de faire ce projet, et ça a pris des mois pour avoir son autorisation. Il voulait vérifier les paroles, sentir la musique, on a même dû se présenter !
Henrik : C’est un homme très analogique.

Alan : Votre clip You/Me/Evolution a beaucoup fait parler. Pouvez-vous expliquer votre démarche ?
Henrik tend le dictaphone à Tommy (claviers) avec un sourire en coin, comme pour lui dire : « C’est ton tour mon pote ! »
Tommy : Ouais… (rires). On a contacté un réalisateur suédois, Mikel Cee Karlsson. On voulait lui apporter la chanson et ce que nous voulions, mais c’est lui qui nous a présenté cette idée et… ça le faisait.

Alan : J’ai vu votre clip interactif, celui de Where Is The Light, (qui est en fait un jeu semblable à Guitar Hero© et disponible ici www.whereisthelight.com, NDLR). Quelle importance ont les images pour vous en général ? C’est quelque chose qui complète votre musique ?
Henrik : On était assez égoïstes, encore une fois. Bien sûr, on aime que les gens apprécient ce qu’on fait et qu’ils remarquent notre investissement, le temps, l’argent, l’amour qu’on y met, ainsi que les petits détails. En fait ce jeu était fini avant qu’on complète l’album. On y a travaillé pendant un an. On savait qu’on voulait ce single comme teaser, on ne voulait pas être payé pour ça, on voulait que les gens puissent le télécharger dans l’App Store pour y jouer. C’était un peu un geste de bonté de notre part pour tous les gens qui nous soutiennent. On se dit pas que ça va impressionner, on se dit que le public va aimer, on voulait juste le faire avec le cœur, ce n’est pas calculé. Mais oui, on a eu pas mal d’attention des médias, surtout aux États-Unis. Personne n’avait vraiment jamais fait ça avant, avec une appli, et sans se faire payer.

Alan : Une question à propos des groupes suédois. Beaucoup d’entre eux jouent à Lille en ce moment et en France en général, comme Peter von Poehl…
Henrik (basse) : Peter von Poehl ?
Alan : C’est intéressant d’apprendre que vous ne le connaissez pas, car il est très célèbre en France. Et Fredrika Stahl ? (on leur montre les noms écrits vu leur regards interrogateurs)
Henrik (batterie) : Jamais entendu parler.
The Hives ?
Henrik : Oui, eux bien sûr, on connaît.
Alan : Les groupes suédois sont un phénomène assez nouveau en France, et on est très content, c’est une nouvelle culture pour nous.
Henrik : C’est un peu comme une vague de groupe suédois ?
Clément : Pas pour The Hives, mais pour les autres, oui.
Henrik (batterie) : C’est très bizarre, car je n’ai jamais entendu parler d’eux.
Henrik (basse) : C’est peut-être le début d’une nouvelle ère. Peut-être qu’ils ont été découverts en France et qu’ils y ont commencé, qu’ils n’ont pas emprunté les chemins classiques : signé sur un label, percer en Suède ; si le succès est là, tourner à l’étranger, en Angleterre…

Lille La Nuit : Quels sont les groupes suédois qui sont très connus en Suède ?
Henrik (batterie) : vous voulez dire ceux qu’on aime ? Euh…
Henrik (basse) : The Hives, ils sont excellents ! Miike Snow, The Knife, Fever Ray…
Henrik (batterie) : Lykke Li
Lille La Nuit : Ah ! Elle est suédoise ? On ne savait pas (rires)
Henrik (basse) : oui oui !... Peter Björn & John.
Peter : Abba ! (rires)

Clément : Une dernière question : quels sont les groupes français que vous aimez bien en ce moment ?
Le groupe : Phoenix, Daft Punk, Breakbot, Jean-Michel Jarre.
Clément : Donc plutôt des groupes aux sonorités électro ?
Henrik (basse) : Oui, Kavinsky est bon. M83, Air. Les classiques.
Henrik (batterie) : C’est marrant, parce qu’ici, Daft Punk et Phoenix sont souvent dénigrés. Mais pour nous, ils sont bons !

Alan : Oui c’est un peu bizarre, chez nous c’est devenu très commercial à cause du matraque radio, télé...
Henrik (batterie) : Mais ces groupes ont quand même une grande influence et sont une source d’inspiration pour nous, ils ont le même âge que nous ou presque, on a un peu la même manière de penser, on n’a pas peur de tenter des choses. Vous avez vu le documentaire sur le nouvel album de Daft Punk ? (“Random Access Memories : The Collaborators ” , cliquez pour la vidéo). C’est exactement comme ça qu’on a fait notre album. On a commencé il y a deux ans dans le même studio que Pink Floyd. Les Daft Punk ne voulaient pas faire un album numérique, ils voulaient de vraies touches humaines, analogiques, pour faire quelque chose d’énorme, avec des gens emblématiques comme Nile Rodgers. On partage la même vision pour notre musique et pour cet album.

Alan : Merci et bon concert. Je peux prendre quelques photos ?
Merci à vous. Bien sûr ! Et bravo pour les questions.
Peter : C’est tout ce que vous aviez ?! (Rires)

NDLR : Storm Thorgerson, qui a conçu la pochette de Where Is The Light, est décédé quelques jours après cette interview, le 18 avril.

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